Artiste et travail

  • Ma responsabilité ? Poursuivre !

    Aeolidia br 1

    Aeolidia - Acrylique sur papier spécial - 21x30 - 2015

     

    Mercredi 2 août 2017

    J’ai reçu hier sur mon site internet un message particulièrement touchant. Un téléspectateur qui m’avait vu le jour-même lors de mon passage au jeu Harry écrivait :

    « Après vous avoir vu dans le programme Harry sur France 3 et en toute curiosité, vous sachant peintre, j'ai voulu découvrir votre art.
    Je l'ai fait avec beaucoup de plaisir, j'adore ce que vous faites, c'est bien autrement, c'est bien différent, c'est bien sans connotation, c'est bien véritable, c'est bien intelligent, c'est bien original, c'est bien venant de quelqu’un qui est riche d'imagination et de plaisirs de l'art, vos copies sont excellentes, vos créations le sont bien plus encore.
    …je pense avec toute humilité, que vous devriez et vous le faites depuis cette année, privilégier votre propre peinture elle est une grande peinture. Merci. »

    Le soir-même, je postais un mail en réponse à ce sympathique internaute, le remerciant de ses éloges. En général, je signe mes messages avec mes coordonnées mail et réseaux sociaux, sans laisser mon téléphone. Sans y avoir prêté attention, j’avais cette fois-ci omis de supprimer le numéro de téléphone de ma signature. Je m'en étais rendu compte plus tard, en rédigeant un nouveau message. Mercredi soir, rentrant d’une longue journée passée à l’extérieur, je reçois l’appel d’un numéro inconnu. Contrairement à mon habitude, je décroche. Mon interlocuteur se présente et je reconnais le nom de l’auteur du message si élogieux auquel j’avais répondu la veille.

    « Vous m’avez laissé votre téléphone, alors j’ai appelé. J’ai d’abord hésité à le faire et puis j’ai senti qu’il était nécessaire pour moi de vous parler, de vous entendre ». Nous avons beaucoup discuté. Très peu de technique et beaucoup à propos de ressentis et de posture.

    « À vous écouter, vous me révélez qui je suis. Vous exprimez des choses que je ressens et dont je n’avais pas encore pris conscience ». Mon interlocuteur est peintre, depuis une quinzaine d’années. Il sait ce qu’est la pulsion créatrice et aussi ce qu’est ne pas avoir envie, ni besoin, de peindre. Il me confie que son père était un excellent aquarelliste. Enfants, avec ses frères et sœurs il s’était essayé à l’exercice difficile de l’aquarelle. « Tu gouaches, mon fils ! » lui disait son père, soulignant ainsi qu’il pensait trop « couleur » et pas assez « lumière ». Il considérait n’être jamais parvenu à pratiquer l'aquarelle de façon satisfaisante. Pour lui, mes aquarelles sur Paris vu de la Seine témoignaient du fait que, contrairement à lui, j’avais compris comment fonctionne cette technique.

    Il était estomaqué de la rapidité avec laquelle j’étais arrivé à faire ma « propre peinture ». Il se considérait jeune dans la pratique avec dix-sept ans d’expérience. Mes cinq petites années représentaient pour lui un trajet fulgurant. Le mot me parlait, évidemment, puisque ma dernière exposition se nommait « Fulgurances ». Lui n’exposait pas malgré les sollicitations de son entourage. Il ne voyait pas l’utilité de le faire dans la mesure où il peignait pour lui, pas pour les autres. Nous avons commencé une discussion sur la question « y-a-t’il artiste s’il n’y a pas public ? ». Je me souviens avoir pensé que cela pourrait représenter un bon sujet de baccalauréat, le prof ajoutant « vous avez quatre heures ! ».

    Mon partenaire de discussion évoqua ensuite l’art vivant, en l’opposant à celui du passé. « Picasso, Cézanne, Van Gogh, Monet sont des maîtres mais ils sont morts. Vous, vous êtes vivant ! » me disait-il. « Ce que vous disiez à la télé de l’art et de votre façon d’être artiste m’a touché et m’a donné envie d’en savoir plus sur vous et sur ce que vous faites. Si l’art est vivant, c’est grâce à des gens comme vous. Pour cela, MERCI ! On parle trop des morts et pas assez des vivants. Vous devriez être davantage exposé et promu ».

    Aïe ! J’oscille entre la gêne d’être mis sur un piédestal et la satisfaction de l’ego. Maintenant, il faut assumer. Je me surprends à m'interpeler : « Tu as choisi la voie artistique, tu es mis en avant par une personne qui a osé prendre son téléphone pour t’appeler sans te connaître et te livrer avec sincérité ce qu'il ressent et qui te concerne… ». Où suis-je maintenant ? Que fais-je là, à discuter avec une personne qui m’encense ? Que puis-je faire de cette expérience ? Ces quarante-cinq minutes passées en sincère compagnie vont m’habiter longtemps et représentent une pierre blanche sur mon chemin. Une pierre lumineuse, visible, qui me dit « Tu es passé par là et ça t’a fait grandir. Maintenant, ta responsabilité est de poursuivre la route ».

  • Alors ? Ça a marché ?

    20170612 151209

    Le sous-sol du "Laboratoire d'exposition" ou se tenait l'expo "Fulgurances", du 12 au 15 juin 2017

     
    Jeudi 15 juin, 21h.
     
    L’expo est décrochée après 4 jours denses.
     
    - Alors, ça a marché ?
     
    Derrière cette question, j’entends souvent « Tu as vendu ? ». Pour l’artiste, « Vendre » n’est pas un gros mot mais il entretient avec lui des rapports pas toujours simples.
     
    D’abord à cause du prix. C’est cher un tableau. Dépenser parfois plusieurs centaines d’euros pour quelques gouttes de peintures réparties sur un morceau de toile avec un outil poilu ou métallique peut-il valoir si cher ? D’autant que l’art ne sert à rien dans notre société matérialiste. Il n’a pas de fonction dans la survie physique, comme peuvent l’avoir une maison, de la nourriture, une voiture, un parapluie ou des chaussures.
     
    Oui mais voilà : l’artiste vient de loin et l’art plus encore. Faire un tableau aura demandé une longue maturation, en tous cas en ce qui me concerne. Il en aura fallu des détours pour permettre aux gestes colorés d’éclore, d’être livrés au monde. Il en aura fallu des rencontres pour donner confiance, enseigner, stimuler, encourager. Il en aura fallu de l’audace pour oser (et) entreprendre. Il en aura fallu de la persévérance pour, inlassablement, apprendre, tenir la tête hors de l’eau, prêcher dans le désert, apprivoiser sa solitude, faire du doute un atout. Et il en faut de la détermination pour accepter de se mettre à nu, d’ôter une à une les carapaces dont on (je !) s’est couvert sans s’en rendre compte pendant des dizaines d’années afin de supporter la violence du monde, la douleur et parfois la souffrance qu’elle engendre.
     
    Et nous voilà, attendant le chaland, souriant, montrant qu’on est heureux d’accueillir le visiteur connu (Clément ! quel plaisir de te voir !) ou inconnu (Bonjour Madame, connaissez-vous la galerie ?). Doit-on l’accompagner pendant sa visite, le laisser découvrir par lui-même l’espace et les œuvres, descendre avec lui au sous-sol lorsqu’il s’y rend, laisser le silence exister au risque de paraître indifférent ou, au contraire, entamer la conversation au risque de gêner le visiteur dans sa découverte ?
     
    Un spectateur m’a dit que ma fiche artiste, présentant en quelques mots qui je suis, n’avait pas sa place placardée à côté d’un des tableaux (« le visiteur s’en fout, c’est l’œuvre qu’il vient voir ! »). Le lendemain, un autre m’a dit que la même fiche l’avait éclairé dans son accès à l’œuvre.
     
    Un collectionneur m’a dit son manque d’intérêt pour cette exposition (« vous n’apportez rien à l’histoire de l’art ! »), quand un amateur d’art m’a confié sa satisfaction d’être venu sur les conseils d’une connaissance (« je ne regrette pas d’être venu ! Ce que vous faites est puissant. Poursuivez ! »).
     
    Une exposition est un lieu atypique où sont présentés des objets inutiles que certains ne trouveront pas chers et d’autres hors de prix, qui peut se transformer d’un moment à l’autre en lieu de rencontre, endroit où l’on peut boire un verre, cabinet de psy, salon de philosophie, réunion familiale, espace de solitude et d’autres encore. Finalement, une expo est un formidable lieu d’observation de notre société pour l’artiste, où l’on peut voir ou entendre tout et son contraire sans que rien ne soit ni juste, ni faux.
     
    A-t-elle « marché » ? Si l’artiste répond « non », c’est qu’il en attendait quelque chose qui ne s’est pas produit : des visiteurs, des ventes, des articles dans la presse… S’il est bien dans son rôle d’artiste, dans sa peau d’artiste, la réponse ne peut être que « oui » : qu’il ait eu des ventes ou non, des visiteurs ou non, des retombées ou non, il en retire de la matière pour enrichir son expérience. À elle ou lui d’en faire ou non quelque chose pour transformer cette expérience en enseignement au service de la création.
     
    « Fulgurances » a-t-elle marché ? YES !

  • Transformer l'obstacle

    Je ne sais pas"Je ne sais pas" - Acrylique sur carton toilé - 70x50 - 2017

     

    « Créer, c’est transformer l’obstacle en création ». Cette phrase est récurrente dans les discussions que nous tenons avec Olivier Wahl et mes collègues artistes du Groupement Intensité, auquel je me suis affilié voici presque un an.

    Artips, plateforme qui diffuse 3 fois par semaine un billet retraçant une anecdote à propos de l’art, illustre parfaitement ce propos avec sa publication du jour. Elle évoque l’artiste Sophie Calle et son exposition « Prenez soin de vous », née en 2007.

    Un jour de 2004, Sophie reçoit de son compagnon du moment un e-mail de rupture se terminant par les mots « Prenez soin de vous ».  Emplie de tristesse, elle ne se laisse cependant pas envahir par l’émotion et prend la posture d’observatrice de la situation, considérant la lettre comme si elle n’en était pas la destinataire.

    Elle sollicite alors 107 femmes, choisies en fonction de leur métier, en leur demandant de parler pour elle en portant un regard professionnel sur ce mail. Comment l’analysent-elles ? Quels sont leurs commentaires de danseuse, journaliste, diplomate, sexologue, avocate, joueuse d’échec et représentantes de bien d’autres métiers ? Une marionnette et une poupée de bunraku (théâtre japonais) et un oiseau psittacidé ont même leur mot à dire.

    Le résultat sera présenté sous forme d’une exposition à la 52ème biennale d’art contemporain qui a lieu à Venise en 2007. Y sont mis en scène des textes, photos et vidéos présentant les interprétations reçues par Sophie Calle.

    Quel plus bel exemple peut-on trouver de transformation de l’obstacle en création ? Le résultat est produit sous un format artistique, mais cela n’est-il pas transposable dans notre vie quotidienne ? Lorsque quelque chose nous bloque, nous empêche d’avancer, plutôt que de s’apitoyer sur notre sort ou adopter une posture de résistance, comment peut-on le transformer en création, que ce soit en tant qu’entrepreneur ou artiste mais aussi en tant que parent, conjoint, collaborateur, voisin ou tout autre statut que l'on prend au quotidien ?

  • Le devenir n'existe pas !

    Clement1988 photo cavanagh ciric

    Olivier Clément (1921-2009) - Ecrivain, poète, théologien (photo cavanagh ciric - 1988)

     

    Mon père fait du rangement et parfois des trouvailles. La dernière m'a ramené quarante-cinq ans en arrière. J'étais alors étudiant dans un lycée parisien.

    L'histoire-géo était une matière jugée mineure dans le cursus scientifique que je suivais à l'époque. En classe de seconde, le prof se faisait régulièrement chahuter et il lui était parfois impossible d'assurer correctement son cours. J'assistais au spectacle, d'un côté amusé de l'audace de mes camarades et de l'autre désolé de voir un professeur respectable subir l'effronterie d'un groupe d'excités.

    L'année suivante, en première, c'était bien différent. Le professeur d'histoire-géo, Olivier Clément, avait une autorité naturelle. Quand il parlait, on écoutait. Il avait l'élocution d'un conférencier, verbe choisi, accessible au public. Il parlait clair, d'un ton doctoral que son érudition autorisait aux yeux des adolescents en quête de repères que nous étions. Il restait campé derrière le bureau, juché sur une estrade. Il quittait cet ilôt lors des contrôles, parcourant les allées, silencieux, menton levé, mains jointes dans le dos. Il y avait dans sa posture une certaine noblesse mais aussi les signes du respect et de la bienveillance... en un mot : de l'humanité.

    Découverte au fond d'un tiroir, une feuille A4 dactylographiée et signée de mon ancien professeur se trouve entre les mains de mon père. Il me la tend, pensant que sa lecture pourrait m'intéresser. Je lis les premiers mots : "Dans la démarche de l'artiste...". Oui ! Ça m'intéresse ! Je lis la suite avec avidité :

    "Dans la démarche de l'artiste, dans la démarche de tout homme qui s'arrache au somnambulisme du quotidien, il y a recherche, creusement, interrogation. Ou, plus simplement, et d'un mot qui résume tout, éveil...

    Les vieux ascètes disaient que le plus grand des péchés est l'oubli : devenir opaque, insensible, tantôt affairé, tantôt pauvrement sensuel, incapable de s'arrêter un instant dans le silence, de s'étonner, de chanceler devant l'abîme, qu'il soit d'horreur ou de jubilation. Incapable d'aimer, d'admirer, de se révolter, incapable d'accueillir les êtres et les choses, insensible aux sollicitations secrètes.

    L'art ici nous éveille. Il nous approfondit dans l'existence, il fait de nous des hommes et non des machines. Il rend nos joies solaires et nos blessures saignantes.

    Il nous ouvre à l'angoisse et à l'émerveillement... émerveillement qui se fait parfois gratitude d'être" (*).

    J'aime la fulgurance de ce retour en arrière. Elle a quelque chose à voir avec ma façon de peindre. Je perçois aujourd'hui le privilège d'avoir croisé l'homme qui a écrit ces phrases en lien direct avec ce que je vis depuis quelques mois. À leur lecture, je retrouve avec tendresse des années de souffrance scolaire, écrasé par le poids d'un avenir que je devais assurer et d'un devenir que je devais résussir. J'ai gardé, jusque récemment, cette épée de Damoclès au dessus de ma tête.

    Olivier Wahl, artiste et écrivain avec lequel je m'entretiens régulièrement à propos de l'art et de l'artiste, a donné un jour une définition de l'art qui m'a marquée : "L'art, c'est ce qui donne l'image de ce que c'est qu'être humain". Cette vision, partagée avec Olivier Clément, rend plus légère mon existence. Elle m'apaise dans la mesure où je sens que ma quête d'art passe par l'éveil, ancré dans le réel et dans la conscience du moment présent. Je perçois ainsi la bonne nouvelle : ce devenir qui m'angoissait n'existe pas, puisqu'il change à chaque instant !

     

    (*) Phrases extraites d'un texte constitué en préface au catalogue d'icônes de l'exposition "Les arrhes du Royaume" (Atelier Gustave, Paris 2007).

  • The Voice & The Paint - saison 6

     

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    Défi d'Artistes - Echo 3 - Acrylique sur toile - 100x30 - 2017

    L'année dernière à la même époque, je publiais un article intitulé "The Paint - saison 5".

    J'y faisais un parallèle entre mon parcours d'artiste et ce que je ressentais depuis 2012 en regardant l'émission "The Voice", télécrochet annuel destiné à révéler les talents de chanteurs émergents. Sa particularité est que la sélection des candidats se fait à l'aveugle, les coaches tournant le dos aux candidats et ne jugeant ainsi que la voix.

    L'arrivée de la saison 6 sonne l'heure de ce rendez-vous qui, chaque année, me fait ressentir des émotions identiques mais des sensations différentes. Parce que ni moi, ni les Voix qui se présentent, ni les coaches ne sommes les mêmes. Il n'y a pas de routine qui s'installe et qui fait que cette année ou cette saison ressemble aux précédentes.

    Que s'est-il passé pour moi depuis mon article et comment réagit le Denis d'aujourd'hui face à cette nouvelle saison de "The Voice" ?

    Je terminais mon précédent article (The Paint - saison 5) en confiant préparer un objectif ambitieux. Il s'agissait de présenter ma candidature pour exposer aux Salons MacParis et Réalités Nouvelles 2016. Fin du suspense : mon dossier n'a été retenu ni pour l'un, ni pour l'autre. Je pensais que la concurrence était la principale (la seule ?) raison de ce refus. J'ai pris conscience qu'un autre critère entre en compte : la durée. Avant d'accueillir un jeune artiste, l'organisation d'évènements aussi sollicités veut probablement s'assurer qu'il "tient la route", surtout si cette jeunesse vient au moment où l'âge dudit artiste frôle celui de la retraite. Ne s'agit-il pas d'une lubie de senior qui cherche à occuper ses mains et son cerveau ?

    Les coaches de "The Voice" ont la la même préoccupation : sélectionner des voix qui dureront et qui, derrière une faille ou une imperfection, cachent un potentiel à développer, un mystère à découvrir, un diamant à façonner pour lui donner l'éclat qu'il mérite.

    Une voix parfaite ou déjà entendue ne les intéresse pas. Pendant les auditions à l'aveugle, ils cherchent un étonnement, un trouble qui leur donne envie d'en savoir plus. La qualité des prestations est désormais si élevée qu'il est rare qu'aucun fauteuil rouge ne se retourne. Qu'en est-il pour moi, jeune peintre qui se présente aux portes du marché de l'art, tentant de faire v(al)oir ce que je fais auprès d'un public qui peine à s'élargir ?

    Au début, ils chantaient dans leur chambre et je peignais dans ma salle à manger. Nos parents et amis sont devenus nos premiers spectateurs et nous ont encouragés à poursuivre. Nous avons ensuite tenté de nous rendre crédible pour percer au delà de ce cercle indispensable et bienveillant. Les fidèles sont restés inconditionnels et présents. Beaucoup d'autres spectateurs enthousiastes de la première heure ne se manifestent plus, l'attrait de la nouveauté ayant disparu. La durée de ce parcours vite exprimé se compte le plus souvent en années. C'est ce que l'on entend du récit que font la plupart des candidats lorsque, sélectionnés, ils disent qui ils sont et pourquoi ils sont là.

    "Ce que vous faites a déjà été vu cent fois !" Cette sentence, entendue récemment à propos de ma peinture, est sans appel. Pourtant rien n'est copié, tout est sincère et authentique. Lorsque j'ai produit mon premier "Geste coloré", je n'avais aucune idée de ce qu'était l'art abstrait ! Georges Matthieu et l'Abstraction Lyrique m'étaient totalement étrangers. J'ai probablement eu la même pulsion libératrice que ces artistes qui ont voulu dans les années 50 s'affranchir des codes et contraintes imposés pendant le second conflit mondial. Ce que je fais n'est pas nouveau. Si je veux être remarqué, je dois proposer autre chose que ma peinture. Ma prestation doit être en phase avec cette fameuse surprise attendue par les coaches.

    Je prends conscience, en écrivant ces lignes, que les années précédentes j'essayais de comprendre ce qui provoquait chez les coaches l'envie de se retourner. Au fil des émissions et des saisons, j'ai perçu ce qui les faisait ou non réagir. Avec cette sixième édition, je me sens davantage sur scène et non dans le fauteuil plus confortable et moins risqué de juge.

    La question n'est plus "ce que je présente va-t-il susciter l'étonnement ?" mais plutôt "qui suis-je pour les juges ? Qui vais-je présenter d'unique,  d'authentique et qui les touche ?". Les candidats, le plus souvent âgés de 16 à 40 ans, ont chacun une histoire. Ils sont sur scène parce qu'ils sentent que c'est leur place dans ce monde. Ils n'ont qu'une chance d'être sélectionnés : être eux-même, que leur voix parle d'eux, qu'elle donne des indices sur qui ils sont, qu'elle révèle des failles et des imperfections dans lesquelles les coaches et le public pourront trouver de l'humain. La perfection engendre l'admiration et la fascination... mais pas l'émotion. Et l'Art, comme la vie, est en relation intime et permanente avec l'émotion.

    Où est mon terrain, où est la scène sur laquelle j'ai une place évidente ? Y fais-je de la peinture, de l'écriture ou autre chose ? Une émission télévisée surmédiatisée et bien orchestrée peut divertir... mais aussi amener à des questions existencielles !

  • Le luxe de l'insouciance

    Diamant mandarin

    Diamant mandarin - gouache sur papier - janvier 2011

    « Apprendre à observer et maîtriser les techniques de manière à pouvoir entamer dans de bonnes conditions une recherche personnelle créative et pertinente. Savoir utiliser la technique comme un outil au service de sa sensibilité et de sa créativité et non comme une finalité ». Tel est l’objectif précisé dans la Convention de Formation Professionnelle intitulée « Formation dessin, graphisme et couleur, peinture acrylique » que j’ai signée dans le cadre de mon DIF. Même s’il s’agit d’une formation « professionnelle » (DIF oblige), il n’est pas question pour moi de la transformer en projet professionnel.

    Je débute le 13 septembre, à la fréquence d’une séance hebdomadaire de trois heures, le lundi après-midi. Je retrouve dans l’organisation proposée par l’atelier ce que j’avais apprécié lors des séances de peinture vécues en entreprise : Delphine accompagne ses élèves à leur rythme. Pas d’objectif à réaliser, pas de validation d’acquis. Les étapes sont définies en fonction des progrès, des sensations et des envies. Cette situation est nouvelle pour moi. Jusqu’ici, j’ai toujours mis dans ce que j’ai entrepris un objectif à atteindre ou un résultat à obtenir.

    Quand j’étais Scout, dans les années 60-70, le diplôme avait la forme des badges et insignes qui font la fierté du Louveteau qui les a obtenus, par son habileté et son courage, et l’admiration de celui qui n’a pas encore fait sa Promesse. J’avais pu en glaner quelques-uns mais mon rêve était qu’ils recouvrent la manche gauche de mon pull marine, comme c’était le cas pour ceux que je considérais comme des « costauds ».

    À la même époque, j’avais fait du judo, sans grande motivation. Ce sport était censé développer la force et la maîtrise de soi. J’y voyais surtout la possibilité d’apprendre à me défendre. Pour ce faire, il fallait être mis en situation, c’est-à-dire… se faire attaquer, ce que je redoutais. Chuter, faire chuter, ce n’était pas ma tasse de thé. Et puis je n’aimais pas l’odeur du tatami sur lequel j’avais trop souvent le nez collé. Pourtant je m’efforçais de le faire correctement pour obtenir, avec fierté mais sans conviction, les ceintures jaunes, oranges puis vertes. Plus on grimpait dans l’échelle des ceintures, plus les combats étaient rudes et les affrontements pénibles.

    En 1970, je me suis essayé au sport d’équipe avec le hand-ball. Un copain de lycée, François B.,  m’avait proposé de le rejoindre dans son club. Il faisait figure de rebelle dans la classe, n’ayant peur de rien et surtout pas de l’autorité. Il jouait de la clarinette et sa mère était directrice de casting dans une agence de pub, ce qui m’avait permis de faire un essai devant la caméra pour une pub qui n’a jamais vu le jour. Sur une photo du tournage, je me souviens regarder François avec un air complice, chacun de nous ayant un gros cigare à la main. Le côtoyer c’était créer la possibilité du transgressif et de l’interdit. Faire du hand-ball avec lui c’était entrer dans son cercle et prendre une part de cette rébellion qui me fascinait. Sur le terrain, François était un avant-centre perceur de défense, et moi je n’ai jamais marqué un but. Sans cette consécration, je n’existais pas. Lors des matches, j’étais plus souvent sur le banc que sur le terrain. Mon engagement n’a duré qu’une saison et j’ai considéré que les sports collectifs n’étaient pas faits pour moi.

    Je suis arrivé à l’escalade deux ans plus tard, à seize ans, en répondant à la sollicitation d’un camarade qui m’avait proposé de rejoindre en vélo la maison familiale dans les Alpes. Nous nous sommes entraînés dans la forêt de Fontainebleau où il pratiquait régulièrement la varappe. J’ai été convaincu par cet exercice entre terre et ciel, défi lancé à la gravité. En escalade, les difficultés sont évaluées au moyen d’une cotation qui va de F (facile) à ABO (abominable). En gravir les échelons était un but et, même si rien ne m’obligeait à le faire, je mettais toujours la barre plus haut, la sanction de la chute me permettant d’évaluer si j’étais ou non au niveau.

    En pratiquant ces activités, il y avait toujours pour moi un objectif précis. Si je n’y arrivais pas, si je ne décrochais pas le Graal, je n’étais pas bon, pas à la hauteur. Aujourd’hui, j’ai peu de repères avec la peinture et le dessin. Ma seule motivation est d’apprendre. Quarante années sont passées et j’ai moins besoin qu’autrefois de prouver aux autres que « je suis capable ». Tout se passe entre moi et moi. Plus de chef de patrouille à qui obéir, plus de prof de sport qui sanctionne, plus d’entraîneur qui sélectionne. C’est jouissif de pouvoir arriver aller en cours sans devoir justifier d’un travail accompli. Le travail n’est pas un problème mais, pour la première fois de ma vie, je me sens libre de faire ou de ne pas faire. Avec cette formation, je découvre le luxe de l’insouciance. C’est bon la légèreté !

    Le lundi 13 septembre 2010, jour de mon premier cours, je me sens comme un premier jour d’école : un peu d’administratif, une liste de matériel à acheter et une entrée en matière ludique. J’entre dans le vif du sujet avec une nature morte à dessiner au crayon noir. Rapidement, je passe du ludique au problématique. Je n’arrive pas à reproduire avec précision ce que je vois. Dire que le dessin est imprécis est un euphémisme. Delphine a l’œil aiguisé pour repérer quand un élève est en difficulté. Mais, en bon professeur et en pratiquante assidue du croquis, elle sait que sans se trouver confronté aux problèmes de la perspective et des proportions, de la lumière et de l’ombre, du choix de l’outil et du support adéquats, l’élève n’a aucune chance de parvenir à l’autonomie et l’enseignement du professeur de s’ancrer sur du vécu.

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    Beauté colorée – pastel - mars 2011

     

    Toujours bienveillante, jamais complaisante. Ces qualificatifs traduisent la façon dont je vis l’accompagnement de Delphine. Nous ne restons pas plus de deux ou trois séances sur un media : après le crayon à mine de graphite et les natures mortes simples (un pot, une cruche, un fruit), je travaille l’encre de chine avec des outils divers (pinceau, plume, bambou taillé ou calame) pour des modèles plus complexes (batteur à œufs, mini cactus et « Chucky », l’ours en peluche). Les 3 heures passées en atelier ne rassasient pas mon envie d’apprendre, à moins que ce ne soit mon besoin de réussir. Les outils, comme les modèles, sont simples, facilement transportables. Tout objet devient matière à dessin, prétexte à dessiner : à la maison, ce sont la table à repasser, la souris de mon ordinateur, un téléphone portable et les verres.

     J’aime tracer l’ovale de la partie supérieure d’un verre. Je trouve ce mouvement agréable à faire. Je détecte en écrivant ces lignes que si l’ovale me plaît c’est parce qu’il supporte l’imprécision. Un rond, s’il n’est pas parfait, n’en est plus un. Une ligne droite ne mérite pas ce qualificatif si elle n’est absolument rectiligne. Dans ces deux exemples, la moindre imperfection se sent si elle ne se voit pas. Avec l’ovale, je trouve que c’est supportable. Ça permet de travailler avec moins de pression. Dessiner des verres à eau, des verres à pied, des bouteilles est un de mes défis favoris.

    Après l’exploration du crayon noir et de l’encre, je termine le dernier trimestre 2010 avec de la couleur : les crayons, puis le pastel et, enfin, la peinture avec la gouache. Aux natures mortes viennent s’ajouter les portraits et les animaux. Je travaille aussi les drapés.

    Chaque séance est l’opportunité d’un challenge dans lequel je m’investis à fond, en quête de l’approbation de Delphine, toujours encourageante, distillant des conseils pertinents au moment opportun.

    Je garde de cette période septembre-décembre 2010 un souvenir joyeux. Ma préoccupation de trouver une activité professionnelle reste présente mais passe au second plan. Le présent est occupé à mettre en pratique les enseignements reçus à l’atelier. Qu’il fasse beau, qu’il pleuve ou qu’il vente, je savoure sur mon vélo les 15 kilomètres que je parcours chaque semaine pour rejoindre Chelles d’où je repars à chaque fois avec la satisfaction d’avoir appris quelque chose de nouveau et qui renforce ma confiance en ma capacité d’avancer.

    Rien n’est simple mais j’ai le goût de l’effort, alors tout va bien ! Je jouis de ma situation comme je n’ai pas le souvenir de l’avoir déjà vécu.

  • Le jour du déclic

    Lundi 30 août 2010. Je suis en congés depuis… 3 mois. Nous sommes en fin d’été et, ce matin, je n’ai pas repris le travail comme ce fut le cas ces 32 dernières années. Et pour cause : c’est aujourd’hui le dernier jour de mon préavis de licenciement.

    Je suis inclus dans ce que l’on appelle un PSE : Plan de Sauvegarde de l’Emploi, ce qui signifie paradoxalement que je perds le mien. L’environnement économique dans lequel évolue l’entreprise qui m’employait a imposé la suppression de plusieurs centaines de postes. Jusqu’ici, j’ai traversé sept PSE et c’est le troisième dans lequel mon poste est supprimé. Par deux fois, j’avais pu me repositionner dans l’entreprise à un poste qui correspondait à ce que je savais et voulais faire.
     
    Là, c’est différent. Mon poste est une nouvelle fois supprimé mais il n’y a pas dans le nouvel organigramme de place qui corresponde à mes compétences. Au sein de la Division des Ventes, j’étais depuis 25 ans un « homme de l’ombre », de ceux qui sont là pour mettre de l’huile dans les rouages, qui font tout pour que ce qui est indispensable et qui paraît techniquement impossible trouve une solution. Je suis un généraliste, qui connaît les rouages de l’entreprise, qui sait toujours trouver la bonne personne au bon moment et qui a pris avec lui une rallonge électrique ou un couteau suisse quand personne n’avait imaginé en avoir besoin.
     
    Un de mes patrons, à qui j’avais posé la question « comment me vois-tu dans l’entreprise ? », avait répondu « comme un problem solver ». Et ce monde qui fonctionne à court terme n’a plus besoin de ces profils qui créent du lien dans l’entreprise. Chacun sa spécialité, sa mission et ses responsabilités. Le lien informatique fera le reste.
     
    La pré-retraite représente pour beaucoup une fabuleuse opportunité donnant à celui qui y a droit la possibilité d’être payé (par l’entreprise) jusqu’à la retraite sans avoir à y travailler. Il me manque 45 jours pour y avoir accès. Le commentaire que j’entends le plus souvent est que je devrais faire un procès à mes parents pour ne pas m’avoir conçu sept semaines plus tôt. Je sais depuis plusieurs mois que je ne peux y prétendre et ça ne sert à rien de s’apitoyer sur mon sort, même si ceux à qui je le dis paraissent désolés pour moi.
     
    Mes vingt-cinq ans d’ancienneté me permettent de partir dans des conditions financières acceptables. J’ai fait mes comptes et finalement décidé de partir de l’entreprise, sans projet particulier, vers un inconnu que je suis convaincu d’apprivoiser en quelques semaines ou, au pire, quelques mois.
     
    Depuis mon départ physique de l’entreprise, trois mois plus tôt, j’ai exploré plusieurs pistes de reconversion qui se sont toutes terminées en impasse. La première m’a été procurée par la rencontre improbable d’un ancien collègue perdu de vue depuis 10 ans et devenu chef d’entreprise. Il entrait dans un restaurant lyonnais où j’étais en train de faire connaissance pour la première fois avec un « tablier de sapeur ». Lorsque j’ai évoqué ma situation, il m’a aussitôt proposé une mission dans un domaine que j’affectionne (la remise en ordre d’un système d’information). Mes premiers pas de consultant m’ont très vite fait ressentir que je ne voulais plus remettre les pieds dans un lieu que j’avais décidé de quitter : l’entreprise broyeuse et anxiogène qui veut colmater des plaies béantes avec du sparadrap.
     
    J’ai étudié d’autres pistes qui demandaient une formation diplômante : gestionnaire de patrimoine, naturopathe, conseiller en prévention des risques psychosociaux… Mais à 54 ans, je n’ai pas eu la force de reprendre des études.
     
    Dans ma recherche, je suis accompagné par une société dont la mission est de m’aider à définir un projet. Après une demi-douzaine de pistes explorées sans succès, je suis une fois encore revenu au point de départ. Je vis cette situation avec difficulté. Mes envies sont éteintes, mon avenir est inexistant. Je ne suis pas dos au mur ; je suis face à lui, incapable de me projeter.
     
    Je me replonge dans mon dossier de licenciement pour voir où j’en suis concernant mes Droits Individuels Formation (DIF). Accumulés au cours de mes années de travail, ces droits me permettent de mettre en œuvre un projet de formation. STUPEUR ! Je constate que j’ai jusqu’à la fin de mon préavis, c’est à dire demain, pour les faire valoir en présentant un dossier recevable à mon entreprise, faute de quoi ces droits seront perdus.
     
    Au milieu du marasme et de mon manque d’envie je dois absolument trouver une formation motivante pour moi et acceptable par l’entreprise : apprendre un langage de programmation ou comment construire un site internet ? Je cherche, trouve, lis et me désespère. Si j’avais été motivé par ces sujets, je les aurais explorés depuis longtemps…
     
    Soudain une étincelle : et si j’apprenais à peindre ? Deux ans plus tôt, en 2008, j’avais été époustouflé par une exposition des peintures réalisées par les élèves du cours subventionné par le Comité d’Entreprise. « Les barques » de Van Gogh côtoyaient « La jeune fille à la perle » de Vermeer et « La pie » de Monet.
     
    J’avais intégré cet atelier de deux heures hebdomadaires se tenant dans une salle de réunion où nous étions 6 ou 7 à tenter de reproduire des toiles de maîtres. Chacun à notre rythme, nous étions accompagnés par un artiste passionné qui, avant de jeter ses élèves dans le grand bain de la copie, leur faisaient travailler les ombres à partir du dessin d’une pomme.
     
    Barbouillage galactique 1Il m’avait fait acheter quelques tubes de peinture à l’huile et m’avait fait « patouiller » avec une spatule à partir de noisettes de couleurs posées sur une feuille de papier à dessin noir. Les gestes que j’avais faits faisaient se mélanger les couleurs pour en créer de nouvelles avec des dégradés que je trouvais superbes. J’avais été marqué par cette expérience et étonné de l’émotion positive qu’elle avait provoquée.
     
    Pour moi, ce n’était pas ça, peindre. Il ne s’agissait que d’un exercice qui me permettrait, je l’espérais, d’atteindre le Graal : copier les maîtres pour disposer, à la maison, de chefs-d’œuvres que je pourrais admirer et montrer à loisirs, fier de pouvoir dire « c’est moi qui l’ai fait ! ». C’était un défi dont je me sentais incapable pour l’heure. Mais n’est-ce pas cela l’essence du défi ?
     

    "Barbouillage galactique" ou l'art du patouillage

     
    Armand roulin copie
     
     
     
     
     
    Dans les semaines qui ont suivi, j’ai copié une première toile (« Portrait d’Armand Roulin » (Le fils du facteur) de Van Gogh). La copie était approximative mais j’étais fier du résultat auquel j’étais parvenu.

     

     

     
     
     
    "Portrait d'Armand Roulin" - Huile sur toile - 61x50 - d'après Van Gogh
     
     
     
     
     
    Persistance de la memoire copie
     
     
     
    La seconde fut « Persistance de la mémoire » de Dali, demandée par mon fils. Je suivais avec application les indications du professeur, tel l’apprenti cycliste qui dispose de roulettes stabilisatrices.
     
     
     
     
    "Persistance de la mémoire" - Huile sur toile - d'après Dali
     
     
     
     
     
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    Lorsque j’ai commencé la troisième (« La liseuse » de Fragonard, commandée par mon épouse), les cours se sont arrêtés, le Comité d’Entreprise ne souhaitant plus subventionner une activité jugée trop élitiste compte tenu du faible nombre de personnes bénéficiaires.
     
    Je me suis retrouvé avec ma « Liseuse » à peine commencée, incapable de poursuivre seul la réalisation de ma copie. L’envie d’y parvenir me torturait mais j’avais trop peur d’abîmer ce qui avait déjà été fait. J’ai mis mon rêve sous un oreiller, préférant les regrets de ne pas poursuivre aux remords d’avoir gâché.
     
     
    "La liseuse" en friche, d'après Fragonard
     
     
     
    Mais revenons-en à ce 30 août et à l’étincelle qui vient d’apparaître dans le néant lugubre de l’avenir tel que je le vois. Et si j’utilisais mon DIF pour apprendre à peindre ? Il est 14h et je me sens comme un mineur au fond de sa galerie. Il sait qu’un filon se trouve à proximité et sent en même temps l’imminence d’un coup de grisou. Il faut faire vite. La dernière possibilité pour présenter mon dossier est demain matin. J’ai l’après-midi pour trouver comment et où apprendre à peindre. Avec concentration et détermination, je cherche sur internet des ateliers d’arts plastiques susceptibles de m’accueillir.
     
    Les premiers ateliers contactés ne savent pas ce qu’est un dossier DIF dont les contraintes administratives demandent une certaine organisation. J’étends donc la recherche et trouve l’Atelier de la Salamandre, à Chelles, qui est administrativement au point pour monter un dossier DIF. Par chance, Delphine, sa propriétaire et animatrice, reprend aujourd’hui et peut me communiquer dans les deux heures une proposition pour cent heures de formation à la découverte des techniques d’arts plastiques.
     
    Je contacte la conseillère chargée de m’accompagner dans mon reclassement et de présenter mon dossier DIF. Elle est enthousiaste et le portera demain à mon entreprise. Ouf ! Pour la première fois depuis mon départ, j’envisage un projet avec légèreté. Je suis optimiste sur la validation de mon projet. Le lendemain, mon dossier est accepté et je prendrai mon premier cours dans deux jours. L’aventure artistique commence.
     

  • Défi d'artiste - L'expo

    Defi d artistes hesitations

    Défi d'artistes : Hésitations - Acrylique sur toile - 100x50 - 2017

    Nos 3 jours de création furent immédiatement suivis de 3 jours d'exposition présentant les œuvres produites les trois premiers jours.

    Exposer à 7 dans un espace investi en général par 2 ou 3 artistes est un exercice délicat. Chacun doit trouver sa place sans qu'un autre y trouve à redire. Dans cet exercice potentiellement périlleux, Olivier, maître des lieux et grand ordonnateur de l'évènement, est garant de l'harmonie de son déroulement. Il est indispensable que chaque artiste se sente traité équitablement. Pour autant, il ne s'agit pas pour un artiste de s'effacer au profit d'un autre sous prétexte d'équité, que ce soit par gentillesse ou par faiblesse. Il ne doit pas penser "ensemble" ni accepter d'emblée un emplacement qui ne lui convient pas sous prétexte de ne "pas faire de vagues".

    L'équilibre fut rendu possible par la rigueur bienveillante d'Olivier et la volonté de chaque artiste de parvenir dans un temps imparti à un résultat acceptable pour tous. Chacun a ainsi trouvé son espace. Le style de chaque artiste est particulier mais le choix des créations et leur accrochage donnaient une réjouissante impression de fluidité au regard.

    Une expo n'est pas une simple collection d'œuvres exposées au public. Il doit s'en dégager quelque chose en tout moment et tout lieu : de l'extérieur, à l'entrée de la galerie et quelque soit l'endroit où l'on s'y trouve. La première erreur est de surcharger l'espace. Les œuvres s'étouffent alors les unes les autres. Il se dégage d'une toile ou d'une sculpture une force, une puissance relative qui la rend fréquentable ou non par d'autres créations. À ne pas recpecter la bonne distance, on crée une cacophonie visuelle ou sensorielle qui ne doit exister que si elle est un parti pris, une volonté de l'exposant.

    Cette expérience collective restera pour moi une référence pour l'avenir. J'en retiendrai aussi qu'une exposition est vivante et que le public peut la faire évoluer. Ce fut le cas en ce qui me concerne. Des toiles rectangulaires présentées verticalement se sont retrouvées à l'horizontale pendant qu'une autre est devenue verticale. Ce changement de format a impliqué qu'une des toiles exposées a été retirée.

    La relation au public a été à l'image de cette manifestation : harmonieuse, joyeuse, fluide et parfois empreinte de ces émotions qui restent pour toujours gravées dans la mémoire tant elles sont fortes. Des expositions personnelles ou collectives que j'ai réalisées à ce jour, celle de "Défi d'artistes" est celle qui m'aura fait le plus progresser en tant qu'exposant. Elle m'aura permis de fixer des repères qui éclaireront mes choix pour les expositions à venir.

  • Défi d’artistes – J3 : Synthèse

    Les murs rien

    Défi d'artistes - "Les murs rien" - Acrylique sur toile - 90x90 - 2017

    J'ai du mal à parler de J3. Pourtant ce fut la journée la plus tranquille des trois, ou devrais-je dire la moins chaotique.

    C'est probablement dû à l'intensité avec laquelle j'ai vécu les 2 premières journées de "Défi d'artistes". En passant du plus haut au plus bas et en ayant, comme je l'ai eue, la possibilité d'observer mes réactions et mes émotions, la suite est médiane, mitoyenne, moins extrême en tous cas que ce qui a déjà été vécu.

    Pour résumer, j'associerais J1 à la découverte (je fais le tour du problème, comment je commence), suivie de la confiance (j'ai compris comment procéder et j'arrive à lâcher prise), puis d'une certaine lassitude (j'ai besoin de récupérer).

    Derrière J2, je mettrais la stupeur (ça ne se passe pas comme prévu), suivie du rejet (je ne me sens pas bien ici, la collectivité me pèse, j'ai envie de fuir) pour terminer par la résignation (j'ai choisi d'être là, j'assume d'y rester).

    J3 me donne une impression de synthèse. J'ai la sensation de vivre J1 et J2 avec moins d'émotion, et même un certain détachement. La collectivité n'est plus un problème : j'arrive à m'isoler. Je n'ai pas envie de peindre ? Ce n'est pas un problème : je sors, je lis, j'écris. Je devrais profiter de tout ce matériel disponible pour permettre l'émergence de la création ? Rien de plus simple ! Il suffit de s'y mettre.

    J'aurais voulu faire une toile d'un mètre sur 40cm, mais il n'y a plus de châssis de cette dimension. Même pas grave ! J'aurais voulu du blanc pour faire mon fond, mais les tubes de blanc sont vides. Et alors ? La création s'invitera à partir de ce qui est disponible : ce sera donc un carré de 90cm de côté et je prendrai de la couleur chair au lieu du blanc. "Les murs rien" émerge de ces manques et c'est très bien comme ça. L'œuvre n'est ni bonne, ni mauvaise. C'est elle qui devait être produite à cet instant avec ces moyens. Elle sera la seule de cette troisième journée.

    Celle-ci se termine par une grande opération de nettoyage. Demain, vendredi, nous faisons l'accrochage.

  • Défi d’artistes – J2 : Je me débats, fatigué

     

    Defi d artistes echo 2

    Défi d'artistes - Echo 2 - Acrylique sur toile - 100x40 - 2017

    J’arrive ce matin dans la lignée (aligné ?) de là où j’en étais hier soir. J’avais su gérer les moments d’adversité ; je devrais savoir le faire aujourd’hui.

    Je retrouve les réflexes de ma « vie d’avant » en identifiant ce qui me paraît urgent et important, en l’occurrence élaborer une réponse au défi du public qui est de « faire l’esquisse du projet artistique le plus fou que vous puissiez imaginer ». Comme la veille, je commence ma journée par ce point de repère en guise d’échauffement.

    Je poursuis l’idée trouvée hier mais plus j’avance, plus ça devient complexe. Dans mon projet, je fais interagir les gens, la technologie, la géographie, les couleurs et le mouvement. Comme hier cette complexité devient plus lourde que stimulante mais bon… je n’ai pas d’autre piste. Je suis dans le marécage, je ne peux rien faire d’autre qu’avancer. Au bout d’une heure, arrivé à saturation, j’arrête le travail pour passer à autre chose.

    Je construis un nouveau châssis rectangulaire pour travailler sur une nouvelle toile. Lors de récentes expositions, plusieurs spectateurs m’ont dit que mes gestes colorés les réconciliaient avec les fonds sombres. Je décide de prendre cette direction pour commencer ma toile. Pour la première fois depuis 4 ans, j’abandonne les couleurs primaires pour choisir un pourpre déjà fait. Je dois être dans une bonne énergie car le résultat me convient. J’enchaîne en préparant une seconde toile et là, tout bascule.

    Alors que j’étais dans ma barque, plutôt tranquille, voguant sur l’océan de la création, je ne m’étais pas rendu compte que mon embarcation prenait l’eau. Je sens que ça penche, j’essaye de rétablir l’équilibre. Mes gestes sur la toile deviennent hasardeux, plus secs, plus courts. La belle énergie dont je parlais plus tôt n’est même plus un souvenir. Je me débats pour ne pas passer par-dessus bord. Avec l’énergie du désespoir, je sens que je surcharge ma toile de gestes et de couleurs. Arrivé à saturation, je déclare ma toile terminée avant de plonger.

    Bon sang, que l’eau est froide !! Comme hier, je sens que « plus rien ne vient ». Mais autant hier je ne m’affolais pas, résolu à laisser passer l’orage, autant là, maintenant, je sens que la panique vient s’ajouter au désespoir. Je ne sais pas na-geeerrr ! J’ai envie d’appeler à l’aide mais je me ravise dans un instant de lucidité. De quoi ai-je peur ? Qu’est-ce qui me pose problème ? Rien n’est grave. Je suis juste dans une situation inconfortable et de plus, je l’ai cherchée. Cette sensation me ramène 5 années en arrière, le jour de ma découverte de l’art abstrait. J'avais alors vécu un moment d'anxiété profonde.

    Je décide de m’aérer. Je me balade dans le quartier (Bonne Nouvelle, Grands Boulevard, y’a pire !), flâne dans une librairie, reviens à la Galerie, prend mon ordinateur et rédige mon article de blog sur « Défi d’artistes – J1 ». En fin de journée, nous débriefons avec Olivier et nos « témoins », qui sont des personnes de notre entourage qui ont accepté d’endosser le rôle du public pour nous aider à présenter notre défi.

    La panique est retombée. J’ai de la compassion pour l’enfant que j’étais aujourd’hui, qui se débattait dans ce qu’il croyait être l’océan et qui n’était qu’une pataugeoire. Je me sens profondément humain, c’est-à-dire fragile, sensible, mais avec une force qui me tient debout. La fatigue est là. Le soir, une fois rentré à la maison, je prends ma tension : 10 / 6. Je ne l’avais jamais vue aussi basse. Une nuit d’un sommeil court mais réparateur devrait me remettre d’aplomb.

     

    Si vous le pouvez, venez demain vendredi 17 février au vernissage, à partir de 18h30, ou samedi 18 / dimanche 19 février de 14h à 19h au « Laboratoire d’exposition », 13 rue de l’Échiquier – 75010 Paris.

    Le public est un élément essentiel de la création artistique par le regard qu’il propose à l’artiste sur son œuvre. Chaque regard est une naissance avec tout ce qu’elle apporte de joie et de partage.

  • Défi d'artistes - J1 : aligné !

    Defi d artistes echo 1

    Defi d'artistes - Echo 1 - 100x40 - 2017

    Je me suis préparé à ne rien espérer, ne rien attendre.

    Nous sommes 7 artistes, tous à des stades différents, avec des histoires différentes. Plusieurs ont une expérience artistique de longue date, certains ont une formation d’architecte, les âges vont du simple au double. Nous passons une bonne heure à nous présenter, citer notre défi, évoquer notre état d’esprit.

    Pour ma part, j’ai l’impression d’être « au milieu ». Je n’ai ni excitation ni inquiétude, ni envie ni rejet. Je me dis que c’est la quiétude mais je me méfie de cette pensée. Je me sens curieux, dans l’observation de ce qui se passe et de mon état intérieur. Le projet choisi par le public est « faire l’esquisse du projet artistique le plus fou que vous puissiez imaginer ». Ça n’a l’air d’enchanter personne mais nous devons nous y soumettre.

    Comme je m’y attendais, je n’ai ni envie, ni besoin de peindre. La tension que j’ai identifiée comme nécessaire n’existe pas. En tous cas pas encore. C’est par le travail sur le défi du public que je décide de commencer cette première matinée. J’ai besoin de repères et cette figue imposée m’en offre un. J’ai une idée que je couche sur le papier. Je commence à dessiner. Je travaille aux antipodes de mes habitudes. Je me retrouve comme 5 ans en arrière, à l’époque où je faisais des petits gestes avec mes petits pinceaux au bout de mes petits doigts. Après quelques dizaines de minutes, je n’y tiens plus. J’ai envie de tout envoyer balader en faisant de grands gestes. Ma soif d’amplitude vient à bout de mon application à travailler sur ce défi. Je me trouve laborieux. Je range tout. Je reprendrai demain.

    Commence alors pour moi une période pas vraiment agréable. À la maison, j’aurais mis un peu de musique, j’aurais flâné sur internet, j’aurais commencé l’écriture d’un article ou répondu à des mails… Mais là, je n’ai rien de tout cela. Je suis debout, les mains dans les poches, le regard dans le vide, ressassant que « rien ne vient ». Je déambule au milieu des pots de peinture, des châssis à construire et de tout le matériel nécessaire pour construire un œuvre. Il y en a partout mais… « rien ne vient » !

    J’ai appris à gérer ces moments. Je ne me dis même pas « patience, Denis ; ça va venir… ». Je suis venu ici me mettre volontairement dans une situation inconfortable et je suis en plein dedans. Je n’avais plus ressenti cette sensation depuis des années. C’est fou comme une pensée négative peut être sclérosante, lénifiante, étouffante. Et pourtant, je n’ai d’autre choix que de l’accepter. Lutter contre ne la fera pas disparaître. Au contraire ! Je me rends compte que lutter renforce la présence adverse.

    Après plusieurs dizaines de minutes à ressasser, le temps est venu d’accepter et de passer à autre chose. Il y a tout ce matériel qui m’entoure : du papier, de la toile, des châssis, de l’acrylique, de l’aquarelle, de l’encre de chine, des crayons de couleurs, des craies, des pastels, des compas, règles et rapporteurs, des pinceaux, des couteaux, des rouleaux, des punaises, un marteau, des tables des chaises, des cimaises et j’en oublie. J’ai tout à coup envie de faire quelque chose de tout cette profusion. Ce serait dommage de ne pas en profiter. La tension disparaît et je choisis de construire un châssis rectangulaire, format sur lequel j’ai toujours eu des difficultés à faire mes « gestes colorés ». Cette activité artisanale me remet d’aplomb. Je retrouve le plaisir que j’avais, enfant, à construire des maisons en Lego ou à emboîter des morceaux de bois pour construire une cabane.

    Tout se passe ensuite très vite. Le châssis appelle la matière colorée qui, elle-même, appelle le geste. La place est à l’action et à… l’étonnement. C’est un indice : la création est dans les parages. Une toile vient puis deux autres dans l’après-midi. Je me sens au bon endroit, à faire ce pourquoi je suis là, tranquillement. J’ai l’impression d’avoir contourné les obstacles par ma persévérance, sans avoir dû lutter. Je sors content de cette première journée. Je me sens « aligné ».

  • Défi d'artiste

    Carton defisv2

    Le 14 février est pour moi un jour spécial. C'est le jour qui me donne une année de plus... bref, c'est mon anniversaire. Eh, oui, je suis né le jour de la Saint Valentin et j'ai le bonheur de célébrer depuis de nombreuses années.

    À tous ceux qui disent que c'est une chance d'être né ce jour-là, je réponds que je ne pense pas que ma vie amoureuse eut été sensiblement différente si j'étais né le 13 ou le 15 février. C'était juste ce jour-là, et ma maman m'a dit que le médecin qui l'avait accouchée n'avait peut-être pas gardé un bon souvenir de ce jour de l'hiver... 1956 : les -25°C qu'il faisait en Isère ce matin-là avaient eu raison de la batterie de sa voiture.

    61 ans plus tard, ce 14 février sera aussi le 1er jour de mon "Défi d'artiste". Cet évènement nous verra, avec 6 autres artistes, ouvrir une fenêtre temporelle de 3 jours dans un espace d'exposition (le "Labo") pour créer. Ce qui aura émergé de cette séquence créative sera exposé dans ce même "Labo" du vendredi 17 février 18h30 (vernissage) au dimanche 19 février 19h .

    Du 14 au 17, donc, chacun des artistes tentera de relever un défi qu'il s'est lui-même fixé. En ce qui me concerne, le fait de définir une date, une durée et un lieu que je vais consacrer à la création va à l'encontre de la façon dont je conçois jusqu'ici l'acte créatif. Depuis un certain temps, je ne décide pas quand je vais peindre. Cela s'impose à moi comme une évidence, au lever, à minuit ou en plein après-midi, assis dans le métro, sur mon vélo ou sur mon canapé, je sens que "c'est maintenant". Le temps de me mettre à l'ouvrage, parfois l'énergie est toujours là, parfois elle s'est évaporée sans que je comprenne ni comment ni pourquoi. Et puis je sens le besoin d'être seul. Je ne pense pas que ce soit une question de pudeur mais plutôt de concentration, car il m'est arrivé souvent de peindre ou dessiner sur le motif, dans Paris, sans être gêné par le regard du public.

    Pour résumer, je vais me mettre le 14 février dans une situation inhabituelle à plus d'un titre : le moment et la durée sont choisis, le lieu est défini et nous serons 7 artistes à évoluer ensemble. Que sortira-t-il du travail individuel de chacun, qui vient avec son propre défi ? Y aura-t-il une influence du groupe sur le travail personnel ?

    Notre intégration au processus créatif individuel ou collectif sera présentée au public à l'issue de ces 3 jours, pendant 3 autres jours, d'exposition cette fois-ci, et qui seront l'occasion de nouveaux défis, entre artistes et public. Ce sera amusant, inattendu et destiné à nous faire grandir ensemble autour du processus de création.

    Je plonge vers cet inconnu sans attente (la création ne peut faire l'objet d'aucune attente puisqu'elle n'existe pas encore) et sans espoir, si ce n'est celui d'avoir suscité la curiosité de mes contacts et touché mon public. Le tout sera sera conduit par Olivier Wahl, dont les habitués du "Labo" connaissent les talents d'animateur pour rendre un évènement vivant et marquant, pour le public comme pour les artistes.

    J'espère donc vous croiser lors de cet évènement original et unique.

  • Bonne année ? À quoi bon...?

    Sevillane

    Sévillane - Acrylique sur papier spécial - 30x21 - 2017

    Les fruits ont leur saison, les artistes aussi. En hiver, la nature est moins productive. Pourtant elle continue à travailler. Les plantes se recentrent. La sève abandonne les parties les plus fragiles et les plus exposées pour préserver ce qui assurera bientôt leur vitalité. Si le jour dure moins longtemps, la lumière est parfois plus vive, les feuilles n'étant plus là pour arrêter son parcours. Les troncs et les branches des caducs sont nus, laissant apparaître leur fragilité, leur élancement, leur unicité, leur solutide.

    Je me sens arbre. Quand j'écris et partage, j'enracine mes sensations, j'ajoute mon expérience de chaque instant aux expériences passées. Chaque année apporte au tronc de ma vie une strie supplémentaire, faite d'instants marquants car vécus en conscience. Les stries ne se voient pas. Pourtant elles existent. Chacun de nous a les siennes. L'artiste les sent. Leur marque est significative de la façon dont il a vécu avec et par son environnement. Comme l'arbre, l'artiste prend ce qui vient, sans espoir et sans regrets.

    L'arbre ne pense pas sa vie. Il n'a ni projets ni envies. Il a juste des besoins pour se développer. Son environnement le marque. Il y est sensible. C'est ce qui fait de lui une œuvre, une œuvre de la nature. Je n'ai pas envie d'être un arbre ; je SUIS un arbre sur le terrain de la société, du monde, de l'univers. Je me transforme au rythme des saisons. De l'une à l'autre je parais différent mais je suis reconnaissable. Qu'on le veuille ou non, selon les années, je donnerai des fruits... ou pas, j'en produirai des gros ou des petits, des fruités ou des acides. Mais, si  je reste sauvage, qui peut prédire avec certitude si mon avenir sera fructueux... ou pas ?

    D'une saison à l'autre, d'une année à l'autre, l'artiste produit des œuvres, toiles, sculptures, livres, morceaux de musique ou autres. Le public qui aime un artiste est parfois surpris, déçu ou émerveillé par les œuvres qu'il produit. Mais ce qui déçoit l'un émerveille peut-être un autre. C'est une question de point de vue. Alors à quoi bon espérer que l'année sera bonne ? Elle sera, et on ne saura qu'après si elle a été bonne, de la même façon qu'il aura fallu goûter un fruit pour en connaître la saveur.

    Alors prenons l'année comme elle vient, avec ce qu'elle nous donne et utilisons-la pour grandir, nous construire, nous développer et faire quelque chose que l'arbre aurait bien du mal à faire : partager !

     

  • Eloge du "n'importe quoi" : aucune maîtrise

    &

    & - Acrylique sur papier spécial - 21x30 - 2013
    Mon second "Geste coloré"

    Avec mon premier "Geste coloré" (cf. mon article du 22 décembre 2016), je m'étais libéré de quelque chose. Pour la première fois depuis mon entrée en peinture, deux années plus tôt, j'avais fait ce que je voulais : n'importe quoi !

    Pas de casse-tête pour trouver la bonne couleur, comme pendant mes cours de copie de tableaux de maîtres, pas de stress pour tenter de produire un dessin ressemblant dans le temps imparti, comme lors de mes cours de dessin d'après modèle, pas de question sur ce que je vais pouvoir produire sur un thème imposé, comme au cours de mes sessions de développement artistique... Tout s'était passé en un court moment, presque fulgurant.

    Libre, bon sang ! Et soulagé d'avoir outrepassé la peur de la feuille blanche. Cela colle parfaitement avec ce que j'ai appris et compris, beaucoup plus tard : créer, c'est transformer en création les obstacles à la création. Je ne l'ai pas découvert tout seul. Mais lorsque j'ai entendu de la bouche de mon coach cette définition, je me suis transporté instantanément 4 ans plus tôt, avec le souvenir des sensations ressenties lors de cette première expérience.

    Aujourd'hui, ces sensations sont encore vivaces dans mon esprit : le ras-le-bol déclencheur, le besoin d'agir dans l'instant, la transgression des conseils de ma prof (j'ai pris un support qu'elle considérait inadapté pour peindre), le choix des outils (couleurs primaires et un couteau), le passage à l'acte irréfléchi et, au final... l'étonnement de considérer ce truc bizarre, aux antipodes de ce je réalisais jusqu'ici. L'abstraction s'était imposée à moi sans que je maîtrise quoi que ce soit.

  • Eloge du "n'importe quoi" : première expérience

    Fuego

    Mon premier geste coloré : Fuego - Gouache sur papier spécial - 21x30 - sept 2012

    Dans mon article "Je veux vivre autrement", j'ai écrit que l'idée de faire de la peinture mon activité principale avait germé après avoir pris conscience que je pouvais l'exercer sans gravité ni urgence et que je pouvais dire "non". Tout le contraire de ce que j'avais vécu professionnellement jusqu'ici.

    J'avais alors décidé d'apprendre à peindre et dessiner. Pendant 2 ans, j'ai pris 15 à 25 heures de cours par semaines pour découvrir les techniques de peinture (gouache, huile, aquarelle, acrylique...) et de dessin (crayon, feutre, encre de chine, dessin d'après modèle, d'après photo, sur le vif...).

    Je suis passé par d'innombrables phases allant de l'excitation de la réussite (souvent celle du débutant) au découragement du "je n'y arriverai jamais !". En plus des cours, je dessinais ou peignais presque quotidiennement, mes carnets en témoignent. Et puis, un jour, j'ai été pris d'une pulsion incontrôlée ; j'ai eu envie de m'affranchir des codes de ce que je sentais devoir être maîtrisé. J'ai décidé de faire "n'importe quoi", tel le gamin qui se rebelle contre le "fais pas ci, fais pas ça !" ou un ado qui en a ras-le-bol des règles établies et qui décide de se lâcher.

    C'est ce que j'ai fait. J'ai pris du papier coloré, des tubes de gouache et un couteau à peindre. J'ai posé des gouttes de couleur sur le papier et, avec le couteau, j'ai fait des gestes incontrôlés sur les taches colorées. Ainsi est né mon premier "geste coloré". J'avais fait "n'importe quoi" et ça m'avait fait du bien... mais je l'ai gardé pour moi, je n'en ai parlé à personne, je ne l'ai pas montré.

    Ça a donné "Fuego". C'était en septembre 2012, et cette date marque ma première expérience consciente de création.

  • Jamais où on l'attend...

    Emergence 42715 48

    Emergence 42715,48 - Acrylique sur bois - 27,2x39,3 - 2016

    Dimanche 11 décembre 2016. 11h24

    Depuis une heure, j’écris. Mon atelier était il y a encore quelques heures dans un désordre vivable mais dans lequel je ne trouvais plus ma place.

    Le bureau est désormais visible, éclairci par le rangement d’outils et pinceaux, de papiers administratifs et de chiffons colorés par l’acrylique essuyée sur les couteaux à peindre. J’ai rassemblé des feuilles, cartons toilés et morceaux de bois sur lesquels des bases de travail de gestes colorés attirent mon regard.

    J’ai pu ensuite m’installer, poser mon ordi, mettre de la musique. Elle passe sans transition de la country à la techno. Le son, les harmonies que je comprends rendent ma réflexion plus légère, comme un ballon d’hélium qui me maintient au-dessus d’un trou noir absorbeur d’énergie et de lumière.

    Mon siège de bureau est un peu haut, rendant ma position d’écriture inconfortable. Je me penche sur le côté, baisse ma main vers la colonne qui soutient l’assise et actionne le levier qui permet au siège de s’abaisser dans un court et léger chuintement.

    Et là, avec cette nouvelle position, en levant les yeux, je la vois ! Elle m’attendait sagement depuis plusieurs mois sans que je comprenne qu’elle existait pour être vue. Ma palette, posée verticalement sur le plateau du bureau et contre le mur me parlait en me disant : « Je suis une œuvre ! tu as posé tes couleurs sur moi, tu les as étalées avec ton pinceau ou ton couteau sans chercher à produire quoique ce soit. Sans le savoir, sans le vouloir, tu m'as créée ! ».

    La création n’est pas où je l’attendais. Une fois encore, je suis surpris et l’inattendu me remplit de joie.

  • Soprano m'a fait comprendre...

    Derniere minute

    Dernière minute - Acrylique sur toile - 116x89 - 2016

    Soprano : un nom que j’avais déjà entendu sans savoir précisément qui le portait. Je l’ai écouté lors d'une interview télévisée et ce qu’il a dit m’a profondément touché.

    En 2004, Soprano est rappeur et traverse une passe difficile. Alors qu’il doit se produire le soir même pour un concert, cela fait 2 jours que ses amis le recherchent. Appels téléphoniques, messages, visite des hôpitaux et des commissariats… Soprano est introuvable.

    Seul, enfermé dans sa voiture, en pleine dépression, des pensées sombres l’habitent. Lorsqu’il décide de répondre au téléphone, il confie son mal-être et dit à son interlocuteur qu’il va peut-être faire une « connerie ». Finalement, il accepte de rejoindre ses amis, monte sur scène et commence à rapper. Le public le happe véritablement, reprenant les paroles de ses chansons. L’amour que lui envoie le public lui fait prendre conscience qu’il a beaucoup mieux à vivre que de se regarder le nombril et s’apitoyer sur sa personne déprimée. Soprano comprend qu’il est bien ici et maintenant, sur scène, et que c’est dans le partage avec le public qu’il ressent du plaisir.

    Si je ne me sens pas le moins du monde en état dépressif, la question « où est-ce que je me sens bien ? » se pose régulièrement. Et l’expo qui s’est terminée la semaine dernière m’a apporté une réponse : ma scène à moi, c’est la galerie ! Tel le chanteur en performance, je me suis senti à ma place en recevant les visiteurs, en répondant à leurs questions, en observant leurs réactions, en choisissant la posture qui me semblait appropriée à l’instant présent…

    En passant 8h chaque jour dans la galerie, j’ai vécu de multiples situations parmi lesquelles une journée sans une visite, un visiteur qui n’osait pas entrer et que j’ai incité par un geste et un sourire, un autre qui m’a fait peur en entrant (jean troué et une bouteille à la main) et qui s’est révélé sympa comme tout (c’était Halloween et il était déguisé), un avec qui j’ai passé une heure et un autre qui ne m’a pas adressé la parole, ou encore celui-ci qui, en quelques mots, a exprimé un ressenti qui m’a profondément touché (comment a-t’il pu voir tant de choses sur moi en regardant juste quelques toiles^^).

    En comparaison avec les précédentes expositions, celle-ci a été différente. Tel Soprano prenant conscience sur scène de son rapport au public et de l’amour qu’il lui renvoie, j’ai compris à quel point la galerie est l’endroit privilégié pour que je sente l’énergie que me renvoient les spectateurs de mes toiles.

  • Ça, on ne l'apprend pas à l'école

    Tissayoxa 12

    Tissayoxa 12 - Acrylique sur carton toilé - 20x20 - 2016

    Tout comme le jeune agriculteur sorti de formation, le jeune artiste se trouve confronté à la vie réelle.

    Le premier sera soumis au rythme de la nature et le second au aléas de sa créativité. Mais l'un et l'autre sont soumis au rythme de LA création "tout court".

    Le jeune agriculteur sait que de la façon dont il prendra soin de la terre dépendra la qualité de sa récolte. S’il plante trop tôt ou trop tard, s’il ne traite pas avec les produits appropriés ou s’il récolte au mauvais moment, il n’aura pas de beaux fruits. Ce n’est pas lui qui crée les fruits. C’est la terre qu’il aura cultivée, nourrie, laissée reposer. Il sait ce qu’il plante, mais n’a aucune certitude sur le produit de la récolte. Et les obstacles potentiels sont nombreux : le gel précoce ou tardif, la sécheresse, le grêle, les inondations…

    Heureusement, l’école l’a préparé à tout cela. Il dispose de recettes, d’outils et de produits que la science et, surtout, des siècles d’expériences de ses ancêtres ont élaborés pour limiter, tant que possible, l’impact des catastrophes et maximiser le rendement. C’est ensuite par sa connaissance des cycles naturels de l’exploitation et le choix des produits que l’agriculteur donnera (ou pas) à sa production un caractère unique, reconnaissable.

    Pour l’artiste, pas d’école pour lui apprendre les saisons et les cycles de la création. Comme ses prédécesseurs, il devra tout découvrir par lui-même. Il faut dire que la terre qu’il doit cultiver n’est pas visible : elle est intérieure, ne se voit pas et ne se décrit pas. Le fruit, c’est l’œuvre, et ce n’est pas l’artiste mais la terre artistique qui le produit.

    Dans mon article « A quoi fonctionne mon moteur », publié en mai 2015, j’évoquais un reportage qui m’avait marqué, dans lequel j’avais vu le duo Souchon/Voulzy se balader en forêt et préciser que ça leur était indispensable pour renouveler leur énergie créatrice. Et j’ajoutais : « leur travail, c’est ça !».  Je l’avais perçu mais pas intégré. Aujourd’hui, je l’ai compris. Il aura fallu 18 mois pour que la graine plantée en voyant le reportage produise le fruit de ma prise de conscience : l’œuvre ne sera puissante que si j’ai pris soin de la terre qui la fera naître.

    Ce n’est pas en peignant des toiles que j’ai engendré cette compréhension ; c’est en me questionnant, en retournant dans ma tête mes certitudes et mes doutes tel le jardinier qui bêche. Si je le fais, au moment où ma terre artistique en a besoin, les fruits viendront d’eux-mêmes. Et ça, on ne l’apprend pas à l’école…

  • Chasseur de toiles

    Retour de flamme

    Retour de flamme - Acrylique sur carton toilé - 70x50 - 2016

    J'ai appris à patienter. Il y a quelques mois, je scannais en permanence mon envie de peindre, guettant parfois fébrilement l'étincelle qui allait me faire bondir dans mon atelier, saisir mes pinceaux, mes pots et mes couteaux et être, enfin, dans l'action.

    Après des mois de scan, mon radar m'avait le plus souvent renvoyé l'image d'un écran vide. Soit ! J'ai aussi accepté que l'action se fasse dans la tête. Ce fut d'ailleurs l'objet d'une discussion avec un ami qui trouve que l'action se fait plutôt les pinceaux à la main et la couleur posée sur la toile. Vaste débat...

    Ceux qui me suivent se sont rendu compte que j'explorais ces derniers temps des gestes différents, au grand dam de certains qui regrettaient que je sois sorti du "geste coloré". Qu'ils soient rassurés : "Retour de flamme" revient aux sources : je m'apprêtais à sortir faire une course, manteau et sac sur le dos et j'ai sentis que "c'était maintenant" ! Adieu les courses, bonjour atelier, pinceaux et couleurs.

    Cette toile est le fruit de semaines de patience. J'ai la sensation de l'avoir débusquée, d'avoir saisi le moment où elle sortait pour la cristalliser. N'est-ce pas ce que fait le photographe animalier quand il prend un cliché de son sujet après l'avoir traqué des semaines durant ? Il a trouvé les bons endroits et les bons moments pour obtenir ce qu'il voulait. Parfois, c'est encore mieux car il obtient une scène inattendue. On parle de "chasseurs d'images". Et si j'étais un "chasseur de toiles"...?

  • Le sens, l'envie et l'action

    Snowpiercer

    Snowpiercer - Acrylique sur papier - 24x32 - 2016

    L'une de mes professeures a fait du dessin un mode de vie. Son entourage est prévenu : lors d'une balade en famille, elle s'arrête parfois sans prévenir pour croquer une ambiance ou mettre sur le papier une sensation. Elle dessine comme on chante, dans les embouteillages, sur son canapé, au bord d'un chemin. Le sujet est toujours immédiatement accessible : des rochers et des mouettes, un enfant qui dort, une rue passante, des poteaux et fils électriques qui s'entrecroisent... Tout est bon et tout est si bien rendu ! Transposé à moi, je voyais dans ce type d'exercice un moyen d'améliorer ma technique et me disais que je devais absolument pratiquer quotidiennement.

    J'ai commencé à le faire avec, cependant, un problème : quel sujet prendre ? La recherche du sujet prenait le pas sur l'action car, le plus souvent, je n'en trouvais pas de suffisamment motivant pour dessiner ou peindre avec joie. L'exercice devenait laborieux et je n'ai pu tenir le rythme longtemps. Etait-ce donc ça le "travail" (car il faut bien travailler) quand on est artiste ou qu'on tente de le devenir ?

    Que font-ils ceux qui restent des heures dans leur atelier ? Comment a fait l'artiste pour créer une toile que je trouve si belle ? S'est-il exercé longtemps avant d'y arriver ? Combien de temps me faudra-t'il pour approcher ce niveau d'excellence vu mon peu d'entrain à l'exercice quotidien ?

    Ces questions, je me les posais eu égard à la vision du travail que j'avais en entreprise : plus tu bosses, plus tu as de résultats et plus tu réussis, ce qui est une vision assez égocentrique des choses. Aujourd'hui, je ne me les pose plus. Ou du moins je n'attend plus de réponses. Ce cheminement m'a fait comprendre que c'est le sens de l'action et non la qualité du résultat qui apporte la joie. Pas celle qui fait rigoler à tue-tête, mais plutôt celle qui, telle un phare, illumine et attire. C'est ce que recherche l'artiste.

    Le sens que j'évoque n'est pas cette abstraction grandiose et noble qui chapeaute l'ensemble d'une vie ou d'une œuvre. Il se rapproche du besoin ou de l'envie en répondant spontanément à la question : "pourquoi je fais ça maintenant" ? Si la réponse de l'artiste est spontanée et commence avec "parce que j'ai besoin/envie...", il ne travaille pas ; il avance, libre de questions existentielles, sur le chemin de la création.

  • 5 ans d'histoires !

    Dsc 8584 1

    En septembre 2016, mon blog a 5 ans et presque 250 articles.

    Après avoir quitté brutalement en 2010 une entreprise multinationale dans laquelle j’étais chef de projet, j’ai décidé, fin 2011, de poursuivre ma vie en tant qu’artiste-peintre. Je « n’y connaissais rien », selon une expression que j’entends souvent, mais j’ai choisi de changer radicalement de vie et d’activité professionnelle.

    J’ai créé ce blog pour permettre à mes proches, parfois inquiets de ce virage vers un domaine nouveau pour moi, de suivre mon parcours et de partager avec moi les joies, les doutes, les difficultés et les découvertes auxquels ce choix de vie me conduisait.

    Je me suis efforcé de faire des articles courts aux thèmes évocateurs et concrets pour qui a la curiosité de savoir ce qui se passe dans la tête d’un nouveau venu à l’Art et qui entre de plain-pied dans cet univers sur lequel les non-initiés se font des idées et parfois des fantasmes

    En septembre 2011, j'avais en tête d'apprendre à dessiner et à peindre. Pendant 2 ans, j'ai pratiqué le dessin et la peinture en atelier pendant 15 à 25h par semaine. A force de travail et de réflexions, j'ai tenté des expériences qui m'ont amenées à réaliser ce que j'appelle des "gestes colorés". Cette transition a été essentielle en me faisant passer du figuratif à l'abstrait, de la copie/représentation à la création, du rythme d'un apprenti à celui d'un créateur.

    Il y a 5 ans, je m'imaginais faire des copies de tableau de maîtres et des portraits à la demande. Si j'ai un peu d'expérience dans ces 2 domaines, ce n'est pas là que je trouve mon épanouissement qui passe aujourd’hui par la couleur et le geste spontané.

    Fin août 2016, ce blog a reçu depuis sa création plus de 26.000 visiteurs dont 14.000 sur les 8 premiers mois de 2016. Il est devenu un lien avec des lecteurs dont la fidélité et les commentaires sont un encouragement à poursuivre.

  • Like ou pas Like : quelle importance ?

    TameraiTamerai - Acrylique sur toile - 100x100 - 2016

    Qu'il soit présent sur Facebook, Linkedin, Artquid, Instagram, Twitter ou un blog, le jeune artiste qui publie un article ou poste une image espère une réaction sous la forme de commentaire, de "like", de pouce levé, de "coup de cœur", de partage ou de nouvel abonnement. Il fut un temps où j'attendais le commentaire comme un amoureux attendait autrefois fébrilement le facteur.

    Après mes premières publications sur Artblog (plateforme aujourd'hui disparue), je me souviens de mes déceptions de ne voir aucune réaction à mes articles alors que d'autres multipliaient les likes et commentaires avec une simple photo de chatons. Et puis je me suis rendu compte que 95% des commentaires étaient davantage une manifestation d'affection ou d'appartenance à un groupe et ne servaient qu'à dire "je suis là !", quelque soit la nature ou le contenu de la publication. Si j'avais peu de commentaires, au moins ne se limitaient-ils pas à un seul mot (super, bravo, bisou...) et me faisaient-ils découvrir un regard sur mon article. J'ai compris que n'avoir aucun commentaire ou "j'aime" ne signifie pas que le travail n'est pas bon.

    Aujourd'hui, je ne suis plus, comme au début, affecté par l'absence de réaction à mes publications. Bien sûr, un commentaire ou un like restent des boosters mais ils sont surtout des indicateurs de pertinence qui m'amènent à chercher ce qui a suscité ou non l'intérêt.

    C'est aussi une question de maturité. L'Art, c'est la vie, celle qu'on vit tous les jours. Quand on est "petit", enfant ou élève, on a besoin d'encouragements, de soutien. C'est un élément important du développement et de l'apprentissage de la confiance. Au fil des années, celle-ci vient (ou pas), on donne un sens à sa vie (ou pas), on devient autonome (ou pas), on (ré)agit au lieu de rester passif... Chacun devient mature à son rythme. Certains le sont à 15 ans, d'autres à 70 ans ou jamais...

    Je ressens la même chose avec l'Art. Bébé artiste a besoin d'être stimulé, encouragé ; l'artiste mature, lui, sait qui il est et le sens de son action. Puis, avec l'apprentissage et l'acceptation de la solitude, il n'a plus (en tous cas il a moins) besoin de "likes" et de commentaires pour avoir une preuve de son existence. Après avoir compris son rapport à lui-même, il peut davantage se consacrer au rapport à l'autre.

     

  • Art et sport engagé : mêmes repères !

     

    Hakochi 6

    Hakochi 6 - Acrylique sur papier - 24x32 - 2016

    Artistiquement parlant, le jeune artiste qui reste dans sa bulle peut s'enfermer dans ses croyances et ses illusions ; sur ce que le public attend, sur la façon dont il est perçu, sur ce que sont l'Art et la posture artistique, sur ce qu'il faut faire pour se présenter en tant qu'artiste et tenter de vivre de ses œuvres... et beaucoup d'autres sujets.

    En fréquentant le collectif auquel je me suis associé, mes croyances sont mises à rude épreuve, et c'est tant mieux !

    Je vis le même type d'expérience que lorsque j'ai appris l'escalade ou la plongée sous-marine. En escalade, j'ai compris que l'épuisement venait rapidement à force de "tirer sur les bras" pour aller vers le haut; S'il est utile "d'avoir des bras" en certaines circonstances, utiliser ses jambes, dès qu'on le peut, pour se propulser, est beaucoup plus efficace pour préserver son énergie et son équilibre. En plongée, le débutant a besoin de lest pour l'aider à descendre dans le bleu. Au fil des plongées, il comprendra qu'en jouant avec le volume de sa cage thoracique il gagnera en agilité, dépensera moins d'énergie pour se mouvoir, utilisera ainsi moins d'oxygène ce qui lui permettra de rester plus longtemps au fond pour son plaisir.

    Maintenant qu'il le sait, le pratiquant inexpérimenté trouve que c'est évident. Pourtant, prisonnier de ce qu'il croyait vrai et juste, il a eu a besoin qu'on lui démontre son erreur pour avoir accès à une nouvelle façon d'être et d'entreprendre pour franchir les obstacles.

    Ces leçons, je les ai apprises de mes professeurs, de mes partages et de mes lectures, pour ensuite les mettre en pratique sur le terrain et les transformer en expériences. Ainsi en est-il de ce que je vis actuellement avec l'Art. Je valide petit à petit ce que je pressens intuitivement : l'Art, c'est la vie ! Il s'intègre dans mon existence par des repères que je connais, notamment par mes pratiques sportives. Cela concerne des gestes techniques, mais aussi et surtout une façon d'être et d'aborder les situations.

  • Rébellion, action, réaction !

    2548Réaction - Acrylique sur carton toilé - 50x70 - 2016

    Il souffle comme un vent de rebellion contre l'ordre établi. Les grévistes, les manifestants, les zadistes... et moi ont un point commun : ils agissent, chacun à leur manière pour exprimer leur réaction.

    Mon microcosme personnel est en effet sujet à chamboulement. Je me sens bloqué depuis plusieurs semaines, incapable de produire une nouvelle toile. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive mais cette fois-ci, je ressens quelque chose de différent. Précédemment, je devais retrouver un peu de fraîcheur, le plus souvent à l'issue d'une période créative. Là, je ressens une certaine lassitude à devoir faire un geste coloré de plus.

    Au moment où cette sensation devient insupportable, je me rends à l'évidence que la solution est d'agir : je me suis mis en tête, voici quelques mois, que l'Abstraction Lyrique était ma voie d'épanouissement. Je m'y suis retrouvé au moment où j'avais besoin de repères mais aujourd'hui, les 4 principes édictés par Georges Mathieu deviennent contraignants.

    Et si je m'accordais la liberté de faire autrement, de peindre lentement des formes existantes ? L'idée folle de faire un carré me traverse l'esprit lorsque je prends un toile vierge et que j'en peins un, puis un second, un troisième...

    La voilà ma rébellion ! L'énorme différence avec ce qui se passe dans la rue est que je suis à la fois gardien de l'ordre et rebelle. Réalisé tranquillement, le résultat de cette libération s'appelle "Réaction".

  • Je perçois la fin

    Essethe 1

    Essethé 1 - Acrylique sur papier - 21x30 - 2016

    J'ai rencontré récemment une artiste peintre, Léa, lors du vernissage de son exposition. Un ami commun m'avait invité à lui rendre visite.

    Le vernissage est un moment festif pour faire connaissance avec un lieu, des œuvres, un univers mais rarement avec un artiste tant il est sollicité, le plus souvent par ses amis. Nous avons donc décidé de prendre le temps de parler un peu plus tard dans la semaine.

    Nos parcours ont des points communs, notre démarche, nos univers et nos références artistiques sont proches. Léa m'a expliqué qu'elle fait partie d'un groupe d'artistes qui se réunit régulièrement pour partager leurs expériences, discuter de questions qui les touchent et exposer dans le lieu où nous nous trouvons. Ce groupe est animé par Olivier, que Léa m'a suggéré de rencontrer compte tenu des questions que je me pose sur le sens à donner à mon activité artistique.

    Je perçois la fin d'un cycle et la nécessité d'être accompagné pour évoluer. J'ai soif d'apprendre et ma situation ne me satisfait plus car j'ai l'impression d'avoir ouvert toutes les portes qui étaient à ma portée. J'ai commencé il y a 5 ans par découvrir les aspects techniques. Il y a 18 mois j'ai compris ce qu'était la "posture" artistique et, après avoir identifié comment faire et comment être, la question du "pourquoi ?" prend la plus grande place. La réponse est en moi et, tel celui qui est parachuté la nuit dans une forêt, j'ai envie de bénéficier des services d'un guide non pas pour qu'il m'emmène sur le chemin mais pour qu'il m'aide à le trouver par moi-même.

    Rendez-vous est pris !

  • Où aller se faire voir ?

    Hakochi 1

    Hakochi 1 - Acrylique sur papier - 18.5x26.5 - 2015

    Après avoir produit, l'un des objectifs de l'artiste qui souhaite vendre est de se rendre visible : en galerie, en exposition personnelle ou collective, dans les salons, dans le cadre de concours, dans les media...

    Dans la sphère "réelle", se faire voir est un parcours du combattant incontournable, car l'acquéreur potentiel veut en général voir avant d'acheter. Dans la sphère "virtuelle", plus facilement accessible, on trouve sur internet des sites qui proposent une tribune d'excellent qualité. MyRankart en fait partie, se voulant partenaire des artistes pour les rendre visibles et accessibles aux professionnels et au grand public. Pour quelques dizaines d'euros, un artiste peut, sur une durée de 6 mois :

    - exposer jusqu'à une dizaine d'œuvres dans un salon virtuel
    - concourir pour un prix du public et un prix du jury avec, à la clé de ce dernier, des gains en euros et la possibilité d'exposer dans des galeries partenaires
    - se livrer à l'exercice de l'interview en y associant l'exposition de 10 à 15 œuvres.

    Après avoir concourru dans le cadre du 3è Salon de Peinture Abstraite (2è prix du public et parmi les 10% finalistes retenus pour le prix du jury), je participe au 4è Salon de Peinture Abstraite et livre une interview dans laquelle j'évoque mon parcours, mes influences et choix artistiques, ma démarche et la façon dont je travaille.

    Vous la retrouverez en cliquant ICI.

    Bonne lecture et bonne semaine !

  • Les vertus départementales

    Ssadeeba 2

    Ssadeeba 2 - Acrylique sur carton toilé - 50x70 - 2016

    Ce vendredi 20 mai, j'avais 200 km à parcourir pour accrocher mes 15 toiles au 6è Salon Gilles Anger de Rouxmesnil-Bouteilles (76), près de Dieppe. Au parcours plus rapide (mais plus long) par l'autoroute , je choisis celui des routes nationales et départementales. Moins de vitesse permet une concentration plus douce, une observation plus tranquille et moins ciblée de l'environnement. L'homme pressé virerait-il progressivement à l'homme tranquille ?

    Durant ce trajet, les pensées surgissent sur de multiples sujets à propos de........ à moins que ce ne soit de....... ???? Je ne me souviens plus ce matin de tous ces thèmes dont je me disais sur l'instant qu'ils seraient d'excellents sujets d'articles.

    Ma première réaction est de penser que c'est dommage car j'aurais pu remplir mon "réservoir à billets" duquel j'espère pouvoir tirer un projet d'article quand je suis en manque d'inspiration pour alimenter mon blog. Pourtant, est-ce que je ne suis pas toujours arrivé jusqu'ici à survivre sans difficulté avec un réservoir qui ne contient que 2 ou 3 titres d'articles dont je ne me rappelle même plus à quoi ils font référence ?

    Finalement ça a du sens : peu à peu, je peins comme je vis et je vis comme je peins. L'insécurité, la "peur de manquer" véhiculée par notre société de consommation, est relayée par la confiance dans ma capacité à réagir utilement, efficacement, pertinemment au moment opportun en tenant compte de ce qui importe au moment de l'action. C'est la technique du "je suis prêt, on verra bien" comparée à celle du "parer à toute éventualité, on ne sait jamais".

    Mis en œuvre de façon radicale dans notre société de consommation, vivre dans l'instant ("on verra bien") peut mener celui qui procède ainsi à la marginalité et à l'incompréhension de la part ceux qui projettent sur lui leur angoisse de vivre ainsi. Mais il est sans doute salutaire de mettre une dose d'instantanéité dans une vie où tant de choses nous renvoient à la peur du lendemain. Un subtil équilibre à trouver pour garder le contact social, qui permet le partage, tout en préservant l'insouciance libératrice qui caractérise l'homme tranquille.

  • Le Youkounkoun n'est pas la vie !

    Ssadeeba 1

    Ssadeeba 1 - Acrylique sur carton toilé - 50x70 - 2016

    Reprenons : 1 - Ce que je peins s'apparente à l'Abstraction Lyrique. 2 - Je me retrouve dans la posture définie par Georges Mathieu, son inventeur : rapidité, pas de préparation du geste, pas de référence de forme, concentration. 3 - Il résulte de cette posture qu'avant de peindre je dois me sentir prêt mentalement.

    J'envie parfois le poisson rouge à la mémoire volatile : pour lui, la découverte est systématique et permanente. Pour moi, plus je produis, plus la posture est compliquée à gérer : faire un "geste coloré" de plus n'a aucun intérêt. Comme je l'évoquais au début de mon précédent billet, j'ai besoin de me surprendre. Résultat : devant chaque nouvelle toile, je ressens la pression de faire autrement ou différemment pour produire de l'inattendu.

    Mes premiers actes devant la toile font le plus souvent appel au connu dans la façon de poser les couleurs et d'effectuer les premiers gestes. Mais ensuite, tout devient possible à condition de ne pas vouloir aboutir à un résultat précis. C'est sans doute ainsi que naissent les séries d'œuvres. Tant que le créateur navigue dans l'inconnu, il continue à explorer l'espace dans lequel il se trouve. Un jour, il comprend comment y entrer et en sortir à sa guise ; y rester n'a alors plus de sens dans la mesure où cela ne satisfait plus son esprit d'aventure, ce qui le fait vibrer.

    L'analogie avec l'auteur-compositeur-interprète est évidente : sur un nouvel album, certains titres font l'unanimité par leur originalité, leur rythme, leur couleur musicale, leur texte... et d'autres non : on a le sentiment de les avoir déjà entendus.

    Ssadeeba 1 est probablement le début d'une série qui comportera des réalisations plus ou moins surprenantes, profondes, parlantes, évocatrices. Chaque toile sera une étape, un jalon du carnet d'exploration. Se donner l'objectif de produire un "Youkounkoun" artistique à chaque fois déclenche une pression invivable. C'est se focaliser sur un résultat statique, définitif. La vie, c'est le parcours, et j'ai envie d'y évoluer avec la liberté de prendre des chemins de traverse, quitte à revenir ensuite sur la route principale.

  • Les ingrédients incontournables

    Saltimbocca

    Saltimbocca - Acrylique sur carton toilé - 50x65 - 2016

     

    Accéder au marché de l'art ne se fait pas du jour au lendemain. Il m'aura fallu plus de 4 ans pour me sentir prêt à l'aborder.

    Au gré de mon expérience personnelle, j'ai identifié des ingrédients qui me paraissent incontournables. Pour être pris au sérieux et considéré par les professionnels, il faut :

    - des œuvres, en nombre suffisant et dans des formats variés. Cela rassure l'interlocuteur sur la capacité de l'artiste à produire et à mettre des œuvres à disposition. Une trentaine me semble être un minimum. J'en dispose à ce jour de 64

    - un public. Cela paraît évident, le marché de l'art étant le fruit de la relation qui se crée entre les œuvres et leur public. Encore faut-il pour l'artiste qu'il comprenne quel est son public et où il peut le rencontrer. Tout le reste n'est qu'intermédiaire

    - quelque chose à dire et savoir l'exprimer. Une histoire à raconter est un élément de valorisation pour l'artiste. La démarche exprimée (ce qui pousse l'artiste à créer) doit être crédible et sincère, même si un détail peut être modifié pour mieux toucher le public. L'artiste peut mettre longtemps à comprendre pourquoi il crée, et encore un peu plus de temps à se l'approprier avant de pouvoir l'exprimer et en parler. J'ai compris que je peins par goût du risque maîtrisé, par besoin d'oser pour dépasser le doute, pour la jouissance provoquée par le frisson d'adrénaline au moment d'engager mon geste de peintre

    - un outil de communication. Il doit permettre au public d'accéder au travail de l'artiste de façon simple et autonome. Mon site et mon blog sont les piliers de ma communication relayée, notamment, par les réseaux sociaux et via mes cartes de visites lors des salons

    - des interlocuteurs référents et de confiance pour progresser. Ces personnes, découvertes par l'artiste au fil de son parcours, sont des références auprès desquelles il vient se ressourcer régulièrement et demander un avis ou un conseil. Leur apport est d'autant plus précieux qu'il est donné avec bienveillance et sans complaisance. On peut ne pas suivre aveuglément les conseils mais on sait qu'ils ont toujours un fondement pertinent pour se remettre en question. Je suis riche aujourd'hui de 5 référents qui, chacun dans leur domaine, m'apportent une aide précieuse à des moments clés de mon évolution artistique

    - un réseau. C'est probablement ce qui met le plus de temps à construire car c'est la qualité de tout ce qui précède qui déclenchera l'intérêt de l'interlocuteur. Un amateur d'art, un collectionneur, un galeriste, un agent d'artistes, un organisateur de salon, un mécène, un chef d'entreprise seront touchés par l'œuvre, visiteront le media et contacteront l'artiste. Tout doit alors être prêt, au bon moment, pour provoquer la rencontre et générer, peut-être, bien plus qu'une transaction... Et si un seul ingrédient manque, sauf exception, rien n'arrivera !

  • L'artiste est-il vexé ?

    Hakochi 5Hakochi 5 - Acrylique sur papier - 21x30 - 2016

    L'œuvre illustrant mon article du 11 avril a déconcerté (au moins) deux lecteurs qui n'y retrouvaient pas l'ampleur et l'harmonie des gestes présents sur les œuvres précédentes. L'ambiance relativement sombre (faussement rendue par la photo) ne leur permettait pas non plus de retrouver les contrastes qu'ils apprécient en général dans mes "gestes colorés". Au moment où il me faisait part de son sentiment, mon interlocuteur était presque gêné de me le dire. Mais notre relation de confiance imposait qu'il le fit.

    Je conçois qu'il est délicat d'exprimer à un artiste un sentiment de rejet, d'insatisfaction ou de gêne vis à vis d'une de ses œuvres. Le spectateur imagine volontiers que l'artiste puisse en être vexé, compte tenu de l'affection de ce dernier pour le fruit de son travail, le temps - peut-être long - qu'il a pris pour le réaliser.

    Ce n'est pas toujours le cas. Au fil des expositions et des discussions avec mes collègues exposants, je constate que nous avons souvent le même type de rapport à nos œuvres. Certaines nous plaisent, d'autres moins. Parfois, l'attachement d'un artiste à son travail est tel qu'il fixe un prix très élevé, sans rapport avec celui d'œuvres comparables.

    L'artiste qui est vexé a parfois un ego surdimensionné, ce qui peut êtrele cas des génies. Il est aussi possible qu'il manque de recul sur sa pratique artistique. S'il produit des œuvres en espérant qu'elles plaisent, il ouvre la porte à la déception. Si le spectateur n'aime pas et le dit, l'artiste sera déçu/vexé. Si le spectateur n'exprime pas son sentiment, l'artiste sera dans l'ignorance ou l'illusion. Ce n'est que par la remise en question permanente de qui il est à travers ce qu'il fait que l'artiste peut progresser, avancer, évoluer.

    Le regard critique et bienveillant de ceux qui me suivent est TRES important pour moi. Je suis le premier à me rendre compte que je ne peins plus toujours comme avant. Que cela plaise ou non, je n'y peux rien. Je n'expose pas mes œuvres si je les trouve belles. Je le fais en prenant en considération des critères d'équilibre et d'harmonie au niveau des couleurs, des pleins et des vides. Dans chaque toile, il y a qui je suis au moment où je la réalise. On y voit mes doutes, mon ras-le-bol, ma joie libératrice et probablement beaucoup d'autres sentiments. Je n'en prends parfois conscience qu'à travers ce que ressentent les spectateurs... à condition qu'ils me le disent ! Ils me permettent ainsi d'y voir clair sur moi-même et d'aller plus vite à l'essentiel. Accessoirement, il y a bien longtemps que je ne ressens plus le sentiment d'être vexé...

  • Inventaire hivernal

    YomiaYomia - Acrylique sur carton toilé - 50x70 - 2016

    L'hiver a été long. Avec les quelques belles journées de la semaine passée et l'arrivée de l'heure d'été, j'ai l'impression de lever la tête de mon ordinateur après 3 mois de travail le nez sur mon écran et le sentiment qu'il ne s'est pas passé grand-chose. Dans cette situation, la meilleure des attitudes est de faire une pause pour prendre le temps d'un regard en arrière : le bilan du trimestre est loin d'être négligeable, avec notamment :

    - 12 nouvelles œuvres

    - 8.000 visiteurs et 30.000 pages vues sur mon site (contre 6.000 visiteurs 22.000 pages vues sur toute l'année 2015. Aujourd'hui, si vous tapez "Denis Fournier" sur Google, j'arrive en première position :-))

    - 8 expos et salons déjà programmés sur l'année (contre 3 seulement en 2015) et 2 autres en attente de réponse

    - un réseau de professionnels de l'art qui s'étoffe : artistes peintres et photographes, coach d'artistes, galeristes, organisateurs de salons

    - une 2ème place au Prix du Public sur le Salon auquel j'ai participé sur MyRankart.com. Et j'ai appris aujourd'hui que l'une de mes œuvres fait partie des 70 pré-sélectionnées (sur 648) pour le Prix du Jury - résultat final le 20 avril...

    Tout cela est le fruit de mes actions sur les réseaux sociaux, des 1.300 mails envoyés pour solliciter mon réseau et partager mon actualité, de la trentaine d'articles rédigés sur mon blog ou pour présenter ma candidature à des salons... mais c'est aussi le fruit de la fidélité de mon réseau, de la promotion qu'il fait de mon travail et de ses encouragements sans lesquels ma vie d'artiste serait bien solitaire.

    Autrefois, c'est à mon (ma) supérieur(e) hiérarchique que je faisais ce type de compte-rendu. Je me creusais parfois la tête pour que cet inventaire "à la Prévert" soit le plus exhaustif, le plus long et le plus positif possible. La sanction espérée était une augmentation ou une prime. Aujourd'hui, la sanction est la satisfaction de voir les efforts se traduire en résultats concrets qui montrent que j'améliore ma visibilité, objectif de mon année 2016.

    C'est un socle indispensable pour réaliser l'objectif suivant : vendre, pour tenter de (sur)vivre de mon activité artistique. On en reparle en fin d'année ;-) !

  • Visite surprise

    Olivier dassault 1Le député de l'Oise, Olivier Dassault, et Olivier Paccaud, vice-président du Conseil Départemental de l'Oise
    devant mes toiles à Beauvais

    Ma première expérience en tant qu'invité d'honneur au 10è Salon de l'Art en Mouvement des Artistes du Beauvaisi est des plus agréables.

    En premier lieu, je dispose d'un espace exceptionnel au sein du salon qui me permet d'accrocher 18 toiles, en majorité des grands formats.

    C'est fut l'opportunité, lors du discours d'inauguration, d'entendre des choses agréables sur mon parcours artistique et mon travail.

    Le député de la 1ère Circonscription de l'Oise, Olivier Dassault, a fait au Salon l'honneur de sa présence, prenant le temps de parcourir chacun des stands et de faire une sympathique allocution au cours de laquelle il a, entre autres, mis à l'honneur l'art abstrait et les artistes en général.

    Lui-même artiste photographe porté sur l'abstrait (il expose actuellement ses œuvres à Holywood), il a, pour terminer son discours, utilisé une formule que j'ai trouvé fort poétique : "La photographie est un instant qui ne reviendra pas, la peinture le fera évoluer, pourvu que l'esprit s'y intéresse encore".

  • Au printemps, les expos bourgeonnent !

    Nadai 1

    Nadai 1 - Acrylique sur toile - 60x20 - 2016

    Avec le printemps débute la saison des... expositions printanières.

    Outre la réalisation de quelques œuvres, mon hiver 2016 a été consacré à la préparation de dossiers d'expositions et à la gestion de réseau. Cela avec un certain succès puisque, d'ici fin juillet, mes œuvres seront présentes à 7 reprises lors d'évènements et salons qui dureront d'un week-end à un trimestre.

    Dans le détail, l'agenda sera le suivant :

    - du 2 au 10 avril, invité d'honneur au 10è Salon de l'Art en Mouvement des Artistes du Beauvaisis, à Beauvais (60) - 12/15 œuvres présentes

    - du 9 au 17 avril, exposant au 22è Salon du Colombier, à Saint Arnoult en Yvelines (78) - 3 œuvres sélectionnées par le jury

    - du 3 mai au 28 juin, 10 gestes colorés récents présentés à la 3è Biennale d'Art en Beauce, à la Médiathèque de Toury (28)

    - du 21 au 29 mai, exposant au 7è Salon Gilles Anger à Rouxmesnil-Bouteilles, près de Dieppe (76) - une dizaine d'œuvres de différents formats

    - les 18 et 19 juin au Château de Waleffe, en Belgique

    Je serai également amené à présenter des œuvres dans 2 entreprises à Créteil (94) - juin/juillet - et Vélizy (78) - de mai à juillet, avec une dizaine d'œuvres pour chacune.

    Comme vous le voyez, "ça bourgeonne" ! ;-)

    Les lieux précis et les horaires sont accessibles à partir de la rubrique "Actualité" / "Agenda 2016" de mon site.

  • Etat d'urgence

    GoranasaiGoranasai - Acrylique sur toile - 61x50 - 2016

    Le thème du plaisir est pour moi récurent. Une discussion avec un ancien collègue d'entreprise l'a remis en lumière.

    Mon camarade évoquait à mon propos le côté merveilleux de pouvoir faire de sa passion son activité professionnelle. Une fois de plus, je me suis senti incapable d'acquiescer. Une fois rentré à la maison, je me suis dit que c'était le moment d'approfondir le sujet et de mettre au clair ma pensée.

    Plaisir... Passion... J'ai repris dans le dictionnaire la définition de la passion : "État affectif intense et irraisonné qui domine quelqu'un". C'est proche de ce que je ressens. A certains moment, le besoin de peindre me domine et je ne peux pas être tranquille avant d'être passé à l'acte. C'est donc ça la passion.

    J'ai ensuite regardé la définition du plaisir : "état de contentement que crée chez quelqu'un la satisfaction d'une tendance, d'un besoin, d'un désir". En général, après le plaisir, il y a une pause, un moment de calme parce que le besoin est rassasié, le désir est assouvi ; c'est l'état de satisfaction et on peut alors passer à autre chose. On parle du plaisir de manger ou de boire et il est intense lorsqu'on a faim ou soif. Mais lorsqu'on est déshydraté ou affamé on ne ressent pas le plaisir. On sait simplement qu'en buvant on fait quelque chose de vital.

    Ce matin, j'entendais une chanteuse, auteure-compositeur, qui parlait de la création d'un texte. Elle évoquait une sorte d'état d'urgence, un besoin irrépressible d'exprimer par des mots un état intérieur. Je me suis retrouvé dans cette évocation.

    Dans l'action de peindre, je sens quelque chose d'absolument nécessaire. Ce n'est peut-être pas vital mais si je ne passe pas à l'acte je ne fais qu'y penser. Alors : plaisir / passion ? Je ne peins pas pour satisfaire un désir mais pour exprimer quelque chose. En tous cas une chose est sûre : j'aime ça !

  • Ne pas se tromper de cible

    Otoukhan 1

    Otoukhan - Acrylique sur carton - 50x70 - 2016

    C'est comme une vaccination avec rappels : certaines situations doivent se produire plusieurs fois pour que la tête intègre comment réagir. La semaine dernière, j'évoquais la "stratégie des œuvres". Il existe aussi des postures stratégiques à adopter selon les circonstances.

    Par exemple lorsque l'inspiration refuse de montrer le bout de son nez. C'est comme pour soigner une tendinite : la première fois, on se dit que ça va passer en faisant attention. Parfois ça passe, mais il arrive que non seulement ça ne passe pas mais que ça s'aggrave. Quand on se décide à aller consulter, il faut plusieurs semaines de kiné avant de retrouver des moyens. Et on se dit que la prochaine fois, on ira consulter tout de suite. Malheureusement, si la tendinite suivante se produit des années plus tard, cette bonne résolution est tombée dans l'oubli et on recommence la même erreur.

    Avec le manque d'inspiration, c'est un peu pareil. La première fois, je n'ai pas compris ce qui se passait et je n'ai pas su comment bien gérer la situation. Je me suis inquiété. Après quelques jours, j'en ai parlé, j'ai été rassuré et l'inspiration est revenue. Je me suis dit que la prochaine fois, je me souviendrais de l'expérience pour la gérer plus facilement.

    La deuxième fois, je me suis rendu compte que la leçon avait porté ses fruits. Il s'est ensuite passé plusieurs mois avant que je ressente un nouveau défaut d'inspiration... et l'inquiétude est revenue. Pour en sortir le plus vite possible, la meilleure posture à prendre est de se remettre aux pinceaux sans porter de jugement sur ce que l'on produit. On ne doit pas se tromper de cible : au lieu de chercher à retrouver l'inspiration, il faut consacrer son énergie à mettre de la distance avec son inquiétude. C'est elle, le problème, pas l'inspiration !

    Finalement, la répétition des difficultés peut être utile pour s'exercer à conserver le réflexe de la posture salutaire.

     

  • Mon "quart d'heure" Andy Warhol

    Tissayoxa 13Tissayoxa 13 - Acrylique sur carton toilé - 20x20 - 2015

    Dans les années 60 et 70, Andy Warhol a exprimé à plusieurs reprises que chacun aurait, dans le futur, son "quart d'heure de célébrité". L'universalité des media le rend possible, à condition, bien sûr d'être visible et remarquable, dans le sens d'avoir quelque chose qui suscite l'intérêt de celui qui écoute ou regarde.

    J'ai vécu cette semaine une expérience étonnante. Le mercredi 24 février 2016 a été diffusée une émission télévisée sans rapport avec l'art et à laquelle je participais. Lors de son enregistrement, au mois de janvier, et sans que cela soit prévu, j'avais eu l'opportunité de parler de mon activité de peintre et de donner l'adresse de mon site internet. Après coup, j'ai pensé que cela procurerait 10, 50, voire 100 visites supplémentaires et j'en étais déjà très heureux.

    Au moment de la diffusion, le hasard a voulu que je sois connecté sur mon site. Dans les secondes qui ont suivi l'annonce de l'adresse "denisfournier.com", celui-ci est devenu inaccessible, comme si le "standard" avait sauté. Quelques instants plus tard, l'accès était de nouveau possible et j'ai constaté que ce n'était pas 100 mais... plus de 2.200 visites qui avaient été enregistrées en à peine 3 minutes, et 8.000 pages vues.

    Et le feu a été long car entre 16h30 et minuit ce mercredi-là, le site a reçu 3.260 visiteurs pour plus de 13.000 pages vues. Aujourd'hui encore, 4 jours après la diffusion, l'effet se fait sentir, avec des messages d'encouragements, de remerciements, des demandes de conseils et d'informations, des commentaires, des connexions sur Facebook et une remontée à la seconde place du concours auquel je participe grâce à un afflux de votes en ma faveur.

    Cette expérience a un double effet :

    - techniquement, je sais que je dispose d'un outil capable d'absorber une charge ponctuelle importante et qu'il est pertinent dans sa présentation puisque, sur 4 jours, j'observe une moyenne de presque 5 pages vues par visiteur, 2 fois supérieure à la normale. Ça, c'est fait !
    - d'un point de vue relationnel, c'est TRES enrichissant. Des contacts ont eu lieu avec des personnes de tous âges, de toutes sensibilités artistiques, en France et à l'étranger. Ça m'a apporté davantage qu'une semaine d'expo. Cela génère un véritable boost énergétique, renforce ma confiance dans la démarche entreprise et ma détermination à poursuivre.

    Andy Warhol avait raison ! J'ai la sensation d'avoir eu mon petit "quart d'heure" grâce à la télé et internet. Je l'ai ressenti parce que j'ai pu en mesurer les effets. Pour vivre son quart d'heure, il faut y être prêt, consciemment ou non. Il faut avoir un propos et un support pour le communiquer. Et si l'on a pas de quoi mesurer, on peut l'avoir vécu sans le savoir, comme celui qui achète un billet gagnant et qui ne regarde pas le tirage du loto correspondant. Ce serait dommage ;-) !
     

  • Circulez ...!

    Circulez"Circulez !" - Acrylique sur toile - 100x80 - 2016

    "Quand l'artiste ne triche pas, le pinceau est le traceur de son électrocardiogramme. Il exprime la trace de ce qu'il est à ce moment là".

    "En sortant des autoroutes (comme celle de Picasso et Marcel Duchamp) j'ai voulu rapprocher l'art de la vrai vie".

    Ces phrases, entendues ce dimanche après-midi sur Arte dans un documentaire qui lui est consacré, le peintre Gérard Fromanger me permet d'accepter ma dernière toile : "Circulez !".

    Ce titre m'est venu immédiatement après l'avoir réalisée. Je me suis dit : "Je ne vois rien". Et c'est vrai qu'aujourd'hui, artistiquement parlant, je n'ai pas envie de "produire du geste coloré".

    Ça ne rend pas les choses simples, car je me disais sans doute inconsciemment que j'avais trouvé ma voie, mon domaine, ma patte artistique. C'est peut-être vrai mais cela ne se passera pas pour moi de façon linéaire. C'est probablement le cas de tous les artistes. Je sens que je vais prendre des chemins de traverse pour, peut-être, revenir vers le "geste coloré" avec apétit, avec envie.

    J'y reviendrai tout à l'heure, demain, plus tard... ou pas du tout, qui sait ? Pas moi, en tous cas. Ce qui est sûr, c'est que "Circulez !" est l'électrocardiogramme du jour, celui dont parle Gérard Fromanger. Peut-être cette toile représente-t-elle un "geste coloré" explosé qui, un jour, se réagrègera.

  • The Paint, Saison 5

    Watashiva 3

    Watashiva 3 - Acrylique sur toile - 100x80 - 2016

    Je regarde l'émission The Voice depuis la première saison. Avec la saison 5 qui commence, je prends conscience à quel point mon œil et mon oreille ont évolué au fil des années. Je ne la regarde plus avec le même œil, la même oreille mais toujours avec beaucoup d'émotion.

    Cette émission, avec son concept de sélection à l'aveugle, m'a aidé, au fil des années, à saisir ce qu'est la personnalité artistique. Lors des 2 premières saisons, j'avais du mal à comprendre que les coaches ne sélectionnent pas des voix que je trouvais extraordinaires et qui m'impressionnaient. En 4 années, je suis passé de l'impression à l'émotion consciente. J'ai appris à faire la part des choses entre la performance, l'intention et la sincérité.

    Saison 1 : début 2012, je me débattais avec ma copie de "La Liseuse" de Fragonard, je désespérais de comprendre comment pratiquer l'aquarelle, je tentais 5 heures par semaine de saisir au crayon ou au lavis les silhouettes des modèles. Je voulais "y arriver". Dans The Voice, il y avait ceux qui savaient chanter et ceux pour qui c'était plus... difficile, mais je reste subjugué et admiratif de l'audace des prétendants.

    Saison 2 : 2013. J'ose des couleurs improbables en peignant mes montagnes. J'intègre progressivement la notion de composition et aborde les œuvres avec un regard plus critique. A force de répétitions bienveillantes, Delphine, au Ladakh, me permet d'ouvrir certains carcans dont j'étais prisonnier. Le doute devient moteur. Je comprends la notion d'harmonie en peinture et pourquoi des toiles me touchent immédiatement, sans décodage. Dans The Voice, je découvre que ce sont la couleur et la texture d'une voix qui me donne la chair de poule et non la perfection vocale. J'ai l'impression de comprendre comment "ça" fonctionne, pourquoi le frisson arrive.

    Saison 3 et 4 : 2014-2015. Je commence cette période en faisant un peu de tout. Je copie Sorolla et Odilon Redon, je crée un livret d'aquarelles "Paris vu de la Seine". J'ai besoin de me situer, de trouver des références. Parmi elles, l'Abstraction Lyrique, Georges Mathieu et Hans Hartung deviennent des ancrages, des ports dans lesquels je me retrouve. En 2015, j'arrête les cours et ne peins plus que des gestes colorés sur des formats de plus en plus grands. Je crée mon site internet, deviens plus visible et suis grâce à cela invité à exposer dans mon premier salon. Dans The Voice, la qualité des prestations augmente mais je ne suis plus surpris lorsqu'un candidat n'est pas sélectionné. Je comprends ce que cherchent les coaches et j'accepte avec bonheur l'émotion qui m'étreint. Je me projettte dans ces jeunes artistes avec plus de confiance

    Saison 5 : 2016. Je parcours plusieurs salons et vois de plus en plus d'artistes qui m'inspirent. J'ai le sentiment qu'ils me montrent la voie. Je les aborde tous, dès lors que leurs œuvres me touchent. Sur les stands des salons, je rencontre aussi des agents d'artistes, des galeristes, responsables d'évènements artistiques. Je développe des outils de communication, utilise systématiquement les réseaux sociaux et professionnels... Plus j'explore l'histoire de l'art et l'actualité de la peinture, plus je vois de belles choses, qui me touchent et me transportent. Dans The Voice, le niveau d'ensemble devient TRES élevé. Ça rend humble... Ce que j'entends provoque plus souvent une émotion qui n'est ni une attente, ni une surprise. Je comprends comment on se retrouve sur scène, question de détermination et de hasards.

    Comme les artistes qui tentent leur chance à The Voice, je tente la mienne en présentant une candidature ambitieuse pour exposer en fin d'année. Sur 1000 dossiers soumis, une centaine seulement sera sélectionnée. L'émotion suscitera-t-elle la sélection ? La composition du dossier provoquera-t-elle l'intérêt ou, à défaut la curiosité ? Un galeriste m'a dit aujourd'hui que les nouveaux candidats sont rarement retenus. Au pire, j'aurai grimpé la première marche vers mon ambition. Cool !

  • La finalité de l'œuvre, c'est... ?

    Watashiva 1

    Watashiva 1 - Acrylique sur toile - 100x73 (40F) - 2016

    A quoi sert une œuvre d'art ? Si la question est régulièrement posée vis à vis de l'Art, celle se rapportant à l'œuvre proprement dite s'est posée hier à l'issue d'une conversation.

    Nous parlions de ma façon de peindre, de ma démarche artistique, de l'Abstraction Lyrique et de ses principes lorsque mon interlocutrice m'a posé la question de la mort qui tue : "tu éprouves du plaisir en peignant ?". Ma réponse à cette question vient maintenant sans embage ni circonvolutions : "Non ! Je n'éprouve pas de plaisir en peignant...". Ma partenaire de discussion en semblait désolée, précisant que c'était "dommage".

    Quelques heures plus tard, seul, je repensais à cet échange. Comment, depuis 4 ans, puis-je poursuivre une activité pour laquelle je ne ressens pas de plaisir ? La première raison est que si je n'en éprouve pas, je n'ai pas pour autant de "dé-"plaisir. C'est plutôt une nécessité, une épreuve, incontournable pour poursuivre mon existence. D'une séance de création, même courte, je peux sortir vidé, le cœur battant. Au final il reste l'œuvre. Elle existe parce que je me suis dit "ça va comme ça".

    Ce soir-là, j'avais fait défiler des gestes colorés photographiés sur mon smartphone. J'entendais les réactions des spectateurs. Les commentaires étaient positifs, c'était agréable à entendre. Mais le plaisir n'était pas encore là. J'assimilerais plutôt ce que j'ai ressenti à de la fierté quand l'humilité en prend un coup ;-). Le plaisir c'est ce qui a suivi : parler, échanger, partager, des émotions, des expériences, des sensations ;  créer de la complicité et stimuler la curiosité qui vont permettre d'en (sa)voir plus sur l'œuvre et sur soi-même à travers le propos de "l'autre" : celui qui est en face de soi et celui qui est en soi. Quand l'œuvre déclenche ça, elle a rempli sa mission.

    Personnellement, je sors de ces instants ravi, avec l'impression que le hasard, qui fait si bien les choses, est LA raison pour laquelle je suis toujours au bon endroit au bon moment, ici et maintenant. Il suffit de lui donner la possibilité d'exister. Et c'est là que se trouve le plaisir, prolongé, durable, celui dont on se souvient.

  • Première sélection en live

     

    Lobster 1

    Lobster - acrylique sur papier spécial - 21x30 - 2015

    Pour la première fois, ce 9 janvier 2016, je présentais des œuvres à un jury en espérant être retenu pour exposer au salon organisé en avril à Saint-Arnoult-en-Yvelynes.

    Jusqu'ici, j'avais été initiateur de mon exposition à St Mandé fin 2013, puis recommandé par un artiste convaincu auprès de la Galerie d'Aguesseau fin 2014, orienté par une vers le restaurant STROBI qui m'a accueilli en juin 2015 et enfin sollicité via mon site internet pour ma participation au Salon de Rouxmesnil-Bouteilles en novembre 2015

    Je n'avais pas encore vécu l'attente, dans le couloir, de la décision d'une dizaine de personnes réunies dans une pièce, à qui j'avais apporté des toiles qui avaient fait au préalable l'objet d'une pré-sélection par mail. Devant moi, une candidate n'avait eu qu'une toile sélectionnée sur les 3 présentées. L'artiste arrivé après moi n'en a eu aucune.

    Et pour moi ? Good news ! 3 toiles seront exposées sur 3 possibles : 2 petits formats (Lobster et Aeolidia - 21x30) et Deep up (50x70). Des œuvres à l'ambiance aquatique. Accrochage le 7 avril, exposition du samedi 9 au dimanche 17 avril. Un bon début pour une année lors de laquelle je vais essentiellement me porter candidat pour des salons d'art avec sélection.

  • Tissayoxa : je vous en offre un si...

    Serie tissayoxa

    Tissayoxa, 8 œuvres 20x20 - série en cours - 2015

    Si vous êtes le (la) premier(e) à trouver pourquoi et comment j'ai donné ce nom à cette série de tableau, je vous en offre un. J'attends avec impatience vos propositions en commentaires... ;-)

  • Déchirement ou "même pas mal" ?

    Tissayoxa 8

    Tissayoxa 8 - Acrylique sur carton toilé - 20x20cm - 2015

    Lors d'une conversation entre amis, à l'évocation de la possibilité de vendre une de mes œuvres, il m'est régulièrement demandé s'il est pour moi difficile de me séparer d'un tableau.

    La première fois que la question m'a été posée, je me suis rendu compte qu'elle ne m'avait jamais traversé l'esprit. Pourtant, si elle n'est pas fréquemment posée, elle n'est pourtant pas rare dans la bouche de ceux qui s'intéressent à ma vie artistique.

    J'ai tenté de trouver des exemples dans ce que j'avais vu et lu sur les peintres et la peinture, sans arriver à en trouver. Cela signifie que, pour les artistes professionnels, y compris les maîtres, soit la question ne se pose pas, soit il est tabou d'en parler. Je pencherais volontiers pour la première réponse. Serait-ce alors une question d'amateurs, et qu'est-ce qui fait qu'on s'attache à une œuvre plus qu'à une autre ?

    En ce qui me concerne, je ne sens aucun pincement au cœur à l'idée de me séparer d'une œuvre que j'ai produite. Probablement aurais-je plus de difficultés à quitter pour toujours une œuvre que j'aurais acquise, pour laquelle j'aurais eu un... coup de cœur.

    Tout bien réfléchi, je n'ai envie de garder pour moi et près de moi que des œuvres de jeunesse, celles qui sans être belles sont des cailloux blancs qui me rappellent d'où je viens et des émotions précises : joie, fierté, étonnement, soulagement, doute...

    Ça me donne envie de revisiter les quelques 200 dessins, aquarelles, huiles et acryliques produites depuis que je suis "né à la peinture" fin 2011, pour faire ma sélection. Pas pour m'assurer que je ne les vendrai pas, juste pour refaire le chemin. De toutes façons, elles ont à mon sens une valeur historique bien supérieure à leur valeur artistique ;-). Pour répondre à la question du titre de l'article, pour moi ce sera "même pas mal !".

  • Du plus petit au plus grand

    Apalala

    Apalala - Acrylique sur toile - 116x89 (50F) - 2015

    Ça y est ! Je suis arrivé à produire mon premier grand format. Ce que j'ai compris, en travaillant sur "Apalala", est lié à la matière, à sa qualité mais, plus encore, à sa quantité. C'est qu'il en faut, pour couvrir les 10.324cm² en comparaison avec les 400cm² des toiles 20x20 sur lesquelles je travaille parallèlement.

    La surface est 25 fois supérieure, mais il faut aussi compter avec l'épaisseur bien plus importante et le travail du fond, recommencé plusieurs fois. En effet, lorsque le résultat sur la toile ne me convient pas, je dois prendre très rapidement la décision de le garder ou de tout effacer en étalant ce qui va devenir un nouveau fond. Selon la façon dont je procède, je dois disposer d'un fond le plus lisse possible pour que le geste ne rencontre pas d'obstacle, qu'il puisse sortir du cadre sans contrainte. L'acrylique sèche très vite et si j'attends 2 minutes de trop, elle aura déjà commencé à sécher et je ne pourrai plus l'étaler correctement.

    A chaque session de travail sur un grand format comme celui-ci, c'est l'équivalent de plusieurs tubes de peinture qui sont utilisés. La fluidité de la matière a aussi son importance. Sur une petite surface, l'acrylique ne doit pas être trop fluide pour garder de l'épaisseur à la matière. Sur un grand format, une acrylique trop épaisse va freiner le geste et demander un (trop ?) grande énergie pour que le mélange des couleurs soit suffisant.

    Avec Apalala, je sais maintenant que faire plus grand est possible. Compte tenu de la surface importante et de la façon dont je travaille, je perçois ce format comme une limite... jusqu'à ce que j'aie envie d'aller au-delà.

  • Rétropédalage

    Sans titre 2

    Tissayoxa 1 - Acrylique sur panneau de bois - 20x20 - 2015

    "111 des Arts" est une association qui organise chaque année des expositions de peinture/sculpture dans plusieurs grandes villes de France. Le bénéfice généré par la vente des œuvres est réparti entre les artistes et le monde médical à l'attention des enfants hospitalisés.

    Pourquoi "111" ? Parce que chaque édition fait l'objet d'une sélection de 111 artistes et que chaque œuvre présentée est proposée à 111€.

    L'édition 2015 de "111 des Arts Paris" avait lieu en novembre à la Mairie du 8è arrondissement. J'ai décidé de présenter un dossier pour l'édition 2016. S'il est sélectionné, chaque artiste doit fournir au moins 9 pièces au format 20cmx20cm. Moi qui suis parti du format A4 et qui m'efforce de travailler "plus grand", je qualifierai mes premières tentatives en 20x20 de... difficiles.

    Le problème est le suivant : comment réduire la taille de l'œuvre en gardant l'énergie et la sincérité du geste ? Je dois pour cela oublier le problème de la taille, trouver l'outil adapté et identifier comment le manier pour ne pas me sentir limité par le format. "Tissayoxa 1" est le premier opus de la série que je prépare.

  • Autour de l'Art abstrait

    Sur fond vert 1Sur fond vert 1 - Acrylique sur toile - 50x50 - 2015

    J'ai profité du temps disponible dans la salle d'exposition pour lire.

    Dans ce qui suit, je vous fais partager des citations et extraits qui m'ont touchés, concernant l'art abstrait, extraits pour la plupart de l'excellente revue "Artension" (HS N°14).

    - Hervé Courtaigne (Galeriste) : "Dans le domaine de l'Abstraction en particulier, le peintre peint ce qu'il a besoin de peindre, et le spectateur voit ce qu'il veut. Et cela n'a rien à voir. Et cela échappe aux explications. Et ce n'est pas "abstrait" puisque c'est humain. C'est simplement "non figuratif". Seules les idées sont abstraites."

    - Gerhard Richter (artiste touche-à-tout d'exception) : "Je n'obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance ; je n'ai ni programme, ni style, ni prétention. J'aime l'incertitude, l'infini et l'insécurité permanente".

    - Michel Seuphor (un précurseur en critique d'art abstrait), à propos de l'Art abstrait : "...tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée, que cette réalité soit, ou ne soit pas le point de départ de l'artiste."

    - Yuri Levi-Kurmata (Galeriste) : "C'est un art du rêve, de la narration. On a envie de cette liberté".

    Je terminerai avec une citation de Gérard Schneider, peintre appartenant au courant de l'Abstraction Lyrique, dans lequel je me retrouve : "Il faut voir la peinture abstraite comme on écoute la musique, sentir l'intériorité émotionnelle de l'œuvre sans lui chercher une identification avec une représentation figurative quelconque. Ce qui est important, ce n'est donc pas de voir l'abstrait, c'est de le sentir. Si une musique me touche, m'émeut, alors j'ai compris quelque chose, j'ai reçu quelque chose. [...]
    L'abstrait c'est la libération de tout conditionnement extérieur, c'est l'aboutissement d'un processus de création individuelle, de développement personnel dont les formes n'appartiennent qu'à moi-même. J'assimilerai cette démarche à l'improvisation musicale : quand je fais du piano pendant plusieurs heures, il m'arrive d'improviser en fonction d'un état psychologique précis ; en peinture quand je prends une brosse ou un pinceau, une mécanique de création se déclenche et ma main vient porter un signe, préciser une forme, qui dépend de mon état interieur; c'est une improvisation, une création spontanée."

  • Il y a salon et salon...

     

    Rouxmesnil vernissage

    J'ai découvert une manifestation que je ne connaissais pas : la "Fête du hareng", qui a lieu à Dieppe un WE par an. Cette année, pas de bol : c'était le jour de l'ouverture du 7ème salon de la création artistique de Rouxmesnil-Bouteilles, auquel je participe en tant qu'exposant. Résultat : le samedi 14 novembre, le chaland était plus proche du chalut que du chalon ; pardon... du SAlon.

    Les derniers que j'ai visités avaient lieu à Paris, pendant la FIAC, et place de La Bastille. Au menu : bousculade, chaleur, bruit, dizaines (centaines ?) d'exposants. Je me demandais de quoi avait l'air un salon en province, en périphérie d'une ville moyenne. A Rouxmesnil-Bouteilles, c'est plus calme, plus discret. Les échanges avec la vingtaine d'artistes présents sont cordiaux et détendus. Ce sont 350 visiteurs sur un WE, contre plusieurs milliers pour un salon parisien.

    Ça laisse le temps de se promener dans les allées, de discuter avec les collègues exposants, de parler art, technique, de nos histoires et de nos projets. J'ai même rencontré une artiste qui s'est révélée être une ancienne collègue de l'industrie. Peut-être aurons-nous dans l'avenir des projets communs.

    Le plateau artistique est de bonne facture. Tous les styles et techniques sont représentés : portrait, paysage, abstrait, sport, huile, aquarelle, acrylique, matières et matériaux variés. C'est le concept de ce salon dont l'organisatrice s'efforce de faire chaque année un évènement où chacun peut trouver son bonheur.

  • Ça va comme ça !

    Deja

    Déjà ? - Acrylique sur papier - 21x39 - 2015

    Sur les conseils d'un ami, j'ai commencé la lecture de "L'histoire de l'art" écrite par Ernst Gombrich. Dès les premières pages, j'ai compris pourquoi ce livre est une référence en la matière : le propos est limpide, exprimé avec simplicité, retraçant avec humilité et objectivité l'histoire de l'art.

    Dans son introduction, Gombrich évoque "ce qui préoccupe l'artiste lorsqu'il imagine son tableau" et l'idée que le grand public s'en fait.

    L'auteur souligne qu'il est parfois délicat de traduire avec des mots ce qui se passe dans la tête de l'artiste lorsqu'il se demande s'il a atteint son point d'achèvement. "Peut-être se demande-t-il tout simplement si 'cela va comme ça'".

    Pour mieux encore le faire comprendre, Gombrich poursuit en disant "qu'il serait difficile de trouver quelqu'un qui n'eût quelque notion, si modeste soit-elle, de ce genre de problème. Quiconque a arrangé une gerbe de fleurs pour la présenter sous son meilleur jour sait ce qu'est répartir les couleurs, enlever ici pour rajouter là, en un mot équilibrer des formes et des couleurs sans trop savoir précisément quel type d'harmonie il poursuit. Nous sentons bien qu'une tache rouge ici ou là change tout, que ce bleu, qui est beau en lui-même, ne "va" pas avec les autres...". Jusqu'à ce que l'on se dise "c'est bien, il ne faut plus y toucher". 

    En parcourant ces lignes, le lecteur comprendra que terminer une œuvre est d'abord une question de sensibilité artistique avant d'être un geste technique.

  • What's your name ?

    Le souffle et la joie

    Giverny ride - Acrylique sur toile - 30x40 - 2015

    Quel nom donner à une toile ? Ce n'est probablement pas la première fois que j'aborde le sujet, mais jamais la question ne m'est parue aussi problématique.

    Trouver un nom n'a jamais été difficile mais il m'est venu à l'esprit que si je fais de l'abstraction (lyrique, en l'occurrence), donner à une œuvre le nom d'une représentation figurative n'a pas de sens.

    En regardant cette toile, je n'ai pas vu des formes mais j'ai ressenti les sensations d'une randonnée cycliste le long des boucles de la Seine en août 2014, du côté de Giverny. Le bleu du ciel, le son du vent dans les peupliers, la pureté de l'air intensifiant les contrastes, j'ai tout retrouvé dans "Giverny ride".

  • Y'a du réseau ?

    Second life

    Second life - Acrylique sur toile - 33 x 24 (4F) - 2015

    Le challenge de l'année 2014-2015 a été de mettre des mots sur ma démarche artistique et de prouver que j'étais capable de produire des œuvres sur moyen et grands formats. Celui de 2015-2016 sera de me faire connaître davantage.

    Pour cela, il faut exposer et pour exposer... il faut se faire connaître auprès des galeristes et des personnes qui ont accès au marché de l'art. J'ai une offre substantielle mais pas de passé artistique et ne dispose pas d'un réseau dans ce domaine.

    Je ne souhaite pas tirer dans tous les sens sous prétexte de me faire voir. J'entends mettre mon énergie sur des pistes constructives. J'ai la chance de disposer d'un réseau amical et professionnel (issu de ma vie en entreprise) qui forme un public répondeur et bienveillant. Bien évidemment, je vais continuer à le solliciter et à le nourrir de mon actualité mais je dois désormais investir davantage auprès d'un public qui a "pignon sur l'art".

    Après avoir créé mon site internet, mis des œuvres sur des galeries en ligne, partagé mes articles sur les réseaux sociaux, je me suis mis cet été à Twitter. Je découvre par ce media des artistes talentueux du monde entier, j'ai accès à des news artistiques ciblées et la possibilité de partager ce que je fais auprès d'un public très large.

    Il y a des codes à connaître et à comprendre pour rendre sa communication efficace, notamment le "hashtag", dont l'utilisation premet de recenser les partages sur un thème donné. Vous retrouverez derrière le hashtag #Gestecoloré plusieurs œuvres que j'ai "tweetées".

  • Quand est-ce que j'arrête ?

    Green moon

    Green moon - Acrylique sur carton - 50x70 - 2015

    J'ai produit, ces derniers jours, 4 toiles de différents formats, du F4 (33x24) au F40 (100x81) : comme j'y travaille désormais, je me suis efforcé de peindre sans me donner de contraintes, d'agir sur l'instant, sans laisser la raison ou la réflexion guider les premiers gestes, et même parfois les suivants.

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  • Enfin ouverte...!

    Kandinski

    Kandinski - Gelb-Rot-Blau - 1925

    Le 21 février dernier, je regrettais de ne pas avoir pu accéder aux collections d'art moderne du Centre Pompidou, cette partie du musée étant en réfection.

    Je rêvais de voir les œuvres de Kandinski "en vrai". Ça, c'est fait, car les salles d'art moderne sont de nouveau accessibles au public !

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  • Un moment dense et léger

     

    Expo Strobi : la salle

    Le restaurant STROBI : la salle et les œuvres exposées, que chaque convive peut voir

    Avec "Dimensions colorées", j'ai organisé le 11 juin mon 3ème vernissage.

    Pour la première fois, je n'avais aucune idée du nombre de participants. Lors des 2 précédentes expos, le travail de communication avait commencé 5 à 6 semaines en amont, ce qui avait donné le temps d'assurer la présence de personnes auxquelles je tenais particulièrement.

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  • Je comprends Cézanne

    5 nuances br

    5 nuances... - Acrylique sur papier spécial - 21 x 30 - 2015

    Cézanne avait une obsession : trouver une nouvelle façon de peindre. Il y parviendra puisque certains le considèrent comme le peintre de la modernité, ouvrant la voie aux artistes du XXè siècle.

    J'avais été marqué par la lecture de la biographie de Cézanne par Bernard Fauconnier, qui rapportait à quel point la quête de Cézanne le coupait de tout, notamment de sa famille qu'il consédérait comme une gêne dans son activité créatrice. A une certaine période de sa vie, l'affection que Cézanne était censé porter à sa femme Hortense et à son fils Paul junior détournait l'énergie dont il avait besoin pour créer. Vers la fin de sa vie, il ne rentrait plus chez lui, préférant dormir dehors dans une cabane, évitant ainsi de disperser son énergie et sa concentration.

    A ma modeste échelle, je comprends aujourd'hui sa posture. Je mène depuis plusieurs mois des projets qui ne me permettent plus d'avoir l'esprit suffisamment libre pour créer comme je devrais selon moi le faire. Je l'accepte sans hésiter car je considère ces projets prioritaires. Je perçois cependant à quel point créer me demande de l'espace-temps, de me libérer de certaines contingences pour être à-même de "lâcher", d'être moi-même lorsque je peinds.

    Une fois de plus, j'apprends avec la peinture (en l'occurence avec la "non-peinture"). Il m'importe d'être pleinement concentré sur ce que je fais au loment où je le fais. Si je ne peinds pas, ce n'est pas par manque de quoi que ce soit. C'est simplement par ce que mes choix ont déterminé que ce n'est pas le moment.

  • Peindre d'instinct : réflexions

    Jumping scissor br

    Jumping scissor - Acrylique sur papier spécial - 21 x 30 - 2015

    Je me remémore régulièrement les principes de l'abstraction lyrique : primauté accordée à la vitesse d'exécution, pas de préexistence des formes, pas de préparation du geste, état second de concentration.

    Quid de l'instinct dans tout cela ? Je sens qu'il a sa place mais je me rends compte qu'il est difficile à mettre en œuvre. J'ai tellement été conditionné par la nécessité de la raison et le contrôle des émotions pour rester "dans le moule" que l'instinct est difficile à retrouver.

    Je le sens pourtant essentiel à ma démarche. L'instinct est le lien entre qui je suis et ce qui existe sur la toile. Ce que je ne peinds pas d'instinct est réfléchi et n'est donc plus sincère. Peut-être est-ce pour cela que j'ai du mal à parler de plaisir dans mon activité d'artiste-peintre. L'instinct et le plaisir peuvent-ils cohabiter dans la même action ? En posant cette question, j'ai l'impression de retourner dans mon cours de philo de terminale ou de me retrouver à l'épreuve du bac. La différence est qu'aujourd'hui, je dispose du temps et de l'expérience pour trouver des réponses.   

     

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  • Où exposer ?

    Aeolidia br 1Aeolidia - Acrylique sur papier spécial - 21 x 30 - 2015

    En 2015, je recherche des lieux d'exposition. J'en ai déjà trouvé 3 qui cumulent une durée d'environ 3 mois 1/2.

    J'ai contacté de nombreuses galeries et salons et commence à comprendre comment cela fonctionne.

    Je classerais les lieux d'exposition en 4 catégories :

    1. les Galeries gratuites : elles n'ont pas d'activité proprement commerciale et l'exposition d'œuvres sont le plus souvent un élément de notoriété et d'image. Les restaurants, entreprises ou commerces qui exposent dans leurs locaux sont le plus souvent dans cette catégorie, laissant l'artiste gérer la communication et les relations avec les éventuels clients

    2. les Galeries payantes : elles ont pignon sur rue et doivent être abordées avec prudence. Il y a celles qui croient au potentiel de l'artiste, qui vont promouvoir son travail en utilisant leur réseau et qui l'accompagneront pour l'aider à développer son activité et progresser dans sa démarche. D'autres sont moins actives, promettront monts et merveilles à l'artiste moyennant un coût et ne font ensuite aucun travail sérieux de promotion ? C'est de l'escroquerie pure et simple et ces entreprises sont à fuir

    3. les Salons et marchés : cela passe en général par la présentation d'un dossier avec biographie, CV, présentation de la démarche artistique et photos des œuvres que l'on compte exposer. Une première sélection fait parfois passer le dossier en Comité qui prononcera l'acceptation définitive. A partir de là, se pose la question financière, qui n'est pas toujours connue à la présentation du dossier. Cela peut représenter une somme modique (ex : 20€ pour 1 semaine d'expo dans un salon municipal en province) pour gérer les frais de dossiers, chaque artiste disposant d'une surface dédiée pour exposer. La somme peut être très importante pour des Salons comme celui de La Bastille (1764€ pour 6m² pendant 4 jours). Selon mon ressenti, plus la somme est importante, moins l'aspect artistique est pris en compte. A chacun de choisir son lieu d'exposition en fonction du bénéfice notoriété/visibilité/chiffre d'affaires qu'il compte en tirer

    4. les opportunités ponctuelles : ce sont tous les autres lieux possibles, procurés en ce qui me concerne par le réseau amical ou familial. L'artiste profite d'un évènement pour amener tout ou partie de sa production et exposer ses œuvres et sa démarche. Cela demande une organisation efficace car la mise en place et le remballage doivent être rapides, le transport simple et sécurisé pour ne pas abîmer les œuvres.

    J'ai à ce jour expérimenté les catégories 1 et 3. En 2015, sont planifiées une expo dans le cadre d'un restaurant (3 mois), un marché artisanal sur un WE et un salon d'une dizaine de jours en province. J'ai contacté plusieurs autres salons et galeries qui sont pour la plupart déjà bookés pour toute l'année 2015. Les appels de dossiers d'inscription sont fait 8 à 10 mois à l'avance, décembre et janvier étant la période charnière.

    Dans les prochains articles, je vous ferai partager les coulisses des expériences à venir.

  • La fascination du négatif

     

    Balrog brBalrog - Acrylique sur carton - 50 x 70 - 2015

    "Balrog" est une œuvre particulière. Comme tous mes gestes colorés, elle ne représente rien, ce qui est l'essence de l'abstraction, si ce n'est un monde intérieur sur lequel je n'ai pas de prise.

    Parmi mes créations colorées, il en est pour lesquelles j'ai de la tendresse, de l'affection. Certaines ne me parlent toujours après un an passées au mur et pourtant je les y laisse accrochées et d'autres sont remisées et ne seront jamais présentées. Je les garde juste à titre historique, ne serait-ce que pour me rappeler que ce que je fais ne me plaît pas toujours.

    Et puis il est des œuvres qui me fascinent. Non parce qu'elles sont plus belles que les autres mais parce qu'elles représentent pour moi une énigme. Mon entourage y est moins sensible. La lumière et les couleurs vives y sont souvent moins présentes. Elles sont moins accessibles et même potentiellement déstabilisantes. Quelque chose "touche" sans que l'on sache précisément pourquoi... ou peut-être ne veut-on pas se l'avouer parce qu'elles évoquent des sentiments ou notions négatifs : la peur, la violence, la colère, l'indifférence, l'intolérance, la difformité.

    Alors pourquoi avoir envie de regarder ces œuvres ? Qu'est-ce qui attire notre œil lorsqu'on passe à proximité ? Chacun a la réponse en soi mais n'est pas toujours capable de la faire émerger. Ce que l'on voit réveille en nous des sensations que l'on aime pas vivre et, pourtant, nous sommes comme aimantés, obligés de regarder, comme quand, enfant, le soir, il fallait absolument regarder sous son lit pour s'assurer qu'il n'y avait pas de monstre.

    Certaines œuvres nous permettent de faire le point sur "où on en est" vis à vis de ce que l'on ressent et de pourquoi on le ressent. Plus j'avance, mieux je comprends que la peinture est un miroir de notre vécu. Il suffit de s'observer en la regardant.

  • Double détente

    EffusionEffusion - Acrylique sur papier spécial - 30 x 21 - 2015

    Etrange discussion que celle que j'ai eue voici quelques jours avec un artiste qui œuvre dans un domaine différent de la peinture.

    Ce soir-là, j'exposais dans le lieu de notre rencontre une vingtaine de geste colorés. J'avais également apporté quelques gouaches et aquarelles, me disant qu'elles pourraient peut-être intéresser les personnes de l'assemblée qui ne seraient pas sensibles à la peinture abstraite.

    Voyant la variété de ma production, mon interlocuteur a d'abord signifié son intérêt pour certaines toiles abstraites. Après avoir vu mes aquarelles sur Paris, il m'a fait part de sa satisfaction de constater que je savais dessiner. Pour lui, si un peintre ne sait pas dessiner correctement, sa production abstraite ne mérite pas d'être considérée de la même façon que s'il "sait", s'il a prouvé qu'il est "capable". Une double détente, en quelque sorte, le second coup ne pouvant partir que si le premier a été tiré.

    A la fierté que j'avais d'être considéré par cet artiste, venait se mêler une certaine confusion. Je pensais alors : "bienheureux celui qui peint des œuvres abstraites sans être passé par la case apprentissage". Cela signifie qu'il dispose d'une sensibilité immédiatement accessible, parce qu'elle n'a pas été déformée, enfouie comme la mienne a pu l'être sous des dictats culturels et sociaux concernant l'art et les artistes. Il m'a fallu beaucoup de temps pour la comprendre et pour y croire.

    Je comprends aussi que celui qui est fier d'une production et d'une reconnaissance obtenues à force de travail recherche chez celui qui revendique, explicitement ou non, faire partie de son monde, la preuve que la poursuite de l'excellence est inscrite dans son parcours.

    J'ai pris conscience, ce soir-là, que, pour moi, la technique doit être absente de ma posture créatrice. Si j'y pense, je ne serai pas dans la vérité. Cela remet encore un peu plus en cause l'idée que j'avais du travail du peintre. Chacun a la sienne, fruit de son histoire. En ce qui me concerne, lorsque je peins, je ne cherche plus à "faire"... juste à "être".

  • Ange créateur et démon impatient : la bagarre !

    Bigger one

    L'ange créateur - Acrylique sur toile - 92 x 73 (F30) - 2015

    C'est le moment ou c'est pas le moment ??? La question me hante depuis plusieurs jours.

    J'ai compris mon fonctionnement de créateur : je dois sentir que "c'est maintenant" pour m'y mettre. Avant, je ne savais pas ce qui se passait, je m'inquiétais de ne pas avoir envie ni besoin de peindre. Depuis que je sais que c'est normal, j'attends de sentir "le" moment. Mais le fait d'attendre vient polluer négativement (pléonasme ?) ma posture. Je passe plus de temps à me dire "c'est pas maintenant" qu'à ne pas y penser et laisser l'envie grandir. Mon impatience refoulée ressurgit et me dit "vas-y quand même". En définitive, c'est la bagarre entre l'ange créateur et le démon impatient, le premier ne voulant pas gâcher l'énergie patiemment accumulée jusqu'ici et le second soufflant à l'oreille  : "si tu n'essayes pas tu ne sauras pas !".

    C'est comme avec un vin que le propriétaire pense prometteur et dont il n'a qu'une bouteille. A partir d'un certain temps de garde, le gourmet doit décider si c'est le bon moment pour l'ouvrir. Il est excité par l'idée de déguster/savoir et inquiet d'être déçu de l'avoir fait trop tôt.

    Je me rends compte que j'intellectualise beaucoup mon activité artistique. Je passe plus de temps à penser, lire, ressentir et m'imprégner de sensations qu'à travailler physiquement, concrètement, le geste et la couleur. Je me dis qu'aujourd'hui, créer est pour moi un aboutissement qui remet le compteur à zéro. A partir d'une création, une nouvelle période s'ouvre, qui durera une heure, une semaine, un mois, au cours de laquelle les expériences, les rencontres, les sensations alimenteront ma réflexion et feront grimper ma jauge énergétique jusqu'à un nouvel acte créateur.

  • C'est un plaisir et... ça fonctionne !

    Camara mon musee 201503 redim

     

    J'ai fait les comptes : 130 œuvres attendent patiemment leur sort : une douzaine sur toiles, une dizaine sur carton et carton toilé, 25 sur papier spécial et environ 80 sur papier classique, principalement des aquarelles et gouaches.

    Le stockage des œuvres est un problème à gérer pour qu'elles soient conservées sans se détériorer et tout en restant accessibles. C'est en partie pour cette raison que je choisi parfois de peindre sur carton toilé, 6 fois moins épais qu'une toile. Si c'est plus pratique à stocker, ce n'est pas toujours une bonne idée car certains salons de peinture auxquels je me porte candidat demandent exclusivement d'exposer des toiles sur chassis.

    Chez moi, j'ai équipé les murs de plusieurs pièces avec des rails pour cimaises. Je peux ainsi avoir sous les yeux ce qui est en cours, faire des tests de scénographie et m'approprier les œuvres qui sont sur le fil de mes émotions. La semaine dernière, j'ai pu ainsi préparer une exposition dans un restaurant où je dînais avec d'anciens collègues. J'avais amené une centaine d'œuvres dont une trentaine de toiles et de cadres, le reste étant des aquarelles et gouaches mises derrière passe-partout sous blister. La salle était équipée de rails. J'avais amené mes cimaises équipées de crochets et l'ensemble, avec les œuvres, tenait sans problème dans ma voiture.

    Les toiles et cadres étaient visibles de la trentaine de participants. Les aquarelles et gouaches passaient de mains en mains, de table en table. C'était animé, sympathique et convivial... Dans ces circonstances, rien ne vaut de pouvoir montrer les œuvres "en live" plutôt que sur "books" ou sur tablette.

    En 2015, je veux me rendre visible et saisir toutes les opportunités pour montrer ce que je fais. Si vous organisez ou participez à un évènement, la réunion d'un club, d'une association, de votre famille, à laquelle vous aimeriez apporter une touche artistique et colorée, je suis prêt à étudier la possibilité d'exposer tableaux et gestes colorés. Je l'ai constaté : ça fontionne, c'est apprécié et, pour moi, c'est facile et c'est un plaisir de le faire !

  • Circulez, y'a rien à voir !

     

    Hakochi 4

    Hakochi 4 - Acrylique sur papier - 18.5 x 26.5 - 2015

    Lorsque j'expose mes gestes colorés au regard de mes visiteurs, j'observe 2 types de réactions.

    Les un(e)s évoquent ce que l'œuvre fait naître dans leur imaginaire. L'univers marin et les animaux sont souvent cités.

    Les autres me font part de choses plutôt immatérielles et des sensations qu'ils ressentent : souffle, violence, équilibre, couleur, contraste, profondeur, mouvement, force...

    Un ami me disait qu'il ne cherche surtout pas à "voir" quelque chose dans mes gestes colorés, qu'il préfère se laisser gagner par la couleur, la composition et les lignes. Chercher une signification, une ressemblance avec quelques chose de précis viendrait polluer ses sensations.

    Cette discussion que nous avions eue m'a décidé à être sélectif dans le titre que je donne à une œuvre. S'il est trop précis, cela peut gêner ou influencer le spectateur, consciemment ou inconsciemment. Peut-être est-ce pour cette raison que des artistes ont appelé certaines de leurs œuvres "Untitled", "Sans titre", "Composition", "Mouvement"... avec un numéro d'ordre pour les différencier.

    J'aime donner un nom à une œuvre. Il représente un lien entre elle et moi. Cela me permet de la mémoriser, d'en parler en l'ayant immédiatement à l'esprit avec ce que j'ai vécu en la réalisant. La nommer favorise le partage et j'aime partager ! Sourire

    Et vous ? Êtes-vous parmi les spectateurs qui aiment voir "quelque chose" dans une œuvre abstraite ou préférez-vous vous laisser guider uniquement par vos sensations ?

    Vous pouvez répondre au questionnaire en cliquant ICI.

  • Connecté !

    Celeste 3 brCéleste 3 - Acrylique sur carton toilé - 30 x 40 - 2015

    Un matin de cette semaine, je me suis réveillé en faisant un geste coloré. Dans le même temps, une sensation a traversé mon esprit et mon corps. C'était comme si je faisais faire un changement d'orientation de 180° à un connecteur interne. Il était au préalable orienté vers mon cerveau pour se diriger désormais vers mon ventre.

    Un peu de recherche sur Internet m'a appris que cet endroit que je connectais à mon geste correspondait au positionnement du 2è chakra. Selon des croyances issues de l'hindouisme, les Chakras sont des centres énergétiques répartis dans le corps selon un axe qui va du sacrum au sommet du crâne. Ils sont des capteurs, transmetteurs et émetteurs d'énergie. Il en existe 7, le 2éme étant notamment lié à la création. Que l'on y croit ou non, j'ai été surpris de cette découverte qui, je le sens, me procure de l'apaisement.

    Plus j'avance dans la vie, plus j'ai le sentiment d'intégrer ce que je sais ou, plutôt, ce que je crois savoir. Ce que je pense devient progressivement ce que je fais. Depuis que je m'intéresse à la pratique artistique, je lis et j'entends que je dois me lâcher et simplifier mes conceptions, mes réalisations, mes gestes, mon expression. Je comprends que le cerveau complique tout et que cette nouvelle connexion va m'aider à poursuivre avec sérénité ma route à la découverte de l'art et de la posture artistique.

     

  • Je suis le fil

    1208

    1208 - Acrylique sur toile - 33 x 24 (4F) - 2015

    Je ne sais pas le matin si je vais peindre aujourd'hui. Je ne le sais pas une heure avant. Je n'en suis toujours pas sûr une minute avant que j'identifie que "c'est maintenant" et que j'installe mon matériel. Pourtant la question est permanente Je me lève avec et je me couche avec le constat que je l'ai fait... ou pas. J'ai compris que c'est comme cela que je fonctionne.

    Quand je commence, la difficulté est de rester concentré sans me dire qu'il doit absolument sortir quelque chose de l'exercice. Mes exigences deviennent problématiques car celles que j'ai cernées planent dès que le tube de couleur est dans ma main : faire différent, me surprendre. Si j'y pense, c'est mort ! Je sais en général après quelques minutes s'il est opportun pour moi de continuer. En prenant des décisions de couleurs et de gestes, je me trouve emmené sur un chemin dont je suis le fil... dans tous les sens de l'expression.

    Il y a encore quelques mois, vivre ainsi mon activité artistique et créatrice était engoissant, tant cette façon de "travailler" est aux antipodes de celle que j'ai vécue lorsque ma vie était planifiée et projetée au quotidien. Aujourd'hui, c'est juste déstabilisant.

  • La vie de Phenix

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    Phenix - Acrylique sur toile - 60 x 60 - 2015

    Mes pérégrinations artistique m'amènent parfois à des résultats dont je ne sais pas quoi faire. "Phenix" en est un exemple. Il est complètement différent de ce que j'ai produit jusqu'ici et je manque de repères pour orienter sa vie.

    Il y a encore quelques mois, le doute m'aurait rongé. Aujourd'hui, ce n'est plus un problème. Je mets l'œuvre à l'épreuve du temps, à la maison. Je la place dans un endroit d'où je peux la voir souvent. J'ai équipé à cet effet plusieurs murs de cimaises, me permettant de pendre des grands formats, de les changer de place pour les soumettre à différentes lumières et des angles d'observation variés.

    Après un temps que je juge suffisant, si je ne vois toujours pas quoi ajouter ou corriger, je la publie, comme je le fais maintenant. De vos réactions, à vous, lecteurs, dépendra son avenir, car j'ai été plusieurs fois surpris, dans un sens comme dans l'autre, de réactions de visiteurs du blog ou d'une expo. Certaines œuvres que je trouvaient enthousiasmantes semblaient boudées, alors que d'autres, auquelles je ne croyais pas étaient plébiscitées.

    Qu'en est-il de "Phenix" ? Vous aura-t-elle touché(e) ? Même si rien ne vaut la confrontation directe, car je trouve que les couleurs sont plus belles en réalité que sur l'écran de mon ordi (et donc du vôtre), j'espère vos commentaires et vous propose de tester un nouvel outil en répondant au sondage qui se trouve en cliquant ICI.

    Bonne semaine !

  • Comment savoir qu'un tableau est terminé ?

    Deep up br 1

    Deep up - Acrylique sur carton - 50 x 70 - 2015

    Une question revient régulièrement chez les personnes qui s'intéressent à mon activité de peintre : "comment sais-tu qu'un tableau est terminé ?".

    Je sais que c'est une "bonne question", comme on dit, pour me l'être posée de nombreuses fois, en atelier, comptant sur mon coach pour me donner la réponse.

    Je pense qu'il y a des critères communs et d'autres spécifiques à chaque artiste, qui lui permettent de décider de poursuivre ou d'arrêter. Il me semble que l'impression d'ensemble est déterminante dans ce choix. A force d'observer, chez les autres et au sein de ma production, ce qui me plaît ou non, de m'efforcer d'exprimer pourquoi je ressens telle ou telle sensation et de l'objectiver, je vais aujourd'hui directement au but. Si je ne suis pas immédiatement et totalement séduit, c'est qu'à mon sens il manque quelque chose ou qu'il y en a trop.

    En ce qui me concerne, les deux plus grands dangers sont, d'une part, d'aller trop loin, d'autre part d'hésiter trop longtemps. A vouloir faire plus ou mieux, on risque de s'égarer dans une impasse. La touche qu'on veut rajouter pour satisfaire à des critères techniques concernant la lumière, la répartition des couleurs, peut être une tueuse implacable et ôter en un instant la fraîcheur et la sincérité d'une œuvre pour en faire un objet commercial que l'on améliore pour qu'il plaise. Je pense que le spectateur ne s'y trompe pas.

    Mais si cette touche vient des tripes, parce qu'il manque "cette" couleur à "cet" endroit précis de la toile sans savoir précisément pourquoi, si c'est un besoin davantage qu'un soucis esthétique, l'artiste reste en connexion avec sa profondeur, sa sincérité et il saura apporter la quantité de couleur et le mouvement qui vont avec.

    Parfois pourtant, aller trop loin est salvateur, quand une touche supplémentaire amène une idée supplémentaire qui, concrétisée, me surprendra. C'est ce que je préfère : être surpris. Si je ressens cela, mon tableau est terminé.