On ne se refait pas !
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- Le 05/08/2014
- Dans Articles 2014
Feloupe - Acrylique sur toile (en cours) - 50x70 - 2014
Je me mets parfois dans des situations difficiles. Dans l'absolu, tout cela n'est pas bien grave, mais cela peut devenir obsédant.
"Feloupe" est un tableau fait à l'instinct. Il doit en être à sa quatrième vie, la première étant très probablement une tentative de geste coloré sur grand format et datant de 3 ou 4 mois. Au stade où vous le voyez, en illustration du présent article, il n'est pas terminé. J'ai le sentiment d'avoir atteint la limite de l'instinct créatif. Il pourrait devenir destructeur. Je préfère laisser la raison prendre le relai.
Depuis 1 mois, le tableau est exposé dans divers endroits de la maison : salon, couloir, chambre... je n'ai pas encore essayé la salle de bain ou les toilettes . Il ne me déplaît pas suffisamment pour que je lui fasse entammer une cinquième vie. Mais quelque chose lui manque, comme un aliment apétissant auquel il manque une saveur. Ma quête du moment est de lui trouver une issue, d'identifier les ingrédients qui le rendront délicieux.
Le problème, c'est que si je fais des tests sur la toile, je ne peux pas revenir en arrière pour tester autre chose. Je dois donc trouver d'autres solutions pour travailler.
Cela me renvoie à la notion de projet, chère à Delphine, professeur et artiste qui m'a mis le "pied à l'étrier" artistique : préparer avant de faire, esquisser avant de réaliser pour rendre le jet final efficace. Seulement voilà : la situation de difficulté n'est pas pour me déplaire. Peu importe le résultat, trouver une issue quand je suis dos au mur est stimulant. Ça me fait vivre des sensations multiples, de l'excitation à la résignation. Selon l'humeur et l'ambiance, les heures de recherche sont trop courtes ou d'une longueur désespérante. Au final cela crée une histoire qui finit toujours bien. Chaque œuvre a la sienne.
Je me soupçonne de me mettre parfois inconsciemment dans cette situation pour avoir la satisfaction d'en sortir. Après tout, dans ma vie "d'avant", en entreprise, l'un de mes patrons à qui je posais la question "comment me vois-tu professionnellement ?" m'avait répondu : "comme un problem solver"... On ne se refait pas !