The Voice & The Paint - saison 6

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  • Le 19/04/2017
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Defi d artistes echo 3

Défi d'Artistes - Echo 3 - Acrylique sur toile - 100x30 - 2017

L'année dernière à la même époque, je publiais un article intitulé "The Paint - saison 5".

J'y faisais un parallèle entre mon parcours d'artiste et ce que je ressentais depuis 2012 en regardant l'émission "The Voice", télécrochet annuel destiné à révéler les talents de chanteurs émergents. Sa particularité est que la sélection des candidats se fait à l'aveugle, les coaches tournant le dos aux candidats et ne jugeant ainsi que la voix.

L'arrivée de la saison 6 sonne l'heure de ce rendez-vous qui, chaque année, me fait ressentir des émotions identiques mais des sensations différentes. Parce que ni moi, ni les Voix qui se présentent, ni les coaches ne sommes les mêmes. Il n'y a pas de routine qui s'installe et qui fait que cette année ou cette saison ressemble aux précédentes.

Que s'est-il passé pour moi depuis mon article et comment réagit le Denis d'aujourd'hui face à cette nouvelle saison de "The Voice" ?

Je terminais mon précédent article (The Paint - saison 5) en confiant préparer un objectif ambitieux. Il s'agissait de présenter ma candidature pour exposer aux Salons MacParis et Réalités Nouvelles 2016. Fin du suspense : mon dossier n'a été retenu ni pour l'un, ni pour l'autre. Je pensais que la concurrence était la principale (la seule ?) raison de ce refus. J'ai pris conscience qu'un autre critère entre en compte : la durée. Avant d'accueillir un jeune artiste, l'organisation d'évènements aussi sollicités veut probablement s'assurer qu'il "tient la route", surtout si cette jeunesse vient au moment où l'âge dudit artiste frôle celui de la retraite. Ne s'agit-il pas d'une lubie de senior qui cherche à occuper ses mains et son cerveau ?

Les coaches de "The Voice" ont la la même préoccupation : sélectionner des voix qui dureront et qui, derrière une faille ou une imperfection, cachent un potentiel à développer, un mystère à découvrir, un diamant à façonner pour lui donner l'éclat qu'il mérite.

Une voix parfaite ou déjà entendue ne les intéresse pas. Pendant les auditions à l'aveugle, ils cherchent un étonnement, un trouble qui leur donne envie d'en savoir plus. La qualité des prestations est désormais si élevée qu'il est rare qu'aucun fauteuil rouge ne se retourne. Qu'en est-il pour moi, jeune peintre qui se présente aux portes du marché de l'art, tentant de faire v(al)oir ce que je fais auprès d'un public qui peine à s'élargir ?

Au début, ils chantaient dans leur chambre et je peignais dans ma salle à manger. Nos parents et amis sont devenus nos premiers spectateurs et nous ont encouragés à poursuivre. Nous avons ensuite tenté de nous rendre crédible pour percer au delà de ce cercle indispensable et bienveillant. Les fidèles sont restés inconditionnels et présents. Beaucoup d'autres spectateurs enthousiastes de la première heure ne se manifestent plus, l'attrait de la nouveauté ayant disparu. La durée de ce parcours vite exprimé se compte le plus souvent en années. C'est ce que l'on entend du récit que font la plupart des candidats lorsque, sélectionnés, ils disent qui ils sont et pourquoi ils sont là.

"Ce que vous faites a déjà été vu cent fois !" Cette sentence, entendue récemment à propos de ma peinture, est sans appel. Pourtant rien n'est copié, tout est sincère et authentique. Lorsque j'ai produit mon premier "Geste coloré", je n'avais aucune idée de ce qu'était l'art abstrait ! Georges Matthieu et l'Abstraction Lyrique m'étaient totalement étrangers. J'ai probablement eu la même pulsion libératrice que ces artistes qui ont voulu dans les années 50 s'affranchir des codes et contraintes imposés pendant le second conflit mondial. Ce que je fais n'est pas nouveau. Si je veux être remarqué, je dois proposer autre chose que ma peinture. Ma prestation doit être en phase avec cette fameuse surprise attendue par les coaches.

Je prends conscience, en écrivant ces lignes, que les années précédentes j'essayais de comprendre ce qui provoquait chez les coaches l'envie de se retourner. Au fil des émissions et des saisons, j'ai perçu ce qui les faisait ou non réagir. Avec cette sixième édition, je me sens davantage sur scène et non dans le fauteuil plus confortable et moins risqué de juge.

La question n'est plus "ce que je présente va-t-il susciter l'étonnement ?" mais plutôt "qui suis-je pour les juges ? Qui vais-je présenter d'unique,  d'authentique et qui les touche ?". Les candidats, le plus souvent âgés de 16 à 40 ans, ont chacun une histoire. Ils sont sur scène parce qu'ils sentent que c'est leur place dans ce monde. Ils n'ont qu'une chance d'être sélectionnés : être eux-même, que leur voix parle d'eux, qu'elle donne des indices sur qui ils sont, qu'elle révèle des failles et des imperfections dans lesquelles les coaches et le public pourront trouver de l'humain. La perfection engendre l'admiration et la fascination... mais pas l'émotion. Et l'Art, comme la vie, est en relation intime et permanente avec l'émotion.

Où est mon terrain, où est la scène sur laquelle j'ai une place évidente ? Y fais-je de la peinture, de l'écriture ou autre chose ? Une émission télévisée surmédiatisée et bien orchestrée peut divertir... mais aussi amener à des questions existencielles !

 

The Voice Artiste et travail

Commentaires

  • Jité Portraitiste
    • 1. Jité Portraitiste Le 20/04/2017
    Un jour tu seras le nouveau Houellebecq !

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