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Avant opposés ; aujourd'hui unifié

Serial swimmer brSerial swimmer - Acrylique sur papier spécial - 21x30 - 2015

Dans ma "vie d'avant", quand je travaillais en entreprise, le temps avait ses codes et ses rythmes. "Métro, boulot, dodo" avait du sens. Il y avait le temps du travail, celui du repos, celui du loisir.

Il s'agissait d'optimiser le temps du travail dans l'espoir de maximiser celui du repos ou du plaisir. La semaine était opposée au week-end, les congés au temps de travail, la vie personnelle à la vie professionnelle, la famille au "boulot". J'essayais en permanence que l'un n'empiette pas sur l'autre : partir le plus tard possible du boulot sans risquer de rentrer trop tard à la maison, Arriver le plus tôt possible à l'entreprise pour tenter de partir plus tôt qu'à l'habitude sans culpabiliser...

Le temps de repos, c'était celui de la solitude, de la tranquilité, quand personne n'attendait rien de moi. Il se limitait le plus souvent au sommeil, pas toujours réparateur car encombré des scories des autres temps.

Ce qui a probablement le plus changé depuis que j'ai quitté le monde de l'entreprise est mon rapport au temps. Dans ma "nouvelle" vie, je ne lutte plus contre lui parce qu'il a retrouvé son unité. Je passe mon temps à observer, à questionner, à m'informer, à tenter de comprendre, à chercher ma place. Et lorsque je suis prêt à peindre, je peins.

Quid alors du travail, des loisirs et du repos qui constitutaient un autrefois un tout, un ensemble qui rythmait ma vie ? Je m'aperçois qu'ils se fondent dans mon "temps d'existence". Si le travail tel que je le pratiquais n'existe plus, le repos lui aussi n'existe plus, tout comme les loisirs. La pression n'a plus sa place, mais... la décompression non plus, avec le relâchement ou la folie qui l'accompagnait. Les moments d'amusement sont rares, probablement parce que leur fonction libératrice n'a plus lieu d'être.

J'étais loin d'imaginer ce nouveau rapport au temps et ses effets collatéreaux. Si l'absence de pression est appréciable, le fait d'être en alerte/observation permanente est parfois fatigant. Je ressens aujourd'hui un besoin de légèreté, de ne faire attention à rien, de me laisser porter par la vie qui coule... jusqu'à ce qu'une image, une couleur, une lumière, une harmonie me rappelle que l'art est partout et qu'il est devenu ma vie.