denis fournier

  • Le luxe de l'insouciance

    Diamant mandarin

    Diamant mandarin - gouache sur papier - janvier 2011

    « Apprendre à observer et maîtriser les techniques de manière à pouvoir entamer dans de bonnes conditions une recherche personnelle créative et pertinente. Savoir utiliser la technique comme un outil au service de sa sensibilité et de sa créativité et non comme une finalité ». Tel est l’objectif précisé dans la Convention de Formation Professionnelle intitulée « Formation dessin, graphisme et couleur, peinture acrylique » que j’ai signée dans le cadre de mon DIF. Même s’il s’agit d’une formation « professionnelle » (DIF oblige), il n’est pas question pour moi de la transformer en projet professionnel.

    Je débute le 13 septembre, à la fréquence d’une séance hebdomadaire de trois heures, le lundi après-midi. Je retrouve dans l’organisation proposée par l’atelier ce que j’avais apprécié lors des séances de peinture vécues en entreprise : Delphine accompagne ses élèves à leur rythme. Pas d’objectif à réaliser, pas de validation d’acquis. Les étapes sont définies en fonction des progrès, des sensations et des envies. Cette situation est nouvelle pour moi. Jusqu’ici, j’ai toujours mis dans ce que j’ai entrepris un objectif à atteindre ou un résultat à obtenir.

    Quand j’étais Scout, dans les années 60-70, le diplôme avait la forme des badges et insignes qui font la fierté du Louveteau qui les a obtenus, par son habileté et son courage, et l’admiration de celui qui n’a pas encore fait sa Promesse. J’avais pu en glaner quelques-uns mais mon rêve était qu’ils recouvrent la manche gauche de mon pull marine, comme c’était le cas pour ceux que je considérais comme des « costauds ».

    À la même époque, j’avais fait du judo, sans grande motivation. Ce sport était censé développer la force et la maîtrise de soi. J’y voyais surtout la possibilité d’apprendre à me défendre. Pour ce faire, il fallait être mis en situation, c’est-à-dire… se faire attaquer, ce que je redoutais. Chuter, faire chuter, ce n’était pas ma tasse de thé. Et puis je n’aimais pas l’odeur du tatami sur lequel j’avais trop souvent le nez collé. Pourtant je m’efforçais de le faire correctement pour obtenir, avec fierté mais sans conviction, les ceintures jaunes, oranges puis vertes. Plus on grimpait dans l’échelle des ceintures, plus les combats étaient rudes et les affrontements pénibles.

    En 1970, je me suis essayé au sport d’équipe avec le hand-ball. Un copain de lycée, François B.,  m’avait proposé de le rejoindre dans son club. Il faisait figure de rebelle dans la classe, n’ayant peur de rien et surtout pas de l’autorité. Il jouait de la clarinette et sa mère était directrice de casting dans une agence de pub, ce qui m’avait permis de faire un essai devant la caméra pour une pub qui n’a jamais vu le jour. Sur une photo du tournage, je me souviens regarder François avec un air complice, chacun de nous ayant un gros cigare à la main. Le côtoyer c’était créer la possibilité du transgressif et de l’interdit. Faire du hand-ball avec lui c’était entrer dans son cercle et prendre une part de cette rébellion qui me fascinait. Sur le terrain, François était un avant-centre perceur de défense, et moi je n’ai jamais marqué un but. Sans cette consécration, je n’existais pas. Lors des matches, j’étais plus souvent sur le banc que sur le terrain. Mon engagement n’a duré qu’une saison et j’ai considéré que les sports collectifs n’étaient pas faits pour moi.

    Je suis arrivé à l’escalade deux ans plus tard, à seize ans, en répondant à la sollicitation d’un camarade qui m’avait proposé de rejoindre en vélo la maison familiale dans les Alpes. Nous nous sommes entraînés dans la forêt de Fontainebleau où il pratiquait régulièrement la varappe. J’ai été convaincu par cet exercice entre terre et ciel, défi lancé à la gravité. En escalade, les difficultés sont évaluées au moyen d’une cotation qui va de F (facile) à ABO (abominable). En gravir les échelons était un but et, même si rien ne m’obligeait à le faire, je mettais toujours la barre plus haut, la sanction de la chute me permettant d’évaluer si j’étais ou non au niveau.

    En pratiquant ces activités, il y avait toujours pour moi un objectif précis. Si je n’y arrivais pas, si je ne décrochais pas le Graal, je n’étais pas bon, pas à la hauteur. Aujourd’hui, j’ai peu de repères avec la peinture et le dessin. Ma seule motivation est d’apprendre. Quarante années sont passées et j’ai moins besoin qu’autrefois de prouver aux autres que « je suis capable ». Tout se passe entre moi et moi. Plus de chef de patrouille à qui obéir, plus de prof de sport qui sanctionne, plus d’entraîneur qui sélectionne. C’est jouissif de pouvoir arriver aller en cours sans devoir justifier d’un travail accompli. Le travail n’est pas un problème mais, pour la première fois de ma vie, je me sens libre de faire ou de ne pas faire. Avec cette formation, je découvre le luxe de l’insouciance. C’est bon la légèreté !

    Le lundi 13 septembre 2010, jour de mon premier cours, je me sens comme un premier jour d’école : un peu d’administratif, une liste de matériel à acheter et une entrée en matière ludique. J’entre dans le vif du sujet avec une nature morte à dessiner au crayon noir. Rapidement, je passe du ludique au problématique. Je n’arrive pas à reproduire avec précision ce que je vois. Dire que le dessin est imprécis est un euphémisme. Delphine a l’œil aiguisé pour repérer quand un élève est en difficulté. Mais, en bon professeur et en pratiquante assidue du croquis, elle sait que sans se trouver confronté aux problèmes de la perspective et des proportions, de la lumière et de l’ombre, du choix de l’outil et du support adéquats, l’élève n’a aucune chance de parvenir à l’autonomie et l’enseignement du professeur de s’ancrer sur du vécu.

    Beaute coloree pastel br

    Beauté colorée – pastel - mars 2011

     

    Toujours bienveillante, jamais complaisante. Ces qualificatifs traduisent la façon dont je vis l’accompagnement de Delphine. Nous ne restons pas plus de deux ou trois séances sur un media : après le crayon à mine de graphite et les natures mortes simples (un pot, une cruche, un fruit), je travaille l’encre de chine avec des outils divers (pinceau, plume, bambou taillé ou calame) pour des modèles plus complexes (batteur à œufs, mini cactus et « Chucky », l’ours en peluche). Les 3 heures passées en atelier ne rassasient pas mon envie d’apprendre, à moins que ce ne soit mon besoin de réussir. Les outils, comme les modèles, sont simples, facilement transportables. Tout objet devient matière à dessin, prétexte à dessiner : à la maison, ce sont la table à repasser, la souris de mon ordinateur, un téléphone portable et les verres.

     J’aime tracer l’ovale de la partie supérieure d’un verre. Je trouve ce mouvement agréable à faire. Je détecte en écrivant ces lignes que si l’ovale me plaît c’est parce qu’il supporte l’imprécision. Un rond, s’il n’est pas parfait, n’en est plus un. Une ligne droite ne mérite pas ce qualificatif si elle n’est absolument rectiligne. Dans ces deux exemples, la moindre imperfection se sent si elle ne se voit pas. Avec l’ovale, je trouve que c’est supportable. Ça permet de travailler avec moins de pression. Dessiner des verres à eau, des verres à pied, des bouteilles est un de mes défis favoris.

    Après l’exploration du crayon noir et de l’encre, je termine le dernier trimestre 2010 avec de la couleur : les crayons, puis le pastel et, enfin, la peinture avec la gouache. Aux natures mortes viennent s’ajouter les portraits et les animaux. Je travaille aussi les drapés.

    Chaque séance est l’opportunité d’un challenge dans lequel je m’investis à fond, en quête de l’approbation de Delphine, toujours encourageante, distillant des conseils pertinents au moment opportun.

    Je garde de cette période septembre-décembre 2010 un souvenir joyeux. Ma préoccupation de trouver une activité professionnelle reste présente mais passe au second plan. Le présent est occupé à mettre en pratique les enseignements reçus à l’atelier. Qu’il fasse beau, qu’il pleuve ou qu’il vente, je savoure sur mon vélo les 15 kilomètres que je parcours chaque semaine pour rejoindre Chelles d’où je repars à chaque fois avec la satisfaction d’avoir appris quelque chose de nouveau et qui renforce ma confiance en ma capacité d’avancer.

    Rien n’est simple mais j’ai le goût de l’effort, alors tout va bien ! Je jouis de ma situation comme je n’ai pas le souvenir de l’avoir déjà vécu.

  • Défi d'artiste - L'expo

    Defi d artistes hesitations

    Défi d'artistes : Hésitations - Acrylique sur toile - 100x50 - 2017

    Nos 3 jours de création furent immédiatement suivis de 3 jours d'exposition présentant les œuvres produites les trois premiers jours.

    Exposer à 7 dans un espace investi en général par 2 ou 3 artistes est un exercice délicat. Chacun doit trouver sa place sans qu'un autre y trouve à redire. Dans cet exercice potentiellement périlleux, Olivier, maître des lieux et grand ordonnateur de l'évènement, est garant de l'harmonie de son déroulement. Il est indispensable que chaque artiste se sente traité équitablement. Pour autant, il ne s'agit pas pour un artiste de s'effacer au profit d'un autre sous prétexte d'équité, que ce soit par gentillesse ou par faiblesse. Il ne doit pas penser "ensemble" ni accepter d'emblée un emplacement qui ne lui convient pas sous prétexte de ne "pas faire de vagues".

    L'équilibre fut rendu possible par la rigueur bienveillante d'Olivier et la volonté de chaque artiste de parvenir dans un temps imparti à un résultat acceptable pour tous. Chacun a ainsi trouvé son espace. Le style de chaque artiste est particulier mais le choix des créations et leur accrochage donnaient une réjouissante impression de fluidité au regard.

    Une expo n'est pas une simple collection d'œuvres exposées au public. Il doit s'en dégager quelque chose en tout moment et tout lieu : de l'extérieur, à l'entrée de la galerie et quelque soit l'endroit où l'on s'y trouve. La première erreur est de surcharger l'espace. Les œuvres s'étouffent alors les unes les autres. Il se dégage d'une toile ou d'une sculpture une force, une puissance relative qui la rend fréquentable ou non par d'autres créations. À ne pas recpecter la bonne distance, on crée une cacophonie visuelle ou sensorielle qui ne doit exister que si elle est un parti pris, une volonté de l'exposant.

    Cette expérience collective restera pour moi une référence pour l'avenir. J'en retiendrai aussi qu'une exposition est vivante et que le public peut la faire évoluer. Ce fut le cas en ce qui me concerne. Des toiles rectangulaires présentées verticalement se sont retrouvées à l'horizontale pendant qu'une autre est devenue verticale. Ce changement de format a impliqué qu'une des toiles exposées a été retirée.

    La relation au public a été à l'image de cette manifestation : harmonieuse, joyeuse, fluide et parfois empreinte de ces émotions qui restent pour toujours gravées dans la mémoire tant elles sont fortes. Des expositions personnelles ou collectives que j'ai réalisées à ce jour, celle de "Défi d'artistes" est celle qui m'aura fait le plus progresser en tant qu'exposant. Elle m'aura permis de fixer des repères qui éclaireront mes choix pour les expositions à venir.

  • Défi d’artistes – J3 : Synthèse

    Les murs rien

    Défi d'artistes - "Les murs rien" - Acrylique sur toile - 90x90 - 2017

    J'ai du mal à parler de J3. Pourtant ce fut la journée la plus tranquille des trois, ou devrais-je dire la moins chaotique.

    C'est probablement dû à l'intensité avec laquelle j'ai vécu les 2 premières journées de "Défi d'artistes". En passant du plus haut au plus bas et en ayant, comme je l'ai eue, la possibilité d'observer mes réactions et mes émotions, la suite est médiane, mitoyenne, moins extrême en tous cas que ce qui a déjà été vécu.

    Pour résumer, j'associerais J1 à la découverte (je fais le tour du problème, comment je commence), suivie de la confiance (j'ai compris comment procéder et j'arrive à lâcher prise), puis d'une certaine lassitude (j'ai besoin de récupérer).

    Derrière J2, je mettrais la stupeur (ça ne se passe pas comme prévu), suivie du rejet (je ne me sens pas bien ici, la collectivité me pèse, j'ai envie de fuir) pour terminer par la résignation (j'ai choisi d'être là, j'assume d'y rester).

    J3 me donne une impression de synthèse. J'ai la sensation de vivre J1 et J2 avec moins d'émotion, et même un certain détachement. La collectivité n'est plus un problème : j'arrive à m'isoler. Je n'ai pas envie de peindre ? Ce n'est pas un problème : je sors, je lis, j'écris. Je devrais profiter de tout ce matériel disponible pour permettre l'émergence de la création ? Rien de plus simple ! Il suffit de s'y mettre.

    J'aurais voulu faire une toile d'un mètre sur 40cm, mais il n'y a plus de châssis de cette dimension. Même pas grave ! J'aurais voulu du blanc pour faire mon fond, mais les tubes de blanc sont vides. Et alors ? La création s'invitera à partir de ce qui est disponible : ce sera donc un carré de 90cm de côté et je prendrai de la couleur chair au lieu du blanc. "Les murs rien" émerge de ces manques et c'est très bien comme ça. L'œuvre n'est ni bonne, ni mauvaise. C'est elle qui devait être produite à cet instant avec ces moyens. Elle sera la seule de cette troisième journée.

    Celle-ci se termine par une grande opération de nettoyage. Demain, vendredi, nous faisons l'accrochage.

  • Défi d’artistes – J2 : Je me débats, fatigué

     

    Defi d artistes echo 2

    Défi d'artistes - Echo 2 - Acrylique sur toile - 100x40 - 2017

    J’arrive ce matin dans la lignée (aligné ?) de là où j’en étais hier soir. J’avais su gérer les moments d’adversité ; je devrais savoir le faire aujourd’hui.

    Je retrouve les réflexes de ma « vie d’avant » en identifiant ce qui me paraît urgent et important, en l’occurrence élaborer une réponse au défi du public qui est de « faire l’esquisse du projet artistique le plus fou que vous puissiez imaginer ». Comme la veille, je commence ma journée par ce point de repère en guise d’échauffement.

    Je poursuis l’idée trouvée hier mais plus j’avance, plus ça devient complexe. Dans mon projet, je fais interagir les gens, la technologie, la géographie, les couleurs et le mouvement. Comme hier cette complexité devient plus lourde que stimulante mais bon… je n’ai pas d’autre piste. Je suis dans le marécage, je ne peux rien faire d’autre qu’avancer. Au bout d’une heure, arrivé à saturation, j’arrête le travail pour passer à autre chose.

    Je construis un nouveau châssis rectangulaire pour travailler sur une nouvelle toile. Lors de récentes expositions, plusieurs spectateurs m’ont dit que mes gestes colorés les réconciliaient avec les fonds sombres. Je décide de prendre cette direction pour commencer ma toile. Pour la première fois depuis 4 ans, j’abandonne les couleurs primaires pour choisir un pourpre déjà fait. Je dois être dans une bonne énergie car le résultat me convient. J’enchaîne en préparant une seconde toile et là, tout bascule.

    Alors que j’étais dans ma barque, plutôt tranquille, voguant sur l’océan de la création, je ne m’étais pas rendu compte que mon embarcation prenait l’eau. Je sens que ça penche, j’essaye de rétablir l’équilibre. Mes gestes sur la toile deviennent hasardeux, plus secs, plus courts. La belle énergie dont je parlais plus tôt n’est même plus un souvenir. Je me débats pour ne pas passer par-dessus bord. Avec l’énergie du désespoir, je sens que je surcharge ma toile de gestes et de couleurs. Arrivé à saturation, je déclare ma toile terminée avant de plonger.

    Bon sang, que l’eau est froide !! Comme hier, je sens que « plus rien ne vient ». Mais autant hier je ne m’affolais pas, résolu à laisser passer l’orage, autant là, maintenant, je sens que la panique vient s’ajouter au désespoir. Je ne sais pas na-geeerrr ! J’ai envie d’appeler à l’aide mais je me ravise dans un instant de lucidité. De quoi ai-je peur ? Qu’est-ce qui me pose problème ? Rien n’est grave. Je suis juste dans une situation inconfortable et de plus, je l’ai cherchée. Cette sensation me ramène 5 années en arrière, le jour de ma découverte de l’art abstrait. J'avais alors vécu un moment d'anxiété profonde.

    Je décide de m’aérer. Je me balade dans le quartier (Bonne Nouvelle, Grands Boulevard, y’a pire !), flâne dans une librairie, reviens à la Galerie, prend mon ordinateur et rédige mon article de blog sur « Défi d’artistes – J1 ». En fin de journée, nous débriefons avec Olivier et nos « témoins », qui sont des personnes de notre entourage qui ont accepté d’endosser le rôle du public pour nous aider à présenter notre défi.

    La panique est retombée. J’ai de la compassion pour l’enfant que j’étais aujourd’hui, qui se débattait dans ce qu’il croyait être l’océan et qui n’était qu’une pataugeoire. Je me sens profondément humain, c’est-à-dire fragile, sensible, mais avec une force qui me tient debout. La fatigue est là. Le soir, une fois rentré à la maison, je prends ma tension : 10 / 6. Je ne l’avais jamais vue aussi basse. Une nuit d’un sommeil court mais réparateur devrait me remettre d’aplomb.

     

    Si vous le pouvez, venez demain vendredi 17 février au vernissage, à partir de 18h30, ou samedi 18 / dimanche 19 février de 14h à 19h au « Laboratoire d’exposition », 13 rue de l’Échiquier – 75010 Paris.

    Le public est un élément essentiel de la création artistique par le regard qu’il propose à l’artiste sur son œuvre. Chaque regard est une naissance avec tout ce qu’elle apporte de joie et de partage.

  • Eloge du "n'importe quoi" : première expérience

    Fuego

    Mon premier geste coloré : Fuego - Gouache sur papier spécial - 21x30 - sept 2012

    Dans mon article "Je veux vivre autrement", j'ai écrit que l'idée de faire de la peinture mon activité principale avait germé après avoir pris conscience que je pouvais l'exercer sans gravité ni urgence et que je pouvais dire "non". Tout le contraire de ce que j'avais vécu professionnellement jusqu'ici.

    J'avais alors décidé d'apprendre à peindre et dessiner. Pendant 2 ans, j'ai pris 15 à 25 heures de cours par semaines pour découvrir les techniques de peinture (gouache, huile, aquarelle, acrylique...) et de dessin (crayon, feutre, encre de chine, dessin d'après modèle, d'après photo, sur le vif...).

    Je suis passé par d'innombrables phases allant de l'excitation de la réussite (souvent celle du débutant) au découragement du "je n'y arriverai jamais !". En plus des cours, je dessinais ou peignais presque quotidiennement, mes carnets en témoignent. Et puis, un jour, j'ai été pris d'une pulsion incontrôlée ; j'ai eu envie de m'affranchir des codes de ce que je sentais devoir être maîtrisé. J'ai décidé de faire "n'importe quoi", tel le gamin qui se rebelle contre le "fais pas ci, fais pas ça !" ou un ado qui en a ras-le-bol des règles établies et qui décide de se lâcher.

    C'est ce que j'ai fait. J'ai pris du papier coloré, des tubes de gouache et un couteau à peindre. J'ai posé des gouttes de couleur sur le papier et, avec le couteau, j'ai fait des gestes incontrôlés sur les taches colorées. Ainsi est né mon premier "geste coloré". J'avais fait "n'importe quoi" et ça m'avait fait du bien... mais je l'ai gardé pour moi, je n'en ai parlé à personne, je ne l'ai pas montré.

    Ça a donné "Fuego". C'était en septembre 2012, et cette date marque ma première expérience consciente de création.

  • Jamais où on l'attend...

    Emergence 42715 48

    Emergence 42715,48 - Acrylique sur bois - 27,2x39,3 - 2016

    Dimanche 11 décembre 2016. 11h24

    Depuis une heure, j’écris. Mon atelier était il y a encore quelques heures dans un désordre vivable mais dans lequel je ne trouvais plus ma place.

    Le bureau est désormais visible, éclairci par le rangement d’outils et pinceaux, de papiers administratifs et de chiffons colorés par l’acrylique essuyée sur les couteaux à peindre. J’ai rassemblé des feuilles, cartons toilés et morceaux de bois sur lesquels des bases de travail de gestes colorés attirent mon regard.

    J’ai pu ensuite m’installer, poser mon ordi, mettre de la musique. Elle passe sans transition de la country à la techno. Le son, les harmonies que je comprends rendent ma réflexion plus légère, comme un ballon d’hélium qui me maintient au-dessus d’un trou noir absorbeur d’énergie et de lumière.

    Mon siège de bureau est un peu haut, rendant ma position d’écriture inconfortable. Je me penche sur le côté, baisse ma main vers la colonne qui soutient l’assise et actionne le levier qui permet au siège de s’abaisser dans un court et léger chuintement.

    Et là, avec cette nouvelle position, en levant les yeux, je la vois ! Elle m’attendait sagement depuis plusieurs mois sans que je comprenne qu’elle existait pour être vue. Ma palette, posée verticalement sur le plateau du bureau et contre le mur me parlait en me disant : « Je suis une œuvre ! tu as posé tes couleurs sur moi, tu les as étalées avec ton pinceau ou ton couteau sans chercher à produire quoique ce soit. Sans le savoir, sans le vouloir, tu m'as créée ! ».

    La création n’est pas où je l’attendais. Une fois encore, je suis surpris et l’inattendu me remplit de joie.

  • The Vernissage Experience

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    Exposition "Grand ou petit..." au Laboratoire d'Exposition - 13 rue de l'Echiquier, Paris 10è

    Lundi 31 octobre : ce soir, c'est Halloween. Demain, c'est férié. En ce moment, ce sont les vacances scolaires... Plein de raisons pour que les gens viennent au vernissage, qui sont autant de raisons pour qu'ils soient absents. C'est une fois le vernissage terminé qu'on saura si le verre aura été à moitié plein ou à moitié vide.

    Généralement, le côté "à moitié plein" c'est avoir du monde. Parfois c'est en avoir trop, avec les vernissages où le visiteur qui pousse la porte de la galerie hésite un instant avant de poursuivre, le temps de faire monter d'un cran son niveau de tolérance au bruit et à la promiscuité. Une fois engouffré dans la foule, il se sent empêtré dans ce manteau qu'il n'aurait pas dû prendre mais qui est autant un empêcheur d'avancer qu'une protection contre ceux qui essaient, comme lui, de se frayer un chemin. Deux rangées de personnes discutent et protègent l'accès à l'endroit sans lequel un vernissage manque de saveur : le bar. Il faut jouer des épaules pour y accéder de profil et tenter d'attirer l'attention pour obtenir un verre. Une fois le Graal obtenu, le visiteur tente de faire un signe à l'artiste qui l'a invité, très entouré(e) et occupé(e) à écouter ou à parler. Chacun attend son tour pour lui dire combien cette expo est formidable et les œuvres inspirées. Il parcourt la galerie sans pouvoir prendre ni le temps ni la distance nécessaires pour créer le dialogue avec les œuvres. Un peu plus tard, il pose son verre où il peut, constate que le livre d'or est inaccessible et prend congé de son hôte en décidant de revenir plus tard, au calme.

    Le verre "à moitié vide" c'est n'avoir personne ou presque. Une heure après l'ouverture, un ou deux visiteurs sont passés, sans même se rencontrer ("je ne peux pas rester longtemps, j'ai du monde à la maison ce soir"). Une discussion peut durer sans risquer d'être interrompue. Avec la famille et les amis, elle tourne plutôt autour de la famille, du boulot, du quotidien. L'amateur d'art pourra prendre tout le temps et la distance pour apprécier les œuvres et en parler avec l'artiste. En fait, la seule différence avec un jour d'exposition ordinaire, ce sont les cacahuètes et les boissons qui restent et dont l'artiste se nourrira pendant une semaine.

    Hier soir, c'était pile au milieu, sur la ligne de séparation entre plein et vide. Suffisamment de monde pour faire honneur au bar, discuter avec chacun des (3) artistes et remplir les livres d'or. Et pas trop non plus, permettant ainsi à chacun de profiter, sans être gêné, des 50 œuvres dans les différents espaces qu'offre la galerie. Il devait être 20h15 lorsqu'un être bizarre a poussé la porte de la galerie, coiffé d'un chapeau dont dépassaient des dreadlocks, vêtu d'une veste en cuir et d'un jean déchiré, une bouteille à la main. J'avais oublié que c'était Halloween et c'était Jack Sparrow qui faisait son entrée.

  • Ça, on ne l'apprend pas à l'école

    Tissayoxa 12

    Tissayoxa 12 - Acrylique sur carton toilé - 20x20 - 2016

    Tout comme le jeune agriculteur sorti de formation, le jeune artiste se trouve confronté à la vie réelle.

    Le premier sera soumis au rythme de la nature et le second au aléas de sa créativité. Mais l'un et l'autre sont soumis au rythme de LA création "tout court".

    Le jeune agriculteur sait que de la façon dont il prendra soin de la terre dépendra la qualité de sa récolte. S’il plante trop tôt ou trop tard, s’il ne traite pas avec les produits appropriés ou s’il récolte au mauvais moment, il n’aura pas de beaux fruits. Ce n’est pas lui qui crée les fruits. C’est la terre qu’il aura cultivée, nourrie, laissée reposer. Il sait ce qu’il plante, mais n’a aucune certitude sur le produit de la récolte. Et les obstacles potentiels sont nombreux : le gel précoce ou tardif, la sécheresse, le grêle, les inondations…

    Heureusement, l’école l’a préparé à tout cela. Il dispose de recettes, d’outils et de produits que la science et, surtout, des siècles d’expériences de ses ancêtres ont élaborés pour limiter, tant que possible, l’impact des catastrophes et maximiser le rendement. C’est ensuite par sa connaissance des cycles naturels de l’exploitation et le choix des produits que l’agriculteur donnera (ou pas) à sa production un caractère unique, reconnaissable.

    Pour l’artiste, pas d’école pour lui apprendre les saisons et les cycles de la création. Comme ses prédécesseurs, il devra tout découvrir par lui-même. Il faut dire que la terre qu’il doit cultiver n’est pas visible : elle est intérieure, ne se voit pas et ne se décrit pas. Le fruit, c’est l’œuvre, et ce n’est pas l’artiste mais la terre artistique qui le produit.

    Dans mon article « A quoi fonctionne mon moteur », publié en mai 2015, j’évoquais un reportage qui m’avait marqué, dans lequel j’avais vu le duo Souchon/Voulzy se balader en forêt et préciser que ça leur était indispensable pour renouveler leur énergie créatrice. Et j’ajoutais : « leur travail, c’est ça !».  Je l’avais perçu mais pas intégré. Aujourd’hui, je l’ai compris. Il aura fallu 18 mois pour que la graine plantée en voyant le reportage produise le fruit de ma prise de conscience : l’œuvre ne sera puissante que si j’ai pris soin de la terre qui la fera naître.

    Ce n’est pas en peignant des toiles que j’ai engendré cette compréhension ; c’est en me questionnant, en retournant dans ma tête mes certitudes et mes doutes tel le jardinier qui bêche. Si je le fais, au moment où ma terre artistique en a besoin, les fruits viendront d’eux-mêmes. Et ça, on ne l’apprend pas à l’école…

  • Chasseur de toiles

    Retour de flamme

    Retour de flamme - Acrylique sur carton toilé - 70x50 - 2016

    J'ai appris à patienter. Il y a quelques mois, je scannais en permanence mon envie de peindre, guettant parfois fébrilement l'étincelle qui allait me faire bondir dans mon atelier, saisir mes pinceaux, mes pots et mes couteaux et être, enfin, dans l'action.

    Après des mois de scan, mon radar m'avait le plus souvent renvoyé l'image d'un écran vide. Soit ! J'ai aussi accepté que l'action se fasse dans la tête. Ce fut d'ailleurs l'objet d'une discussion avec un ami qui trouve que l'action se fait plutôt les pinceaux à la main et la couleur posée sur la toile. Vaste débat...

    Ceux qui me suivent se sont rendu compte que j'explorais ces derniers temps des gestes différents, au grand dam de certains qui regrettaient que je sois sorti du "geste coloré". Qu'ils soient rassurés : "Retour de flamme" revient aux sources : je m'apprêtais à sortir faire une course, manteau et sac sur le dos et j'ai sentis que "c'était maintenant" ! Adieu les courses, bonjour atelier, pinceaux et couleurs.

    Cette toile est le fruit de semaines de patience. J'ai la sensation de l'avoir débusquée, d'avoir saisi le moment où elle sortait pour la cristalliser. N'est-ce pas ce que fait le photographe animalier quand il prend un cliché de son sujet après l'avoir traqué des semaines durant ? Il a trouvé les bons endroits et les bons moments pour obtenir ce qu'il voulait. Parfois, c'est encore mieux car il obtient une scène inattendue. On parle de "chasseurs d'images". Et si j'étais un "chasseur de toiles"...?

  • 5 ans d'histoires !

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    En septembre 2016, mon blog a 5 ans et presque 250 articles.

    Après avoir quitté brutalement en 2010 une entreprise multinationale dans laquelle j’étais chef de projet, j’ai décidé, fin 2011, de poursuivre ma vie en tant qu’artiste-peintre. Je « n’y connaissais rien », selon une expression que j’entends souvent, mais j’ai choisi de changer radicalement de vie et d’activité professionnelle.

    J’ai créé ce blog pour permettre à mes proches, parfois inquiets de ce virage vers un domaine nouveau pour moi, de suivre mon parcours et de partager avec moi les joies, les doutes, les difficultés et les découvertes auxquels ce choix de vie me conduisait.

    Je me suis efforcé de faire des articles courts aux thèmes évocateurs et concrets pour qui a la curiosité de savoir ce qui se passe dans la tête d’un nouveau venu à l’Art et qui entre de plain-pied dans cet univers sur lequel les non-initiés se font des idées et parfois des fantasmes

    En septembre 2011, j'avais en tête d'apprendre à dessiner et à peindre. Pendant 2 ans, j'ai pratiqué le dessin et la peinture en atelier pendant 15 à 25h par semaine. A force de travail et de réflexions, j'ai tenté des expériences qui m'ont amenées à réaliser ce que j'appelle des "gestes colorés". Cette transition a été essentielle en me faisant passer du figuratif à l'abstrait, de la copie/représentation à la création, du rythme d'un apprenti à celui d'un créateur.

    Il y a 5 ans, je m'imaginais faire des copies de tableau de maîtres et des portraits à la demande. Si j'ai un peu d'expérience dans ces 2 domaines, ce n'est pas là que je trouve mon épanouissement qui passe aujourd’hui par la couleur et le geste spontané.

    Fin août 2016, ce blog a reçu depuis sa création plus de 26.000 visiteurs dont 14.000 sur les 8 premiers mois de 2016. Il est devenu un lien avec des lecteurs dont la fidélité et les commentaires sont un encouragement à poursuivre.

  • Art et sport engagé : mêmes repères !

     

    Hakochi 6

    Hakochi 6 - Acrylique sur papier - 24x32 - 2016

    Artistiquement parlant, le jeune artiste qui reste dans sa bulle peut s'enfermer dans ses croyances et ses illusions ; sur ce que le public attend, sur la façon dont il est perçu, sur ce que sont l'Art et la posture artistique, sur ce qu'il faut faire pour se présenter en tant qu'artiste et tenter de vivre de ses œuvres... et beaucoup d'autres sujets.

    En fréquentant le collectif auquel je me suis associé, mes croyances sont mises à rude épreuve, et c'est tant mieux !

    Je vis le même type d'expérience que lorsque j'ai appris l'escalade ou la plongée sous-marine. En escalade, j'ai compris que l'épuisement venait rapidement à force de "tirer sur les bras" pour aller vers le haut; S'il est utile "d'avoir des bras" en certaines circonstances, utiliser ses jambes, dès qu'on le peut, pour se propulser, est beaucoup plus efficace pour préserver son énergie et son équilibre. En plongée, le débutant a besoin de lest pour l'aider à descendre dans le bleu. Au fil des plongées, il comprendra qu'en jouant avec le volume de sa cage thoracique il gagnera en agilité, dépensera moins d'énergie pour se mouvoir, utilisera ainsi moins d'oxygène ce qui lui permettra de rester plus longtemps au fond pour son plaisir.

    Maintenant qu'il le sait, le pratiquant inexpérimenté trouve que c'est évident. Pourtant, prisonnier de ce qu'il croyait vrai et juste, il a eu a besoin qu'on lui démontre son erreur pour avoir accès à une nouvelle façon d'être et d'entreprendre pour franchir les obstacles.

    Ces leçons, je les ai apprises de mes professeurs, de mes partages et de mes lectures, pour ensuite les mettre en pratique sur le terrain et les transformer en expériences. Ainsi en est-il de ce que je vis actuellement avec l'Art. Je valide petit à petit ce que je pressens intuitivement : l'Art, c'est la vie ! Il s'intègre dans mon existence par des repères que je connais, notamment par mes pratiques sportives. Cela concerne des gestes techniques, mais aussi et surtout une façon d'être et d'aborder les situations.

  • Je perçois la fin

    Essethe 1

    Essethé 1 - Acrylique sur papier - 21x30 - 2016

    J'ai rencontré récemment une artiste peintre, Léa, lors du vernissage de son exposition. Un ami commun m'avait invité à lui rendre visite.

    Le vernissage est un moment festif pour faire connaissance avec un lieu, des œuvres, un univers mais rarement avec un artiste tant il est sollicité, le plus souvent par ses amis. Nous avons donc décidé de prendre le temps de parler un peu plus tard dans la semaine.

    Nos parcours ont des points communs, notre démarche, nos univers et nos références artistiques sont proches. Léa m'a expliqué qu'elle fait partie d'un groupe d'artistes qui se réunit régulièrement pour partager leurs expériences, discuter de questions qui les touchent et exposer dans le lieu où nous nous trouvons. Ce groupe est animé par Olivier, que Léa m'a suggéré de rencontrer compte tenu des questions que je me pose sur le sens à donner à mon activité artistique.

    Je perçois la fin d'un cycle et la nécessité d'être accompagné pour évoluer. J'ai soif d'apprendre et ma situation ne me satisfait plus car j'ai l'impression d'avoir ouvert toutes les portes qui étaient à ma portée. J'ai commencé il y a 5 ans par découvrir les aspects techniques. Il y a 18 mois j'ai compris ce qu'était la "posture" artistique et, après avoir identifié comment faire et comment être, la question du "pourquoi ?" prend la plus grande place. La réponse est en moi et, tel celui qui est parachuté la nuit dans une forêt, j'ai envie de bénéficier des services d'un guide non pas pour qu'il m'emmène sur le chemin mais pour qu'il m'aide à le trouver par moi-même.

    Rendez-vous est pris !

  • Où aller se faire voir ?

    Hakochi 1

    Hakochi 1 - Acrylique sur papier - 18.5x26.5 - 2015

    Après avoir produit, l'un des objectifs de l'artiste qui souhaite vendre est de se rendre visible : en galerie, en exposition personnelle ou collective, dans les salons, dans le cadre de concours, dans les media...

    Dans la sphère "réelle", se faire voir est un parcours du combattant incontournable, car l'acquéreur potentiel veut en général voir avant d'acheter. Dans la sphère "virtuelle", plus facilement accessible, on trouve sur internet des sites qui proposent une tribune d'excellent qualité. MyRankart en fait partie, se voulant partenaire des artistes pour les rendre visibles et accessibles aux professionnels et au grand public. Pour quelques dizaines d'euros, un artiste peut, sur une durée de 6 mois :

    - exposer jusqu'à une dizaine d'œuvres dans un salon virtuel
    - concourir pour un prix du public et un prix du jury avec, à la clé de ce dernier, des gains en euros et la possibilité d'exposer dans des galeries partenaires
    - se livrer à l'exercice de l'interview en y associant l'exposition de 10 à 15 œuvres.

    Après avoir concourru dans le cadre du 3è Salon de Peinture Abstraite (2è prix du public et parmi les 10% finalistes retenus pour le prix du jury), je participe au 4è Salon de Peinture Abstraite et livre une interview dans laquelle j'évoque mon parcours, mes influences et choix artistiques, ma démarche et la façon dont je travaille.

    Vous la retrouverez en cliquant ICI.

    Bonne lecture et bonne semaine !

  • Les vertus départementales

    Ssadeeba 2

    Ssadeeba 2 - Acrylique sur carton toilé - 50x70 - 2016

    Ce vendredi 20 mai, j'avais 200 km à parcourir pour accrocher mes 15 toiles au 6è Salon Gilles Anger de Rouxmesnil-Bouteilles (76), près de Dieppe. Au parcours plus rapide (mais plus long) par l'autoroute , je choisis celui des routes nationales et départementales. Moins de vitesse permet une concentration plus douce, une observation plus tranquille et moins ciblée de l'environnement. L'homme pressé virerait-il progressivement à l'homme tranquille ?

    Durant ce trajet, les pensées surgissent sur de multiples sujets à propos de........ à moins que ce ne soit de....... ???? Je ne me souviens plus ce matin de tous ces thèmes dont je me disais sur l'instant qu'ils seraient d'excellents sujets d'articles.

    Ma première réaction est de penser que c'est dommage car j'aurais pu remplir mon "réservoir à billets" duquel j'espère pouvoir tirer un projet d'article quand je suis en manque d'inspiration pour alimenter mon blog. Pourtant, est-ce que je ne suis pas toujours arrivé jusqu'ici à survivre sans difficulté avec un réservoir qui ne contient que 2 ou 3 titres d'articles dont je ne me rappelle même plus à quoi ils font référence ?

    Finalement ça a du sens : peu à peu, je peins comme je vis et je vis comme je peins. L'insécurité, la "peur de manquer" véhiculée par notre société de consommation, est relayée par la confiance dans ma capacité à réagir utilement, efficacement, pertinemment au moment opportun en tenant compte de ce qui importe au moment de l'action. C'est la technique du "je suis prêt, on verra bien" comparée à celle du "parer à toute éventualité, on ne sait jamais".

    Mis en œuvre de façon radicale dans notre société de consommation, vivre dans l'instant ("on verra bien") peut mener celui qui procède ainsi à la marginalité et à l'incompréhension de la part ceux qui projettent sur lui leur angoisse de vivre ainsi. Mais il est sans doute salutaire de mettre une dose d'instantanéité dans une vie où tant de choses nous renvoient à la peur du lendemain. Un subtil équilibre à trouver pour garder le contact social, qui permet le partage, tout en préservant l'insouciance libératrice qui caractérise l'homme tranquille.

  • Le Youkounkoun n'est pas la vie !

    Ssadeeba 1

    Ssadeeba 1 - Acrylique sur carton toilé - 50x70 - 2016

    Reprenons : 1 - Ce que je peins s'apparente à l'Abstraction Lyrique. 2 - Je me retrouve dans la posture définie par Georges Mathieu, son inventeur : rapidité, pas de préparation du geste, pas de référence de forme, concentration. 3 - Il résulte de cette posture qu'avant de peindre je dois me sentir prêt mentalement.

    J'envie parfois le poisson rouge à la mémoire volatile : pour lui, la découverte est systématique et permanente. Pour moi, plus je produis, plus la posture est compliquée à gérer : faire un "geste coloré" de plus n'a aucun intérêt. Comme je l'évoquais au début de mon précédent billet, j'ai besoin de me surprendre. Résultat : devant chaque nouvelle toile, je ressens la pression de faire autrement ou différemment pour produire de l'inattendu.

    Mes premiers actes devant la toile font le plus souvent appel au connu dans la façon de poser les couleurs et d'effectuer les premiers gestes. Mais ensuite, tout devient possible à condition de ne pas vouloir aboutir à un résultat précis. C'est sans doute ainsi que naissent les séries d'œuvres. Tant que le créateur navigue dans l'inconnu, il continue à explorer l'espace dans lequel il se trouve. Un jour, il comprend comment y entrer et en sortir à sa guise ; y rester n'a alors plus de sens dans la mesure où cela ne satisfait plus son esprit d'aventure, ce qui le fait vibrer.

    L'analogie avec l'auteur-compositeur-interprète est évidente : sur un nouvel album, certains titres font l'unanimité par leur originalité, leur rythme, leur couleur musicale, leur texte... et d'autres non : on a le sentiment de les avoir déjà entendus.

    Ssadeeba 1 est probablement le début d'une série qui comportera des réalisations plus ou moins surprenantes, profondes, parlantes, évocatrices. Chaque toile sera une étape, un jalon du carnet d'exploration. Se donner l'objectif de produire un "Youkounkoun" artistique à chaque fois déclenche une pression invivable. C'est se focaliser sur un résultat statique, définitif. La vie, c'est le parcours, et j'ai envie d'y évoluer avec la liberté de prendre des chemins de traverse, quitte à revenir ensuite sur la route principale.

  • Les ingrédients incontournables

    Saltimbocca

    Saltimbocca - Acrylique sur carton toilé - 50x65 - 2016

     

    Accéder au marché de l'art ne se fait pas du jour au lendemain. Il m'aura fallu plus de 4 ans pour me sentir prêt à l'aborder.

    Au gré de mon expérience personnelle, j'ai identifié des ingrédients qui me paraissent incontournables. Pour être pris au sérieux et considéré par les professionnels, il faut :

    - des œuvres, en nombre suffisant et dans des formats variés. Cela rassure l'interlocuteur sur la capacité de l'artiste à produire et à mettre des œuvres à disposition. Une trentaine me semble être un minimum. J'en dispose à ce jour de 64

    - un public. Cela paraît évident, le marché de l'art étant le fruit de la relation qui se crée entre les œuvres et leur public. Encore faut-il pour l'artiste qu'il comprenne quel est son public et où il peut le rencontrer. Tout le reste n'est qu'intermédiaire

    - quelque chose à dire et savoir l'exprimer. Une histoire à raconter est un élément de valorisation pour l'artiste. La démarche exprimée (ce qui pousse l'artiste à créer) doit être crédible et sincère, même si un détail peut être modifié pour mieux toucher le public. L'artiste peut mettre longtemps à comprendre pourquoi il crée, et encore un peu plus de temps à se l'approprier avant de pouvoir l'exprimer et en parler. J'ai compris que je peins par goût du risque maîtrisé, par besoin d'oser pour dépasser le doute, pour la jouissance provoquée par le frisson d'adrénaline au moment d'engager mon geste de peintre

    - un outil de communication. Il doit permettre au public d'accéder au travail de l'artiste de façon simple et autonome. Mon site et mon blog sont les piliers de ma communication relayée, notamment, par les réseaux sociaux et via mes cartes de visites lors des salons

    - des interlocuteurs référents et de confiance pour progresser. Ces personnes, découvertes par l'artiste au fil de son parcours, sont des références auprès desquelles il vient se ressourcer régulièrement et demander un avis ou un conseil. Leur apport est d'autant plus précieux qu'il est donné avec bienveillance et sans complaisance. On peut ne pas suivre aveuglément les conseils mais on sait qu'ils ont toujours un fondement pertinent pour se remettre en question. Je suis riche aujourd'hui de 5 référents qui, chacun dans leur domaine, m'apportent une aide précieuse à des moments clés de mon évolution artistique

    - un réseau. C'est probablement ce qui met le plus de temps à construire car c'est la qualité de tout ce qui précède qui déclenchera l'intérêt de l'interlocuteur. Un amateur d'art, un collectionneur, un galeriste, un agent d'artistes, un organisateur de salon, un mécène, un chef d'entreprise seront touchés par l'œuvre, visiteront le media et contacteront l'artiste. Tout doit alors être prêt, au bon moment, pour provoquer la rencontre et générer, peut-être, bien plus qu'une transaction... Et si un seul ingrédient manque, sauf exception, rien n'arrivera !

  • L'artiste est-il vexé ?

    Hakochi 5Hakochi 5 - Acrylique sur papier - 21x30 - 2016

    L'œuvre illustrant mon article du 11 avril a déconcerté (au moins) deux lecteurs qui n'y retrouvaient pas l'ampleur et l'harmonie des gestes présents sur les œuvres précédentes. L'ambiance relativement sombre (faussement rendue par la photo) ne leur permettait pas non plus de retrouver les contrastes qu'ils apprécient en général dans mes "gestes colorés". Au moment où il me faisait part de son sentiment, mon interlocuteur était presque gêné de me le dire. Mais notre relation de confiance imposait qu'il le fit.

    Je conçois qu'il est délicat d'exprimer à un artiste un sentiment de rejet, d'insatisfaction ou de gêne vis à vis d'une de ses œuvres. Le spectateur imagine volontiers que l'artiste puisse en être vexé, compte tenu de l'affection de ce dernier pour le fruit de son travail, le temps - peut-être long - qu'il a pris pour le réaliser.

    Ce n'est pas toujours le cas. Au fil des expositions et des discussions avec mes collègues exposants, je constate que nous avons souvent le même type de rapport à nos œuvres. Certaines nous plaisent, d'autres moins. Parfois, l'attachement d'un artiste à son travail est tel qu'il fixe un prix très élevé, sans rapport avec celui d'œuvres comparables.

    L'artiste qui est vexé a parfois un ego surdimensionné, ce qui peut êtrele cas des génies. Il est aussi possible qu'il manque de recul sur sa pratique artistique. S'il produit des œuvres en espérant qu'elles plaisent, il ouvre la porte à la déception. Si le spectateur n'aime pas et le dit, l'artiste sera déçu/vexé. Si le spectateur n'exprime pas son sentiment, l'artiste sera dans l'ignorance ou l'illusion. Ce n'est que par la remise en question permanente de qui il est à travers ce qu'il fait que l'artiste peut progresser, avancer, évoluer.

    Le regard critique et bienveillant de ceux qui me suivent est TRES important pour moi. Je suis le premier à me rendre compte que je ne peins plus toujours comme avant. Que cela plaise ou non, je n'y peux rien. Je n'expose pas mes œuvres si je les trouve belles. Je le fais en prenant en considération des critères d'équilibre et d'harmonie au niveau des couleurs, des pleins et des vides. Dans chaque toile, il y a qui je suis au moment où je la réalise. On y voit mes doutes, mon ras-le-bol, ma joie libératrice et probablement beaucoup d'autres sentiments. Je n'en prends parfois conscience qu'à travers ce que ressentent les spectateurs... à condition qu'ils me le disent ! Ils me permettent ainsi d'y voir clair sur moi-même et d'aller plus vite à l'essentiel. Accessoirement, il y a bien longtemps que je ne ressens plus le sentiment d'être vexé...

  • Inventaire hivernal

    YomiaYomia - Acrylique sur carton toilé - 50x70 - 2016

    L'hiver a été long. Avec les quelques belles journées de la semaine passée et l'arrivée de l'heure d'été, j'ai l'impression de lever la tête de mon ordinateur après 3 mois de travail le nez sur mon écran et le sentiment qu'il ne s'est pas passé grand-chose. Dans cette situation, la meilleure des attitudes est de faire une pause pour prendre le temps d'un regard en arrière : le bilan du trimestre est loin d'être négligeable, avec notamment :

    - 12 nouvelles œuvres

    - 8.000 visiteurs et 30.000 pages vues sur mon site (contre 6.000 visiteurs 22.000 pages vues sur toute l'année 2015. Aujourd'hui, si vous tapez "Denis Fournier" sur Google, j'arrive en première position :-))

    - 8 expos et salons déjà programmés sur l'année (contre 3 seulement en 2015) et 2 autres en attente de réponse

    - un réseau de professionnels de l'art qui s'étoffe : artistes peintres et photographes, coach d'artistes, galeristes, organisateurs de salons

    - une 2ème place au Prix du Public sur le Salon auquel j'ai participé sur MyRankart.com. Et j'ai appris aujourd'hui que l'une de mes œuvres fait partie des 70 pré-sélectionnées (sur 648) pour le Prix du Jury - résultat final le 20 avril...

    Tout cela est le fruit de mes actions sur les réseaux sociaux, des 1.300 mails envoyés pour solliciter mon réseau et partager mon actualité, de la trentaine d'articles rédigés sur mon blog ou pour présenter ma candidature à des salons... mais c'est aussi le fruit de la fidélité de mon réseau, de la promotion qu'il fait de mon travail et de ses encouragements sans lesquels ma vie d'artiste serait bien solitaire.

    Autrefois, c'est à mon (ma) supérieur(e) hiérarchique que je faisais ce type de compte-rendu. Je me creusais parfois la tête pour que cet inventaire "à la Prévert" soit le plus exhaustif, le plus long et le plus positif possible. La sanction espérée était une augmentation ou une prime. Aujourd'hui, la sanction est la satisfaction de voir les efforts se traduire en résultats concrets qui montrent que j'améliore ma visibilité, objectif de mon année 2016.

    C'est un socle indispensable pour réaliser l'objectif suivant : vendre, pour tenter de (sur)vivre de mon activité artistique. On en reparle en fin d'année ;-) !

  • Visite surprise

    Olivier dassault 1Le député de l'Oise, Olivier Dassault, et Olivier Paccaud, vice-président du Conseil Départemental de l'Oise
    devant mes toiles à Beauvais

    Ma première expérience en tant qu'invité d'honneur au 10è Salon de l'Art en Mouvement des Artistes du Beauvaisi est des plus agréables.

    En premier lieu, je dispose d'un espace exceptionnel au sein du salon qui me permet d'accrocher 18 toiles, en majorité des grands formats.

    C'est fut l'opportunité, lors du discours d'inauguration, d'entendre des choses agréables sur mon parcours artistique et mon travail.

    Le député de la 1ère Circonscription de l'Oise, Olivier Dassault, a fait au Salon l'honneur de sa présence, prenant le temps de parcourir chacun des stands et de faire une sympathique allocution au cours de laquelle il a, entre autres, mis à l'honneur l'art abstrait et les artistes en général.

    Lui-même artiste photographe porté sur l'abstrait (il expose actuellement ses œuvres à Holywood), il a, pour terminer son discours, utilisé une formule que j'ai trouvé fort poétique : "La photographie est un instant qui ne reviendra pas, la peinture le fera évoluer, pourvu que l'esprit s'y intéresse encore".

  • Au printemps, les expos bourgeonnent !

    Nadai 1

    Nadai 1 - Acrylique sur toile - 60x20 - 2016

    Avec le printemps débute la saison des... expositions printanières.

    Outre la réalisation de quelques œuvres, mon hiver 2016 a été consacré à la préparation de dossiers d'expositions et à la gestion de réseau. Cela avec un certain succès puisque, d'ici fin juillet, mes œuvres seront présentes à 7 reprises lors d'évènements et salons qui dureront d'un week-end à un trimestre.

    Dans le détail, l'agenda sera le suivant :

    - du 2 au 10 avril, invité d'honneur au 10è Salon de l'Art en Mouvement des Artistes du Beauvaisis, à Beauvais (60) - 12/15 œuvres présentes

    - du 9 au 17 avril, exposant au 22è Salon du Colombier, à Saint Arnoult en Yvelines (78) - 3 œuvres sélectionnées par le jury

    - du 3 mai au 28 juin, 10 gestes colorés récents présentés à la 3è Biennale d'Art en Beauce, à la Médiathèque de Toury (28)

    - du 21 au 29 mai, exposant au 7è Salon Gilles Anger à Rouxmesnil-Bouteilles, près de Dieppe (76) - une dizaine d'œuvres de différents formats

    - les 18 et 19 juin au Château de Waleffe, en Belgique

    Je serai également amené à présenter des œuvres dans 2 entreprises à Créteil (94) - juin/juillet - et Vélizy (78) - de mai à juillet, avec une dizaine d'œuvres pour chacune.

    Comme vous le voyez, "ça bourgeonne" ! ;-)

    Les lieux précis et les horaires sont accessibles à partir de la rubrique "Actualité" / "Agenda 2016" de mon site.

  • Etat d'urgence

    GoranasaiGoranasai - Acrylique sur toile - 61x50 - 2016

    Le thème du plaisir est pour moi récurent. Une discussion avec un ancien collègue d'entreprise l'a remis en lumière.

    Mon camarade évoquait à mon propos le côté merveilleux de pouvoir faire de sa passion son activité professionnelle. Une fois de plus, je me suis senti incapable d'acquiescer. Une fois rentré à la maison, je me suis dit que c'était le moment d'approfondir le sujet et de mettre au clair ma pensée.

    Plaisir... Passion... J'ai repris dans le dictionnaire la définition de la passion : "État affectif intense et irraisonné qui domine quelqu'un". C'est proche de ce que je ressens. A certains moment, le besoin de peindre me domine et je ne peux pas être tranquille avant d'être passé à l'acte. C'est donc ça la passion.

    J'ai ensuite regardé la définition du plaisir : "état de contentement que crée chez quelqu'un la satisfaction d'une tendance, d'un besoin, d'un désir". En général, après le plaisir, il y a une pause, un moment de calme parce que le besoin est rassasié, le désir est assouvi ; c'est l'état de satisfaction et on peut alors passer à autre chose. On parle du plaisir de manger ou de boire et il est intense lorsqu'on a faim ou soif. Mais lorsqu'on est déshydraté ou affamé on ne ressent pas le plaisir. On sait simplement qu'en buvant on fait quelque chose de vital.

    Ce matin, j'entendais une chanteuse, auteure-compositeur, qui parlait de la création d'un texte. Elle évoquait une sorte d'état d'urgence, un besoin irrépressible d'exprimer par des mots un état intérieur. Je me suis retrouvé dans cette évocation.

    Dans l'action de peindre, je sens quelque chose d'absolument nécessaire. Ce n'est peut-être pas vital mais si je ne passe pas à l'acte je ne fais qu'y penser. Alors : plaisir / passion ? Je ne peins pas pour satisfaire un désir mais pour exprimer quelque chose. En tous cas une chose est sûre : j'aime ça !

  • Ne pas se tromper de cible

    Otoukhan 1

    Otoukhan - Acrylique sur carton - 50x70 - 2016

    C'est comme une vaccination avec rappels : certaines situations doivent se produire plusieurs fois pour que la tête intègre comment réagir. La semaine dernière, j'évoquais la "stratégie des œuvres". Il existe aussi des postures stratégiques à adopter selon les circonstances.

    Par exemple lorsque l'inspiration refuse de montrer le bout de son nez. C'est comme pour soigner une tendinite : la première fois, on se dit que ça va passer en faisant attention. Parfois ça passe, mais il arrive que non seulement ça ne passe pas mais que ça s'aggrave. Quand on se décide à aller consulter, il faut plusieurs semaines de kiné avant de retrouver des moyens. Et on se dit que la prochaine fois, on ira consulter tout de suite. Malheureusement, si la tendinite suivante se produit des années plus tard, cette bonne résolution est tombée dans l'oubli et on recommence la même erreur.

    Avec le manque d'inspiration, c'est un peu pareil. La première fois, je n'ai pas compris ce qui se passait et je n'ai pas su comment bien gérer la situation. Je me suis inquiété. Après quelques jours, j'en ai parlé, j'ai été rassuré et l'inspiration est revenue. Je me suis dit que la prochaine fois, je me souviendrais de l'expérience pour la gérer plus facilement.

    La deuxième fois, je me suis rendu compte que la leçon avait porté ses fruits. Il s'est ensuite passé plusieurs mois avant que je ressente un nouveau défaut d'inspiration... et l'inquiétude est revenue. Pour en sortir le plus vite possible, la meilleure posture à prendre est de se remettre aux pinceaux sans porter de jugement sur ce que l'on produit. On ne doit pas se tromper de cible : au lieu de chercher à retrouver l'inspiration, il faut consacrer son énergie à mettre de la distance avec son inquiétude. C'est elle, le problème, pas l'inspiration !

    Finalement, la répétition des difficultés peut être utile pour s'exercer à conserver le réflexe de la posture salutaire.

     

  • La stratégie des oeuvres

    Tissayoxa 14Tissayoxa 14 - Acrylique sur carton toilé - 20x20cm - 2016

    Début 2015, mon expérience d'exposant se limitait à 2 expositions personnelles.

    Conforté par le bon déroulement de mon expo "Gestes colorés 2014", terminée en décembre 2014, je me suis intéressé à partir de mars 2015 aux salons expos collectives. Je me suis rapidement rendu compte que la période décembre-mars est cruciale pour l'artiste qui souhaite exposer.

    Dans cet intervalle de 4 mois doivent être envoyés la plupart des dossiers de sélection pour les évènements de l'année en cours.

    6 expos et salons se profilent pour moi d'ici fin juin. Selon les manifestations, la durée va de 2 jours à 2 mois et certaines d'entre elles se chevauchent même sur un week-end ou une semaine. L'une des questions à laquelle je dois répondre est : "quelles œuvres pour quels évènements ?".

    Le salon de Beauvais (60), qui commence le 2 avril, m'accueille en tant qu'invité d'honneur. J'aurai la possibilité de définir les toiles que je souhaite exposer. Pour le Salon de La Colombière (78), qui commence le 9 avril, les 3 œuvres exposées ont été choisies par un jury qui m'avait pré-sélectionné sur dossier. Je ne pourrai donc pas les exposer à Beauvais. Pour la session de Printemps de Rouxmesnils-Bouteilles (76), j'ai le choix des œuvres et de leur nombre, disposant de 10 mètres linéaires. Pour la biennale d'Art en Beauce, mon travail a été sélectionné à partir du dossier de candidature dans lequel je présentais 10 toiles. Sans être prisonnier de cette présentation, ces 10 œuvres formeront l'ossature de mon exposition et je m'assurerai de les avoir disponibles pour ce salon.

    Je postule également pour des salons et expos collectives qui ont lieu à Paris, en octobre et novembre prochains, et pour lesquels les grands formats sont quasiment obligatoires. Si je suis sélectionné à l'un d'eux, malgré seulement 13% d'élus, ce serait une superbe vitrine et je ferai une sélection "raisonnée" de mes toiles.

    Je dois donc dors et déjà faire des choix stratégiques et accepter de laisser dormir certaines pièces, qui pourraient "partir", afin de garder le meilleur à montrer en fin d'année.

  • Mon "quart d'heure" Andy Warhol

    Tissayoxa 13Tissayoxa 13 - Acrylique sur carton toilé - 20x20 - 2015

    Dans les années 60 et 70, Andy Warhol a exprimé à plusieurs reprises que chacun aurait, dans le futur, son "quart d'heure de célébrité". L'universalité des media le rend possible, à condition, bien sûr d'être visible et remarquable, dans le sens d'avoir quelque chose qui suscite l'intérêt de celui qui écoute ou regarde.

    J'ai vécu cette semaine une expérience étonnante. Le mercredi 24 février 2016 a été diffusée une émission télévisée sans rapport avec l'art et à laquelle je participais. Lors de son enregistrement, au mois de janvier, et sans que cela soit prévu, j'avais eu l'opportunité de parler de mon activité de peintre et de donner l'adresse de mon site internet. Après coup, j'ai pensé que cela procurerait 10, 50, voire 100 visites supplémentaires et j'en étais déjà très heureux.

    Au moment de la diffusion, le hasard a voulu que je sois connecté sur mon site. Dans les secondes qui ont suivi l'annonce de l'adresse "denisfournier.com", celui-ci est devenu inaccessible, comme si le "standard" avait sauté. Quelques instants plus tard, l'accès était de nouveau possible et j'ai constaté que ce n'était pas 100 mais... plus de 2.200 visites qui avaient été enregistrées en à peine 3 minutes, et 8.000 pages vues.

    Et le feu a été long car entre 16h30 et minuit ce mercredi-là, le site a reçu 3.260 visiteurs pour plus de 13.000 pages vues. Aujourd'hui encore, 4 jours après la diffusion, l'effet se fait sentir, avec des messages d'encouragements, de remerciements, des demandes de conseils et d'informations, des commentaires, des connexions sur Facebook et une remontée à la seconde place du concours auquel je participe grâce à un afflux de votes en ma faveur.

    Cette expérience a un double effet :

    - techniquement, je sais que je dispose d'un outil capable d'absorber une charge ponctuelle importante et qu'il est pertinent dans sa présentation puisque, sur 4 jours, j'observe une moyenne de presque 5 pages vues par visiteur, 2 fois supérieure à la normale. Ça, c'est fait !
    - d'un point de vue relationnel, c'est TRES enrichissant. Des contacts ont eu lieu avec des personnes de tous âges, de toutes sensibilités artistiques, en France et à l'étranger. Ça m'a apporté davantage qu'une semaine d'expo. Cela génère un véritable boost énergétique, renforce ma confiance dans la démarche entreprise et ma détermination à poursuivre.

    Andy Warhol avait raison ! J'ai la sensation d'avoir eu mon petit "quart d'heure" grâce à la télé et internet. Je l'ai ressenti parce que j'ai pu en mesurer les effets. Pour vivre son quart d'heure, il faut y être prêt, consciemment ou non. Il faut avoir un propos et un support pour le communiquer. Et si l'on a pas de quoi mesurer, on peut l'avoir vécu sans le savoir, comme celui qui achète un billet gagnant et qui ne regarde pas le tirage du loto correspondant. Ce serait dommage ;-) !
     

  • Circulez ...!

    Circulez"Circulez !" - Acrylique sur toile - 100x80 - 2016

    "Quand l'artiste ne triche pas, le pinceau est le traceur de son électrocardiogramme. Il exprime la trace de ce qu'il est à ce moment là".

    "En sortant des autoroutes (comme celle de Picasso et Marcel Duchamp) j'ai voulu rapprocher l'art de la vrai vie".

    Ces phrases, entendues ce dimanche après-midi sur Arte dans un documentaire qui lui est consacré, le peintre Gérard Fromanger me permet d'accepter ma dernière toile : "Circulez !".

    Ce titre m'est venu immédiatement après l'avoir réalisée. Je me suis dit : "Je ne vois rien". Et c'est vrai qu'aujourd'hui, artistiquement parlant, je n'ai pas envie de "produire du geste coloré".

    Ça ne rend pas les choses simples, car je me disais sans doute inconsciemment que j'avais trouvé ma voie, mon domaine, ma patte artistique. C'est peut-être vrai mais cela ne se passera pas pour moi de façon linéaire. C'est probablement le cas de tous les artistes. Je sens que je vais prendre des chemins de traverse pour, peut-être, revenir vers le "geste coloré" avec apétit, avec envie.

    J'y reviendrai tout à l'heure, demain, plus tard... ou pas du tout, qui sait ? Pas moi, en tous cas. Ce qui est sûr, c'est que "Circulez !" est l'électrocardiogramme du jour, celui dont parle Gérard Fromanger. Peut-être cette toile représente-t-elle un "geste coloré" explosé qui, un jour, se réagrègera.

  • The Paint, Saison 5

    Watashiva 3

    Watashiva 3 - Acrylique sur toile - 100x80 - 2016

    Je regarde l'émission The Voice depuis la première saison. Avec la saison 5 qui commence, je prends conscience à quel point mon œil et mon oreille ont évolué au fil des années. Je ne la regarde plus avec le même œil, la même oreille mais toujours avec beaucoup d'émotion.

    Cette émission, avec son concept de sélection à l'aveugle, m'a aidé, au fil des années, à saisir ce qu'est la personnalité artistique. Lors des 2 premières saisons, j'avais du mal à comprendre que les coaches ne sélectionnent pas des voix que je trouvais extraordinaires et qui m'impressionnaient. En 4 années, je suis passé de l'impression à l'émotion consciente. J'ai appris à faire la part des choses entre la performance, l'intention et la sincérité.

    Saison 1 : début 2012, je me débattais avec ma copie de "La Liseuse" de Fragonard, je désespérais de comprendre comment pratiquer l'aquarelle, je tentais 5 heures par semaine de saisir au crayon ou au lavis les silhouettes des modèles. Je voulais "y arriver". Dans The Voice, il y avait ceux qui savaient chanter et ceux pour qui c'était plus... difficile, mais je reste subjugué et admiratif de l'audace des prétendants.

    Saison 2 : 2013. J'ose des couleurs improbables en peignant mes montagnes. J'intègre progressivement la notion de composition et aborde les œuvres avec un regard plus critique. A force de répétitions bienveillantes, Delphine, au Ladakh, me permet d'ouvrir certains carcans dont j'étais prisonnier. Le doute devient moteur. Je comprends la notion d'harmonie en peinture et pourquoi des toiles me touchent immédiatement, sans décodage. Dans The Voice, je découvre que ce sont la couleur et la texture d'une voix qui me donne la chair de poule et non la perfection vocale. J'ai l'impression de comprendre comment "ça" fonctionne, pourquoi le frisson arrive.

    Saison 3 et 4 : 2014-2015. Je commence cette période en faisant un peu de tout. Je copie Sorolla et Odilon Redon, je crée un livret d'aquarelles "Paris vu de la Seine". J'ai besoin de me situer, de trouver des références. Parmi elles, l'Abstraction Lyrique, Georges Mathieu et Hans Hartung deviennent des ancrages, des ports dans lesquels je me retrouve. En 2015, j'arrête les cours et ne peins plus que des gestes colorés sur des formats de plus en plus grands. Je crée mon site internet, deviens plus visible et suis grâce à cela invité à exposer dans mon premier salon. Dans The Voice, la qualité des prestations augmente mais je ne suis plus surpris lorsqu'un candidat n'est pas sélectionné. Je comprends ce que cherchent les coaches et j'accepte avec bonheur l'émotion qui m'étreint. Je me projettte dans ces jeunes artistes avec plus de confiance

    Saison 5 : 2016. Je parcours plusieurs salons et vois de plus en plus d'artistes qui m'inspirent. J'ai le sentiment qu'ils me montrent la voie. Je les aborde tous, dès lors que leurs œuvres me touchent. Sur les stands des salons, je rencontre aussi des agents d'artistes, des galeristes, responsables d'évènements artistiques. Je développe des outils de communication, utilise systématiquement les réseaux sociaux et professionnels... Plus j'explore l'histoire de l'art et l'actualité de la peinture, plus je vois de belles choses, qui me touchent et me transportent. Dans The Voice, le niveau d'ensemble devient TRES élevé. Ça rend humble... Ce que j'entends provoque plus souvent une émotion qui n'est ni une attente, ni une surprise. Je comprends comment on se retrouve sur scène, question de détermination et de hasards.

    Comme les artistes qui tentent leur chance à The Voice, je tente la mienne en présentant une candidature ambitieuse pour exposer en fin d'année. Sur 1000 dossiers soumis, une centaine seulement sera sélectionnée. L'émotion suscitera-t-elle la sélection ? La composition du dossier provoquera-t-elle l'intérêt ou, à défaut la curiosité ? Un galeriste m'a dit aujourd'hui que les nouveaux candidats sont rarement retenus. Au pire, j'aurai grimpé la première marche vers mon ambition. Cool !

  • La finalité de l'œuvre, c'est... ?

    Watashiva 1

    Watashiva 1 - Acrylique sur toile - 100x73 (40F) - 2016

    A quoi sert une œuvre d'art ? Si la question est régulièrement posée vis à vis de l'Art, celle se rapportant à l'œuvre proprement dite s'est posée hier à l'issue d'une conversation.

    Nous parlions de ma façon de peindre, de ma démarche artistique, de l'Abstraction Lyrique et de ses principes lorsque mon interlocutrice m'a posé la question de la mort qui tue : "tu éprouves du plaisir en peignant ?". Ma réponse à cette question vient maintenant sans embage ni circonvolutions : "Non ! Je n'éprouve pas de plaisir en peignant...". Ma partenaire de discussion en semblait désolée, précisant que c'était "dommage".

    Quelques heures plus tard, seul, je repensais à cet échange. Comment, depuis 4 ans, puis-je poursuivre une activité pour laquelle je ne ressens pas de plaisir ? La première raison est que si je n'en éprouve pas, je n'ai pas pour autant de "dé-"plaisir. C'est plutôt une nécessité, une épreuve, incontournable pour poursuivre mon existence. D'une séance de création, même courte, je peux sortir vidé, le cœur battant. Au final il reste l'œuvre. Elle existe parce que je me suis dit "ça va comme ça".

    Ce soir-là, j'avais fait défiler des gestes colorés photographiés sur mon smartphone. J'entendais les réactions des spectateurs. Les commentaires étaient positifs, c'était agréable à entendre. Mais le plaisir n'était pas encore là. J'assimilerais plutôt ce que j'ai ressenti à de la fierté quand l'humilité en prend un coup ;-). Le plaisir c'est ce qui a suivi : parler, échanger, partager, des émotions, des expériences, des sensations ;  créer de la complicité et stimuler la curiosité qui vont permettre d'en (sa)voir plus sur l'œuvre et sur soi-même à travers le propos de "l'autre" : celui qui est en face de soi et celui qui est en soi. Quand l'œuvre déclenche ça, elle a rempli sa mission.

    Personnellement, je sors de ces instants ravi, avec l'impression que le hasard, qui fait si bien les choses, est LA raison pour laquelle je suis toujours au bon endroit au bon moment, ici et maintenant. Il suffit de lui donner la possibilité d'exister. Et c'est là que se trouve le plaisir, prolongé, durable, celui dont on se souvient.

  • Première sélection en live

     

    Lobster 1

    Lobster - acrylique sur papier spécial - 21x30 - 2015

    Pour la première fois, ce 9 janvier 2016, je présentais des œuvres à un jury en espérant être retenu pour exposer au salon organisé en avril à Saint-Arnoult-en-Yvelynes.

    Jusqu'ici, j'avais été initiateur de mon exposition à St Mandé fin 2013, puis recommandé par un artiste convaincu auprès de la Galerie d'Aguesseau fin 2014, orienté par une vers le restaurant STROBI qui m'a accueilli en juin 2015 et enfin sollicité via mon site internet pour ma participation au Salon de Rouxmesnil-Bouteilles en novembre 2015

    Je n'avais pas encore vécu l'attente, dans le couloir, de la décision d'une dizaine de personnes réunies dans une pièce, à qui j'avais apporté des toiles qui avaient fait au préalable l'objet d'une pré-sélection par mail. Devant moi, une candidate n'avait eu qu'une toile sélectionnée sur les 3 présentées. L'artiste arrivé après moi n'en a eu aucune.

    Et pour moi ? Good news ! 3 toiles seront exposées sur 3 possibles : 2 petits formats (Lobster et Aeolidia - 21x30) et Deep up (50x70). Des œuvres à l'ambiance aquatique. Accrochage le 7 avril, exposition du samedi 9 au dimanche 17 avril. Un bon début pour une année lors de laquelle je vais essentiellement me porter candidat pour des salons d'art avec sélection.

  • 2016, année créative

    Essethe 3

    Essethé 3 - Acrylique sur carton - 50 x 70 - 2015

    La question s'est (im)posée à moi en ce début d'année : que m'apporte la création d'une toile ? Réponses...

    D'abord la sensation d'éprouver ma liberté, de l'utiliser concrètement. Nous vivons dans un pays que l'on qualifie de "libre" mais quand a-t-on véritablement la sensation de l'être dans notre vie quotidienne ? Chaque toile est pour moi un rappel de liberté.

    Une opportunité d'étonnement, de surprise et de découverte. C'est sans doute ce que j'aime le plus retrouver dans l'acte créatif. Le problème est qu'il ne faut surtout pas les chercher, les attendre. Il faut les laisser venir car plus on les cherche moins on les trouve. C'est une posture à prendre, difficile à apprendre.

    De la fierté, celle qui fait tenir debout, celle qui va de pair avec l'estime de soi. Sans fierté, peut-on exister ?

    La possibilité du partage, d'avoir quelque chose d'unique, d'original et de légitime à proposer, qui vient du plus profond de soi. Le partage me semble essentiel car il amène à confronter l'image que l'on donne, à celle que l'on a de soi. C'est une sorte de baromètre d'amour-propre.

    La sensation du risque. Je retouve dans l'acte créatif l'adrénaline dont je ressens les effets dans ma pratique sportive. On prend beaucoup de risques en créant : celui de la déception, du rejet, de l'incompréhension, de la différence. La bonne nouvelle, c'est qu'on se crée en même temps l'opportunité de la joie, de la reconnaissance, de la singularité et de la tolérance. Pas mal comme programme...

    Je nous souhaite à tous une année 2016 créative.

  • Tissayoxa : je vous en offre un si...

    Serie tissayoxa

    Tissayoxa, 8 œuvres 20x20 - série en cours - 2015

    Si vous êtes le (la) premier(e) à trouver pourquoi et comment j'ai donné ce nom à cette série de tableau, je vous en offre un. J'attends avec impatience vos propositions en commentaires... ;-)

  • Déchirement ou "même pas mal" ?

    Tissayoxa 8

    Tissayoxa 8 - Acrylique sur carton toilé - 20x20cm - 2015

    Lors d'une conversation entre amis, à l'évocation de la possibilité de vendre une de mes œuvres, il m'est régulièrement demandé s'il est pour moi difficile de me séparer d'un tableau.

    La première fois que la question m'a été posée, je me suis rendu compte qu'elle ne m'avait jamais traversé l'esprit. Pourtant, si elle n'est pas fréquemment posée, elle n'est pourtant pas rare dans la bouche de ceux qui s'intéressent à ma vie artistique.

    J'ai tenté de trouver des exemples dans ce que j'avais vu et lu sur les peintres et la peinture, sans arriver à en trouver. Cela signifie que, pour les artistes professionnels, y compris les maîtres, soit la question ne se pose pas, soit il est tabou d'en parler. Je pencherais volontiers pour la première réponse. Serait-ce alors une question d'amateurs, et qu'est-ce qui fait qu'on s'attache à une œuvre plus qu'à une autre ?

    En ce qui me concerne, je ne sens aucun pincement au cœur à l'idée de me séparer d'une œuvre que j'ai produite. Probablement aurais-je plus de difficultés à quitter pour toujours une œuvre que j'aurais acquise, pour laquelle j'aurais eu un... coup de cœur.

    Tout bien réfléchi, je n'ai envie de garder pour moi et près de moi que des œuvres de jeunesse, celles qui sans être belles sont des cailloux blancs qui me rappellent d'où je viens et des émotions précises : joie, fierté, étonnement, soulagement, doute...

    Ça me donne envie de revisiter les quelques 200 dessins, aquarelles, huiles et acryliques produites depuis que je suis "né à la peinture" fin 2011, pour faire ma sélection. Pas pour m'assurer que je ne les vendrai pas, juste pour refaire le chemin. De toutes façons, elles ont à mon sens une valeur historique bien supérieure à leur valeur artistique ;-). Pour répondre à la question du titre de l'article, pour moi ce sera "même pas mal !".

  • Du plus petit au plus grand

    Apalala

    Apalala - Acrylique sur toile - 116x89 (50F) - 2015

    Ça y est ! Je suis arrivé à produire mon premier grand format. Ce que j'ai compris, en travaillant sur "Apalala", est lié à la matière, à sa qualité mais, plus encore, à sa quantité. C'est qu'il en faut, pour couvrir les 10.324cm² en comparaison avec les 400cm² des toiles 20x20 sur lesquelles je travaille parallèlement.

    La surface est 25 fois supérieure, mais il faut aussi compter avec l'épaisseur bien plus importante et le travail du fond, recommencé plusieurs fois. En effet, lorsque le résultat sur la toile ne me convient pas, je dois prendre très rapidement la décision de le garder ou de tout effacer en étalant ce qui va devenir un nouveau fond. Selon la façon dont je procède, je dois disposer d'un fond le plus lisse possible pour que le geste ne rencontre pas d'obstacle, qu'il puisse sortir du cadre sans contrainte. L'acrylique sèche très vite et si j'attends 2 minutes de trop, elle aura déjà commencé à sécher et je ne pourrai plus l'étaler correctement.

    A chaque session de travail sur un grand format comme celui-ci, c'est l'équivalent de plusieurs tubes de peinture qui sont utilisés. La fluidité de la matière a aussi son importance. Sur une petite surface, l'acrylique ne doit pas être trop fluide pour garder de l'épaisseur à la matière. Sur un grand format, une acrylique trop épaisse va freiner le geste et demander un (trop ?) grande énergie pour que le mélange des couleurs soit suffisant.

    Avec Apalala, je sais maintenant que faire plus grand est possible. Compte tenu de la surface importante et de la façon dont je travaille, je perçois ce format comme une limite... jusqu'à ce que j'aie envie d'aller au-delà.

  • Rétropédalage

    Sans titre 2

    Tissayoxa 1 - Acrylique sur panneau de bois - 20x20 - 2015

    "111 des Arts" est une association qui organise chaque année des expositions de peinture/sculpture dans plusieurs grandes villes de France. Le bénéfice généré par la vente des œuvres est réparti entre les artistes et le monde médical à l'attention des enfants hospitalisés.

    Pourquoi "111" ? Parce que chaque édition fait l'objet d'une sélection de 111 artistes et que chaque œuvre présentée est proposée à 111€.

    L'édition 2015 de "111 des Arts Paris" avait lieu en novembre à la Mairie du 8è arrondissement. J'ai décidé de présenter un dossier pour l'édition 2016. S'il est sélectionné, chaque artiste doit fournir au moins 9 pièces au format 20cmx20cm. Moi qui suis parti du format A4 et qui m'efforce de travailler "plus grand", je qualifierai mes premières tentatives en 20x20 de... difficiles.

    Le problème est le suivant : comment réduire la taille de l'œuvre en gardant l'énergie et la sincérité du geste ? Je dois pour cela oublier le problème de la taille, trouver l'outil adapté et identifier comment le manier pour ne pas me sentir limité par le format. "Tissayoxa 1" est le premier opus de la série que je prépare.

  • Autour de l'Art abstrait

    Sur fond vert 1Sur fond vert 1 - Acrylique sur toile - 50x50 - 2015

    J'ai profité du temps disponible dans la salle d'exposition pour lire.

    Dans ce qui suit, je vous fais partager des citations et extraits qui m'ont touchés, concernant l'art abstrait, extraits pour la plupart de l'excellente revue "Artension" (HS N°14).

    - Hervé Courtaigne (Galeriste) : "Dans le domaine de l'Abstraction en particulier, le peintre peint ce qu'il a besoin de peindre, et le spectateur voit ce qu'il veut. Et cela n'a rien à voir. Et cela échappe aux explications. Et ce n'est pas "abstrait" puisque c'est humain. C'est simplement "non figuratif". Seules les idées sont abstraites."

    - Gerhard Richter (artiste touche-à-tout d'exception) : "Je n'obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance ; je n'ai ni programme, ni style, ni prétention. J'aime l'incertitude, l'infini et l'insécurité permanente".

    - Michel Seuphor (un précurseur en critique d'art abstrait), à propos de l'Art abstrait : "...tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée, que cette réalité soit, ou ne soit pas le point de départ de l'artiste."

    - Yuri Levi-Kurmata (Galeriste) : "C'est un art du rêve, de la narration. On a envie de cette liberté".

    Je terminerai avec une citation de Gérard Schneider, peintre appartenant au courant de l'Abstraction Lyrique, dans lequel je me retrouve : "Il faut voir la peinture abstraite comme on écoute la musique, sentir l'intériorité émotionnelle de l'œuvre sans lui chercher une identification avec une représentation figurative quelconque. Ce qui est important, ce n'est donc pas de voir l'abstrait, c'est de le sentir. Si une musique me touche, m'émeut, alors j'ai compris quelque chose, j'ai reçu quelque chose. [...]
    L'abstrait c'est la libération de tout conditionnement extérieur, c'est l'aboutissement d'un processus de création individuelle, de développement personnel dont les formes n'appartiennent qu'à moi-même. J'assimilerai cette démarche à l'improvisation musicale : quand je fais du piano pendant plusieurs heures, il m'arrive d'improviser en fonction d'un état psychologique précis ; en peinture quand je prends une brosse ou un pinceau, une mécanique de création se déclenche et ma main vient porter un signe, préciser une forme, qui dépend de mon état interieur; c'est une improvisation, une création spontanée."

  • Il y a salon et salon...

     

    Rouxmesnil vernissage

    J'ai découvert une manifestation que je ne connaissais pas : la "Fête du hareng", qui a lieu à Dieppe un WE par an. Cette année, pas de bol : c'était le jour de l'ouverture du 7ème salon de la création artistique de Rouxmesnil-Bouteilles, auquel je participe en tant qu'exposant. Résultat : le samedi 14 novembre, le chaland était plus proche du chalut que du chalon ; pardon... du SAlon.

    Les derniers que j'ai visités avaient lieu à Paris, pendant la FIAC, et place de La Bastille. Au menu : bousculade, chaleur, bruit, dizaines (centaines ?) d'exposants. Je me demandais de quoi avait l'air un salon en province, en périphérie d'une ville moyenne. A Rouxmesnil-Bouteilles, c'est plus calme, plus discret. Les échanges avec la vingtaine d'artistes présents sont cordiaux et détendus. Ce sont 350 visiteurs sur un WE, contre plusieurs milliers pour un salon parisien.

    Ça laisse le temps de se promener dans les allées, de discuter avec les collègues exposants, de parler art, technique, de nos histoires et de nos projets. J'ai même rencontré une artiste qui s'est révélée être une ancienne collègue de l'industrie. Peut-être aurons-nous dans l'avenir des projets communs.

    Le plateau artistique est de bonne facture. Tous les styles et techniques sont représentés : portrait, paysage, abstrait, sport, huile, aquarelle, acrylique, matières et matériaux variés. C'est le concept de ce salon dont l'organisatrice s'efforce de faire chaque année un évènement où chacun peut trouver son bonheur.

  • Rouxmesnil-Bouteilles : un bien joli nom

     

    Blog de denier :Denis FOURNIER, artiste-peintre - Abstraction Lyrique, Rouxmesnil-Bouteilles : un bien joli nom
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    J'ai l'honneur et le plaisir d'exposer avec une vingtaine d'artistes dans le cadre du 7ème Salon Automnal de la Création Artistique qui a lieu du 14 au 22 novembre à Rouxmesnil-Bouteilles, commune de l'agglomération dieppoise.

    L'invité d'honneur, Victor SPAHN, est connu pour être le "peintre du mouvement", avec les sports pour thèmes de prédilection : voile, sport auto, golf, hippisme...

    Si vous passez à Dieppe à cette période, faites un détour par Rouxmesnil-Bouteilles et son Salon Automnal, accessible tous les jours de 15h à 19h. J'y présente 14 œuvres dont la moitié sont exposées pour la première fois. Vous pourrez m'y croiser les 2 WE.

  • Je suis où dans l'histoire ?

    J en veux

    J'en veux ! - Acrylique sur papier spécial - 21x30 - 2015

     

    Dans le domaine de l'art comme dans d'autres disciplines, la constitution du réseau démarre lors de la formation. Il sera déterminant pour aider l'artiste à développer sa notoriété.

    Avec mon parcours récent et hors du sérail artistique, aborder le marché de l'art est loin d'être évident. Comment faire que les acteurs du marché s'intéressent à moi ? Car l'offre est immense et les débouchés limités.

    Être présent sur Internet est indispensable mais pas suffisant. Bien sûr, il faut une offre organisée, bien présentée pour donner envie au visiteur de parcourir le site. Mais si l'amateur se contentera de regarder les œuvres, le professionnel de l'art cherchera à identifier à qui il a affaire : en quoi la proposition artistique est-elle originale, quelle est la notoriété de l'artiste, quelle est sa démarche, dans quel mouvement de l'histoire de l'art s'inscrit-il ? sont autant de questions qui doivent trouver leur réponse.

    Pour un professionnel, la notoriété d'un artiste commence par l'expression du regard de ses pairs sur son travail. A ce niveau-là, j'ai tout à construire. Ileana Cornea, critique d'art et journaliste au magazine Artension s'est fondée sur mon site internet pour rédiger un document que vous pouvez lire dans la (nouvelle) rubrique "Bibliographie" du menu de mon site. C'est une brique supplémentaire pour construire ma crédibilité auprès des galeristes, organisateurs d'expositions et de salons.

    Vous qui avez suivi mon parcours depuis 4 ans, qu'en pensez-vous ?