Réalité

  • Changement de rails

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    Depuis quelques semaines, je sens mon rapport à l’art changer de rails.

    Jusqu’en juin dernier, ma préoccupation était de peindre et de valoriser ma production en communiquant, publiant, exposant. Cette flamme était activée par le souhait d’être vu, apprécié, reconnu.

    Cette préoccupation a quasiment disparu. Elle s’est réduite à tel point que si j’étais sollicité pour exposer, je réserverais ma réponse, alors qu’il y a quelques mois j’aurais aussitôt accepté.

    D’où ce changement de rails que j’évoque, mystérieux et troublant. Mystérieux parce que je ne connais pas son origine et que je n’ai pas vu l’aiguillage qui m’a fait changer de voie. Troublant par ce qu’il me rappelle, une fois encore, que la réalité l’emporte toujours sur les illusions.

    Quelles étaient-elles ? Je pensais que mon destin était tracé à travers l’exploration personnelle traduite en peinture et le fait de partager mes œuvres à travers mes expositions et mes écrits. Aujourd’hui, je perçois que ce destin ne tenait que par la croyance que j’en avais. Sous prétexte de vouloir absolument sentir ma place dans ce monde, je saisissais celle qui me paraissait la plus plausible et à portée de sensation : je suis artiste peintre, donc je dois peindre et exposer…

    Je fais désormais la part des choses entre être quelque part et me sentir quelque part. Où que l’on soit, à tout moment, on est toujours quelque part. À l’heure qu’il est, je suis en train d’écrire, face à la nature, parfois distrait par un écureuil qui fait ses provisions avant l’hiver. Je ne suis pas en train d’écrire le chapitre d’un livre ou ma prochaine publication sur les réseaux sociaux. Je suis juste en train de taper sur mon clavier, le reste viendra en son temps, selon la réalité du moment.

    Je sens la même nécessité que celle qui m’animait lorsque je peignais. Le plaisir n’est pas dans l’acte de peindre ni dans celui d’écrire. Il est dans le fait d’avancer, d’être en train de faire un pas. Peu importe qu’il soit en avant ou en arrière. Je fais un pas et c’est ce qui me rend vivant.