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L'ancien blog comportant les articles d'octobre 2011 à juin 2014 n'est malheureusement plus accessible.

Je vais le reconstituer peu à peu sur le présent site.

  • Bonne année ? À quoi bon...?

    Sevillane

    Sévillane - Acrylique sur papier spécial - 30x21 - 2017

    Les fruits ont leur saison, les artistes aussi. En hiver, la nature est moins productive. Pourtant elle continue à travailler. Les plantes se recentrent. La sève abandonne les parties les plus fragiles et les plus exposées pour préserver ce qui assurera bientôt leur vitalité. Si le jour dure moins longtemps, la lumière est parfois plus vive, les feuilles n'étant plus là pour arrêter son parcours. Les troncs et les branches des caducs sont nus, laissant apparaître leur fragilité, leur élancement, leur unicité, leur solutide.

    Je me sens arbre. Quand j'écris et partage, j'enracine mes sensations, j'ajoute mon expérience de chaque instant aux expériences passées. Chaque année apporte au tronc de ma vie une strie supplémentaire, faite d'instants marquants car vécus en conscience. Les stries ne se voient pas. Pourtant elles existent. Chacun de nous a les siennes. L'artiste les sent. Leur marque est significative de la façon dont il a vécu avec et par son environnement. Comme l'arbre, l'artiste prend ce qui vient, sans espoir et sans regrets.

    L'arbre ne pense pas sa vie. Il n'a ni projets ni envies. Il a juste des besoins pour se développer. Son environnement le marque. Il y est sensible. C'est ce qui fait de lui une œuvre, une œuvre de la nature. Je n'ai pas envie d'être un arbre ; je SUIS un arbre sur le terrain de la société, du monde, de l'univers. Je me transforme au rythme des saisons. De l'une à l'autre je parais différent mais je suis reconnaissable. Qu'on le veuille ou non, selon les années, je donnerai des fruits... ou pas, j'en produirai des gros ou des petits, des fruités ou des acides. Mais, si  je reste sauvage, qui peut prédire avec certitude si mon avenir sera fructueux... ou pas ?

    D'une saison à l'autre, d'une année à l'autre, l'artiste produit des œuvres, toiles, sculptures, livres, morceaux de musique ou autres. Le public qui aime un artiste est parfois surpris, déçu ou émerveillé par les œuvres qu'il produit. Mais ce qui déçoit l'un émerveille peut-être un autre. C'est une question de point de vue. Alors à quoi bon espérer que l'année sera bonne ? Elle sera, et on ne saura qu'après si elle a été bonne, de la même façon qu'il aura fallu goûter un fruit pour en connaître la saveur.

    Alors prenons l'année comme elle vient, avec ce qu'elle nous donne et utilisons-la pour grandir, nous construire, nous développer et faire quelque chose que l'arbre aurait bien du mal à faire : partager !

     

  • Anges et démons font la bombe

     

    Below 1

    Below - Acrylique sur papier spécial - 21x30 - 2017

    Créer est pour moi l'issue d'un intense combat. Cette prise de conscience me permet de comprendre pourquoi j'étais jusqu'ici peu à l'aise avec la notion de plaisir lorsque je peins.

    Dans l'imaginaire du public, la pratique des arts plastiques est souvent un loisir, donc quelque chose que l'on pratique avec plaisir puisqu'un loisir est choisi. C'est parfois l'exercice d'un talent, en général reconnu par le spectateur par la beauté qu'il voit dans l'œuvre ou l'émotion qu'elle provoque en lui. Le talent s'exerce avec fluidité, sans effort démesuré, puisqu'il représente par définition un don remarquable ou une aptitude particulière.

    Dans mon processus de création, je ne ressens ni plaisir ni souffrance et ce n'est jamais un problème. Mes créations sont une libération d'énergie, telle une bombe qui explose à un moment impossible à prévoir. Il peut se passer plusieurs mois sans que je touche un pinceau ou un couteau. Dans ce contexte, tous les jours, toutes les heures, à chaque minute parfois, je sens une voix qui me dit : "ça commence à faire longtemps que tu n'as pas peint". Aussitôt une autre voix intérieure répond : "si tu ne peins pas, c'est que ce n'est pas le moment, tu le sais bien. Quand ce sera le moment, tu le sauras, tu le sentiras. Alors patiente !".

    Ainsi, je suis le soldat en alerte, qui guette ses sensations qui le préviennent que la bombe va bientôt exploser. Je me sens aussi comme un médiateur, celui qui permet à l'ange et au démon de trouver un terrain d'entente pour faire sortir le soldat-créateur de son inaction, pour l'envoyer au combat libérateur.

    C'est alors que d'autres créatures prennent le relai et le soldat, armé de son couteau à peindre, doit arbitrer les choix gestuels et colorés : "pas trop de couleur", dit l'une ; "suis ton instinct", dit l'autre ; "fais un geste ample", dit une troisième; "coupe les liens avec le cerveau", sussure une quatrième...

    Laquelle est ange ? Laquelle est démon ? Je finis par m'y perdre. Finalement le talent du médiateur-soldat est de les faire coexister. Le bien, le mal, les anges, les démons, l'imagerie populaire est riche dans ce domaine. Si l'homme social choisit son camp, selon les repères culturels dont il dispose, l'artiste créateur, lui, ne peut prendre parti. Car le démon du moment sera peut-être l'ange d'un autre et vice-versa. Ils sont tous les deux très importants car, sans eux, pas de tension, pas d'énergie, pas d'explosion, pas de libération.

    "Below" n'a pas échappé à ce processus créatif. L'énergie s'était accumulée pendant 3 mois avant sa libération.

  • Eloge du "n'importe quoi" : aucune maîtrise

    &

    & - Acrylique sur papier spécial - 21x30 - 2013
    Mon second "Geste coloré"

    Avec mon premier "Geste coloré" (cf. mon article du 22 décembre 2016), je m'étais libéré de quelque chose. Pour la première fois depuis mon entrée en peinture, deux années plus tôt, j'avais fait ce que je voulais : n'importe quoi !

    Pas de casse-tête pour trouver la bonne couleur, comme pendant mes cours de copie de tableaux de maîtres, pas de stress pour tenter de produire un dessin ressemblant dans le temps imparti, comme lors de mes cours de dessin d'après modèle, pas de question sur ce que je vais pouvoir produire sur un thème imposé, comme au cours de mes sessions de développement artistique... Tout s'était passé en un court moment, presque fulgurant.

    Libre, bon sang ! Et soulagé d'avoir outrepassé la peur de la feuille blanche. Cela colle parfaitement avec ce que j'ai appris et compris, beaucoup plus tard : créer, c'est transformer en création les obstacles à la création. Je ne l'ai pas découvert tout seul. Mais lorsque j'ai entendu de la bouche de mon coach cette définition, je me suis transporté instantanément 4 ans plus tôt, avec le souvenir des sensations ressenties lors de cette première expérience.

    Aujourd'hui, ces sensations sont encore vivaces dans mon esprit : le ras-le-bol déclencheur, le besoin d'agir dans l'instant, la transgression des conseils de ma prof (j'ai pris un support qu'elle considérait inadapté pour peindre), le choix des outils (couleurs primaires et un couteau), le passage à l'acte irréfléchi et, au final... l'étonnement de considérer ce truc bizarre, aux antipodes de ce je réalisais jusqu'ici. L'abstraction s'était imposée à moi sans que je maîtrise quoi que ce soit.

  • Eloge du "n'importe quoi" : première expérience

    Fuego

    Mon premier geste coloré : Fuego - Gouache sur papier spécial - 21x30 - sept 2012

    Dans mon article "Je veux vivre autrement", j'ai écrit que l'idée de faire de la peinture mon activité principale avait germé après avoir pris conscience que je pouvais l'exercer sans gravité ni urgence et que je pouvais dire "non". Tout le contraire de ce que j'avais vécu professionnellement jusqu'ici.

    J'avais alors décidé d'apprendre à peindre et dessiner. Pendant 2 ans, j'ai pris 15 à 25 heures de cours par semaines pour découvrir les techniques de peinture (gouache, huile, aquarelle, acrylique...) et de dessin (crayon, feutre, encre de chine, dessin d'après modèle, d'après photo, sur le vif...).

    Je suis passé par d'innombrables phases allant de l'excitation de la réussite (souvent celle du débutant) au découragement du "je n'y arriverai jamais !". En plus des cours, je dessinais ou peignais presque quotidiennement, mes carnets en témoignent. Et puis, un jour, j'ai été pris d'une pulsion incontrôlée ; j'ai eu envie de m'affranchir des codes de ce que je sentais devoir être maîtrisé. J'ai décidé de faire "n'importe quoi", tel le gamin qui se rebelle contre le "fais pas ci, fais pas ça !" ou un ado qui en a ras-le-bol des règles établies et qui décide de se lâcher.

    C'est ce que j'ai fait. J'ai pris du papier coloré, des tubes de gouache et un couteau à peindre. J'ai posé des gouttes de couleur sur le papier et, avec le couteau, j'ai fait des gestes incontrôlés sur les taches colorées. Ainsi est né mon premier "geste coloré". J'avais fait "n'importe quoi" et ça m'avait fait du bien... mais je l'ai gardé pour moi, je n'en ai parlé à personne, je ne l'ai pas montré.

    Ça a donné "Fuego". C'était en septembre 2012, et cette date marque ma première expérience consciente de création.

  • Jamais où on l'attend...

    Emergence 42715 48

    Emergence 42715,48 - Acrylique sur bois - 27,2x39,3 - 2016

    Dimanche 11 décembre 2016. 11h24

    Depuis une heure, j’écris. Mon atelier était il y a encore quelques heures dans un désordre vivable mais dans lequel je ne trouvais plus ma place.

    Le bureau est désormais visible, éclairci par le rangement d’outils et pinceaux, de papiers administratifs et de chiffons colorés par l’acrylique essuyée sur les couteaux à peindre. J’ai rassemblé des feuilles, cartons toilés et morceaux de bois sur lesquels des bases de travail de gestes colorés attirent mon regard.

    J’ai pu ensuite m’installer, poser mon ordi, mettre de la musique. Elle passe sans transition de la country à la techno. Le son, les harmonies que je comprends rendent ma réflexion plus légère, comme un ballon d’hélium qui me maintient au-dessus d’un trou noir absorbeur d’énergie et de lumière.

    Mon siège de bureau est un peu haut, rendant ma position d’écriture inconfortable. Je me penche sur le côté, baisse ma main vers la colonne qui soutient l’assise et actionne le levier qui permet au siège de s’abaisser dans un court et léger chuintement.

    Et là, avec cette nouvelle position, en levant les yeux, je la vois ! Elle m’attendait sagement depuis plusieurs mois sans que je comprenne qu’elle existait pour être vue. Ma palette, posée verticalement sur le plateau du bureau et contre le mur me parlait en me disant : « Je suis une œuvre ! tu as posé tes couleurs sur moi, tu les as étalées avec ton pinceau ou ton couteau sans chercher à produire quoique ce soit. Sans le savoir, sans le vouloir, tu m'as créée ! ».

    La création n’est pas où je l’attendais. Une fois encore, je suis surpris et l’inattendu me remplit de joie.

  • Soprano m'a fait comprendre...

    Derniere minute

    Dernière minute - Acrylique sur toile - 116x89 - 2016

    Soprano : un nom que j’avais déjà entendu sans savoir précisément qui le portait. Je l’ai écouté lors d'une interview télévisée et ce qu’il a dit m’a profondément touché.

    En 2004, Soprano est rappeur et traverse une passe difficile. Alors qu’il doit se produire le soir même pour un concert, cela fait 2 jours que ses amis le recherchent. Appels téléphoniques, messages, visite des hôpitaux et des commissariats… Soprano est introuvable.

    Seul, enfermé dans sa voiture, en pleine dépression, des pensées sombres l’habitent. Lorsqu’il décide de répondre au téléphone, il confie son mal-être et dit à son interlocuteur qu’il va peut-être faire une « connerie ». Finalement, il accepte de rejoindre ses amis, monte sur scène et commence à rapper. Le public le happe véritablement, reprenant les paroles de ses chansons. L’amour que lui envoie le public lui fait prendre conscience qu’il a beaucoup mieux à vivre que de se regarder le nombril et s’apitoyer sur sa personne déprimée. Soprano comprend qu’il est bien ici et maintenant, sur scène, et que c’est dans le partage avec le public qu’il ressent du plaisir.

    Si je ne me sens pas le moins du monde en état dépressif, la question « où est-ce que je me sens bien ? » se pose régulièrement. Et l’expo qui s’est terminée la semaine dernière m’a apporté une réponse : ma scène à moi, c’est la galerie ! Tel le chanteur en performance, je me suis senti à ma place en recevant les visiteurs, en répondant à leurs questions, en observant leurs réactions, en choisissant la posture qui me semblait appropriée à l’instant présent…

    En passant 8h chaque jour dans la galerie, j’ai vécu de multiples situations parmi lesquelles une journée sans une visite, un visiteur qui n’osait pas entrer et que j’ai incité par un geste et un sourire, un autre qui m’a fait peur en entrant (jean troué et une bouteille à la main) et qui s’est révélé sympa comme tout (c’était Halloween et il était déguisé), un avec qui j’ai passé une heure et un autre qui ne m’a pas adressé la parole, ou encore celui-ci qui, en quelques mots, a exprimé un ressenti qui m’a profondément touché (comment a-t’il pu voir tant de choses sur moi en regardant juste quelques toiles^^).

    En comparaison avec les précédentes expositions, celle-ci a été différente. Tel Soprano prenant conscience sur scène de son rapport au public et de l’amour qu’il lui renvoie, j’ai compris à quel point la galerie est l’endroit privilégié pour que je sente l’énergie que me renvoient les spectateurs de mes toiles.

  • The Vernissage Experience

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    Exposition "Grand ou petit..." au Laboratoire d'Exposition - 13 rue de l'Echiquier, Paris 10è

    Lundi 31 octobre : ce soir, c'est Halloween. Demain, c'est férié. En ce moment, ce sont les vacances scolaires... Plein de raisons pour que les gens viennent au vernissage, qui sont autant de raisons pour qu'ils soient absents. C'est une fois le vernissage terminé qu'on saura si le verre aura été à moitié plein ou à moitié vide.

    Généralement, le côté "à moitié plein" c'est avoir du monde. Parfois c'est en avoir trop, avec les vernissages où le visiteur qui pousse la porte de la galerie hésite un instant avant de poursuivre, le temps de faire monter d'un cran son niveau de tolérance au bruit et à la promiscuité. Une fois engouffré dans la foule, il se sent empêtré dans ce manteau qu'il n'aurait pas dû prendre mais qui est autant un empêcheur d'avancer qu'une protection contre ceux qui essaient, comme lui, de se frayer un chemin. Deux rangées de personnes discutent et protègent l'accès à l'endroit sans lequel un vernissage manque de saveur : le bar. Il faut jouer des épaules pour y accéder de profil et tenter d'attirer l'attention pour obtenir un verre. Une fois le Graal obtenu, le visiteur tente de faire un signe à l'artiste qui l'a invité, très entouré(e) et occupé(e) à écouter ou à parler. Chacun attend son tour pour lui dire combien cette expo est formidable et les œuvres inspirées. Il parcourt la galerie sans pouvoir prendre ni le temps ni la distance nécessaires pour créer le dialogue avec les œuvres. Un peu plus tard, il pose son verre où il peut, constate que le livre d'or est inaccessible et prend congé de son hôte en décidant de revenir plus tard, au calme.

    Le verre "à moitié vide" c'est n'avoir personne ou presque. Une heure après l'ouverture, un ou deux visiteurs sont passés, sans même se rencontrer ("je ne peux pas rester longtemps, j'ai du monde à la maison ce soir"). Une discussion peut durer sans risquer d'être interrompue. Avec la famille et les amis, elle tourne plutôt autour de la famille, du boulot, du quotidien. L'amateur d'art pourra prendre tout le temps et la distance pour apprécier les œuvres et en parler avec l'artiste. En fait, la seule différence avec un jour d'exposition ordinaire, ce sont les cacahuètes et les boissons qui restent et dont l'artiste se nourrira pendant une semaine.

    Hier soir, c'était pile au milieu, sur la ligne de séparation entre plein et vide. Suffisamment de monde pour faire honneur au bar, discuter avec chacun des (3) artistes et remplir les livres d'or. Et pas trop non plus, permettant ainsi à chacun de profiter, sans être gêné, des 50 œuvres dans les différents espaces qu'offre la galerie. Il devait être 20h15 lorsqu'un être bizarre a poussé la porte de la galerie, coiffé d'un chapeau dont dépassaient des dreadlocks, vêtu d'une veste en cuir et d'un jean déchiré, une bouteille à la main. J'avais oublié que c'était Halloween et c'était Jack Sparrow qui faisait son entrée.

  • Ça, on ne l'apprend pas à l'école

    Tissayoxa 12

    Tissayoxa 12 - Acrylique sur carton toilé - 20x20 - 2016

    Tout comme le jeune agriculteur sorti de formation, le jeune artiste se trouve confronté à la vie réelle.

    Le premier sera soumis au rythme de la nature et le second au aléas de sa créativité. Mais l'un et l'autre sont soumis au rythme de LA création "tout court".

    Le jeune agriculteur sait que de la façon dont il prendra soin de la terre dépendra la qualité de sa récolte. S’il plante trop tôt ou trop tard, s’il ne traite pas avec les produits appropriés ou s’il récolte au mauvais moment, il n’aura pas de beaux fruits. Ce n’est pas lui qui crée les fruits. C’est la terre qu’il aura cultivée, nourrie, laissée reposer. Il sait ce qu’il plante, mais n’a aucune certitude sur le produit de la récolte. Et les obstacles potentiels sont nombreux : le gel précoce ou tardif, la sécheresse, le grêle, les inondations…

    Heureusement, l’école l’a préparé à tout cela. Il dispose de recettes, d’outils et de produits que la science et, surtout, des siècles d’expériences de ses ancêtres ont élaborés pour limiter, tant que possible, l’impact des catastrophes et maximiser le rendement. C’est ensuite par sa connaissance des cycles naturels de l’exploitation et le choix des produits que l’agriculteur donnera (ou pas) à sa production un caractère unique, reconnaissable.

    Pour l’artiste, pas d’école pour lui apprendre les saisons et les cycles de la création. Comme ses prédécesseurs, il devra tout découvrir par lui-même. Il faut dire que la terre qu’il doit cultiver n’est pas visible : elle est intérieure, ne se voit pas et ne se décrit pas. Le fruit, c’est l’œuvre, et ce n’est pas l’artiste mais la terre artistique qui le produit.

    Dans mon article « A quoi fonctionne mon moteur », publié en mai 2015, j’évoquais un reportage qui m’avait marqué, dans lequel j’avais vu le duo Souchon/Voulzy se balader en forêt et préciser que ça leur était indispensable pour renouveler leur énergie créatrice. Et j’ajoutais : « leur travail, c’est ça !».  Je l’avais perçu mais pas intégré. Aujourd’hui, je l’ai compris. Il aura fallu 18 mois pour que la graine plantée en voyant le reportage produise le fruit de ma prise de conscience : l’œuvre ne sera puissante que si j’ai pris soin de la terre qui la fera naître.

    Ce n’est pas en peignant des toiles que j’ai engendré cette compréhension ; c’est en me questionnant, en retournant dans ma tête mes certitudes et mes doutes tel le jardinier qui bêche. Si je le fais, au moment où ma terre artistique en a besoin, les fruits viendront d’eux-mêmes. Et ça, on ne l’apprend pas à l’école…

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